Et dire que les élus socialistes aussi ont voté contre... Les sénateurs avaient tellement modifié le projet initial de réforme des retraites, chaque camp voulant le transformer à sa guise, qu'in fine, tout le monde l'a rejeté.
Allongement de la durée de cotisation et compte pénibilié : les sénateurs disent niet
Les sénateurs avaient notamment adopté un amendement créant un système de retraite par points. Or ce n'est pas du tout l'esprit du texte proposé à l'origine par le gouvernement ! Et ils ont rejeté ses deux principales mesures, à savoir l'allongement progressif de la durée de cotisation, destiné à sauver le système des retraites, et la création d'un compte pénibilité.
Premièrement, le texte prévoyait donc que chaque travailleur né à partir de 1958 devrait désormais cotiser, s'il voulaitt bénéficier d'une retraite à taux plein, non plus 41 ans, mais : 41 ans et trois trimestres à partir de 2020, 42 ans à partir de 2023, et enfin 43 ans à partir de 2035.
Ensuite, le texte créait un compte personnel de prévention de la pénibilité, qui visait à permettre aux salariés ayant exercé un travail jugé « pénible » (travail de nuit, températures extrêmes, bruit, etc.) de se reconvertir, de travailler à temps partiel et, surtout, de partir plus tôt à la retraite, à partir du 1er janvier 2015.
Environ 300 000 personnes devaient à terme utiliser ce compte. Le coût de ce dispositif était estimé à 500 millions d'euros en 2020, 2,5 milliards d'euros en 2040.
Le texte, rejeté au Sénat, va être soumis en Commission mixte paritaire, où il a peu de chance d'être adopté puisque la moitié des élus présents sont des sénateurs, avant d'être à nouveau soumis à l'Assemblée nationale.
8 milliards de déficit prévus en 2020
Le problème, c'est que si rien n'est fait pour modifier le système actuel, le déficit du régime général devait frôler les 8 milliards d'euros d'ici 2020. Il y a donc urgence à trouver une solution.
Pendant la campagne, François Hollande avait promis « une réforme durable préservant le système des retraites par répartition ». Son objectif était de ramener à zéro le déficit du système des retraites en 2020. Finalement, une fois les chiffres révisés, le déficit pourrait n'être plus qu'un mauvais souvenir à partir de ... 2040.
En 2012, 13,2 millions de personnes touchaient une retraite du régime général, soit une hausse de 1% par rapport à l'année précédente. Et le montant des pensions versées a augmenté de 4% en l'espace d'une génération. A ce rythme-là, pas étonnant que les déficits se creusent !