Fronde des professionnels de santé, « implosion du système » : revenir au dialogue singulier

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Par Patrick de Casanove Publié le 1 janvier 2014 à 3h56

Le système de santé imposé aux Français en 1945 est totalement étatisé. La vie privée ou professionnelle, soumise à une multitude de règlements ne relève pas du libre choix. « Libéral » n’est qu’un mot qui ne recouvre aucune réalité concrète. Quantité et qualité des soignants, formation initiale et continue, honoraires et prix, conditions et contenu du travail, retraites sont entièrement réglementés.

Dès 1957 devant l’augmentation des dépenses de santé, le ministre des affaires sociales, M. Gazier, a dû préparer un projet pour les « maîtriser »[1]. Aujourd’hui la Sécu est toujours déficitaire. Les remboursements diminuent et les prélèvements augmentent sans cesse. Les contraintes envahissent la relation de soin et l’activité professionnelle. Il y a toujours des gens qui restent sur le carreau. Au nom de la « solidarité » et de la « responsabilité » les gens doivent accepter de se laisser dépouiller. Or, il n’y a pas de responsabilité sans respect de la propriété et libre choix. Quant à la solidarité elle doit être libre, sinon c’est du vol.

Nous avons un système malthusien de pénurie. Les uns ne peuvent être soignés qu’aux dépends des autres. Soit la Sécu ne prend pas en charge certains soins pour en rembourser d’autres. Soit elle confisque l’argent des uns pour soigner les autres. La Sécu impose des soins à bas coût. Les contraintes pour utiliser des génériques en sont l’exemple le mieux connu. La Sécu peut modifier unilatéralement ses règles de prise en charge sans explication autre que « il faut sauver la Sécu ». Elle se désengage du « petit risque » pour se concentrer sur le « gros ». La « sécurité sociale universelle » n’est pas synonyme de « sécurité sociale à la française ».

Le système de soins français perdure malgré ses performances relatives au regard de ses coûts parce que c’est une construction idéologique, tenue à bouts de bras par les politiciens avec l‘argent des Français. Il profite aux hommes de l’État et à leurs affidés. Ce qui peut inclure un capitalisme d’État qui n’a rien à voir avec la liberté économique. Généreux avec l’argent des autres ils gardent leur pouvoir. La Sécu est un symbole politique et un onéreux facteur de désunion. Elle repose sur la « spoliation légale » d’une partie de la population au profit d’une autre[2], son déficit récurrent nourrit une dette croissante qui rejette la charge des soins d’aujourd’hui sur les générations futures. Cela ne constitue pas un facteur d’union nationale ! Sans parler de l’Aide Médicale de l’État, comme facteur de division il n’y a pas mieux ! Les difficultés économiques engendrées par les prélèvements, les charges et une réglementation démentielle sont plus de causes de conflit que d’union. La montée du chômage, la baisse du pouvoir d’achat et le record de personnes inscrites aux Restos du cœur ne sont pas les marqueurs d’une société prospère, unie et apaisée.

La protection sociale française est en grande difficulté. On accuse l’ « ultralibéralisme » bien que depuis des décennies aucune politique gouvernementale libérale n’a été suivie. En vérité le problème vient de l’étatisation de notre système de santé. En supprimant le libre choix l’État soustrait les gens aux conséquences de leurs actes, il détruit la responsabilité. Les professionnels de santé et les patients sont réduits à attendre tout des bonnes grâces de l’État.

La solution c’est que les individus recouvrent la responsabilité de leur vie, le libre choix de leurs conditions de travail et cessent de mendier leurs revenus à la Sécu. La solution c’est le respect du dialogue singulier qui est cette relation intime, personnelle, unique et de confiance qui unit le patient à son médecin. Personne ne doit y interférer, ni assurance, ni État. Le médecin et le patient peuvent chacun pour ce qui le concerne, traiter avec un prestataire de service. Mais ce tiers ne doit pas se mêler de la relation soignant soigné. Il faut que les personnes puissent choisir librement leur prestataire et en changer. C’est possible avec une assurance tenue par un contrat. Les personnes doivent avoir les moyens légaux et matériels de le faire. Cela passe par la fin effective du monopole de la Sécu, la libre disposition de la quasi-totalité des revenus, un très faible taux proportionnel de prélèvement obligatoire pour financer les fonctions régaliennes et l’aide aux personnes qui en ont besoin. Le secteur de la santé redevient un secteur de la vie économique comme un autre, innovateur, créateur de richesses et d’emploi. Sa croissance n’est plus un problème mais une chance. Les gens choisissent d’affecter librement la partie qu’ils souhaitent de leurs ressources à leur protection sociale. Il n’y a pas de pénurie, personne n’est lésé et tout le monde est bien soigné. Ce qui est le but.

La France est dans un tel état qu’elle n’a plus rien à perdre ! Osons le libre choix !


[1] La Sécurité sociale et comment s’en sortir. Georges Lane. Éditions du Trident

[2] Et vice versa parce que d’une manière ou d’une autre tout le monde est spolié.

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Né en 1959, marié, père de 4 enfants, le docteur Patrick de Casanove, diplômé en 1985, exerce comme généraliste dans la ville d'Ondres. Il en a été le Maire de 1995 à 2001. Il écrit des articles pour le journal suisse Le Temps et pour diverses institutions libérales. Il est président du Cercle Frédéric Bastiat. Il est l’auteur de "Sécu comment faire mieux".

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