La hausse spectaculaire du nombre d’achats en ligne ces dernières années, avec un chiffre d’affaires en croissance de près de 12% sur la seule année 2019, encore renforcée pendant le confinement avec la fermeture généralisée des enseignes physiques, ne profite pas qu’aux e-commerçants. Avec la progression du nombre de commandes sur internet, les entreprises de la logistique n’ont jamais été aussi sollicitées, avec désormais plus d’un demi-milliard de colis expédiés chaque année en France.
La période de confinement que nous venons de vivre a encore démontré l’importance de la filière logistique pour la poursuite des activités économiques et de la consommation en France, mais cette tendance n’est pas neuve : au quatrième trimestre 2019, la France comptait déjà plus de 40 millions de cyberacheteurs d’après l’Observatoire des Usages Internet de Médiamétrie, soit 800 000 internautes supplémentaires par rapport à la fin de l’année 2018. L’essor du e-commerce ces dernières années a ainsi bouleversé les habitudes de consommation des Français et le secteur du retail, une évolution que vient confirmer la période de confinement imposée par le Gouvernement dans le cadre de la lutte contre le Covid19.
Si les achats dématérialisés progressent, la croissance du e-commerce a aussi des conséquences très concrètes sur les différents maillons de la chaîne logistique qui rendent possible cette nouvelle manière de consommer. Le dernier kilomètre représente pour les e-commerçants une étape décisive, aussi importante que l’acte d’achat en lui-même ; chaque consommateur a d’ailleurs pu en faire l’expérience de manière très aigue durant le confinement. Pour réceptionner les centaines de millions de commandes effectuées chaque année, dans les entrepôts des acteurs logistiques et les livrer en points relais ou directement chez les acheteurs (du « premier au dernier kilomètre »), les entreprises de l’ensemble de la Supply Chain sont de plus en plus sollicitées. Un contexte qui stimule l’innovation dans le secteur, nécessite des adaptations coûteuses et indispensables en période de crise et voit surtout se démarquer quelques acteurs.
Des entreprises qui se transforment et s’adaptent à un marché grandissant
Avant même l’arrivée de l’épidémie de Covid19, plusieurs entreprises ont fait le pari de la modernisation pour s’adapter au volume croissant de colis à traiter. C’est notamment le cas du groupe Ciuch, basé à Tourcoing. Pour réagir à la hausse du volume de colis à distribuer et à la baisse conjointe des délais entraînés par l’arrivée d’Amazon en France, le groupe nordiste a opté dès 2007 pour la mécanisation de ses process. Ciuch installe désormais dans les entrepôts de ses clients des systèmes qui ne sont plus de simples lignes de convoyage, afin d’accélérer le traitement des commandes. Une manière pour l’entreprise de gagner en rapidité, tout en limitant la pénibilité des tâches pour obtenir des gains de productivité.
L’automatisation de certains processus de la supply chain est devenue une tendance générale dans le secteur. Dispeo, racheté en 2017 par HOPPS Group, et qui détient le plus grand centre de préparation de commandes de France à Hem, a également opté pour la mécanisation afin de gagner en réactivité et en efficacité. Grâce à ses machines de tri automatique, le centre dispose d’une capacité de traitement supérieure à 6 000 commandes par heure, et de 150 000 colis par jour. Soit l’équivalent de 8 articles traités par seconde. Une capacité de gestion indispensable en temps de forte croissance du e-commerce, que la société a su mettre à profit et développer en période de crise pour répondre à la demande de ses clients.
La holding aixoise a en effet su démontrer son agilité en maintenant son activité logistique et de livraison malgré la situation, et en renforçant ses capacités de traitement pour s’adapter très rapidement à l’explosion de la demande tout en maintenant une qualité de service et des délais de livraison optimaux. Il a ainsi réalisé des performances supérieures à celles des périodes de plus forte activité (la fameuse Peak Period qui précède Noël) qui confirment sa place de leader français de la logistique e-commerce. Des atouts que le Groupe, présent partout en France à travers le réseau de ses différentes filiales (Adrexo, Colis Privé, Dispeo, hoppStore), devra mettre à profit pour poursuivre sa conquête de parts de marché.
Les entreprises de livraisons innovent et ont su s’adapter à la crise sanitaire
En effet, l’épidémie de Covid19 et ses conséquences sur le quotidien des Français ont entraîné leur lot d’évolutions rapides dans bien des secteurs. L’obligation de rester le plus possible à domicile et de limiter les déplacements pendant la période de confinement a également forcé les entreprises et les acteurs de la logistique à renforcer encore leur agilité. Pour protéger les salariés et consommateurs, elles ont développé les livraisons sans contact, ont adapté les centres de tri et renforcé les mesures sanitaires en œuvre. La fermeture de nombreux points de relais et la réduction des cadences de livraison opérées par certains opérateurs ont mis plus en lumière encore l’importance cruciale de ces enjeux de logistique et de livraison.
De la mécanisation pour traiter des volumes plus importants, à la simplification du « premier kilomètre » pour s’adapter aux attentes croissantes des clients, le boom du e-commerce et les contraintes de la période de crise provoquée par le Covid19 auront conduit le secteur de la logistique à se moderniser et se diversifier. Une tendance à l’innovation qui n’est pas prête de ralentir avec la nécessaire automatisation de certaines tâches dans les entrepôts pour protéger les salariés et la poursuite de la digitalisation de l’économie, encore plus fondamentale alors que le retour à une vie économique de l’avant-Covid n’est pas envisageable avant de longs mois. Il s’agit là d’une réelle occasion pour le secteur de la logistique d’opérer sa mue et de poursuivre ses réflexions pour assurer un service client efficace et à la hauteur des nouveaux enjeux de notre société.