SDF : devons-nous baisser les bras ?

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Par Thierry Velu Modifié le 19 janvier 2013 à 8h31

Une assistance aux SDF : réponse à l’urgence

La France est la 5ème puissance économique mondiale, derrière les États-Unis, la Chine, le Japon, l'Allemagne et devant le Royaume-Uni. Pourtant, même avec ce rang, des personnes vivent en France dans la plus grande des misères et bien souvent loin des regards et dans une totale indifférence. Pourtant vivre, ou plutôt survivre à la rue est une épreuve permanente. Y abandonner des gens est une atteinte aux droits de l’homme. Des mesures ont certes été prises ces dernières années pour ouvrir davantage de places en centres d’hébergement, surtout l’hiver, mais elles restent insuffisantes et inadaptées. Nombreux sont les enfants, les femmes et les hommes qui continuent à dormir dans la rue ou dans des abris précaires malgré des hivers très rigoureux, humides et froids.

Quelques chiffres

Le nombre de sans abri ou de sans domicile fixe en France aujourd’hui est difficile à évaluer. En janvier 2011, l’INSEE estimait que dans la décennie 2000, environ 250.000 personnes étaient privées de logement. Cette population de sans abri est essentiellement urbaine et un tiers d’entre elle vit dans la région Ile-de-France. 17 à 20 % des sans abri de Paris sont des femmes. Deux millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté, et 20 000 d’entre eux seraient SDF (sans domicile fixe) d'après l'UNICEF.

La prise en charge

Nul ne peut ignorer que le SAMU social (115) est régulièrement saturé et qu’il ne peut répondre à toutes les demandes. Les centres d’hébergement d’urgence proposent un abri pour une nuit dans la perspective d’orienter la personne vers une structure adaptée de plus long séjour. Or aujourd’hui, ces orientations sont impossibles car le dispositif est engorgé et les centres d’hébergement d’urgence saturent à leur tour. En décembre, 57 % des appels au 115 sont restés sans réponse. L’augmentation non négligeable du nombre de places d’hébergement d’urgence, qui a permis entre décembre 2011 et décembre 2012 de faire grimper le nombre de personnes hébergées de 41 %, reste donc insuffisant.

Selon la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars), qui tient un baromètre des appels au 115 sur 37 départements, le numéro d’urgence doit faire face depuis un an à « une explosion des besoins ». L’association observe une augmentation de 22 % des demandes d’hébergement sur un an, avec 59 476 demandes en décembre 2012. Cette tendance est particulièrement forte pour les familles, qui sont 40 % de plus qu’il y a un an à solliciter un hébergement d’urgence. Au mois de décembre 2012, les demandes au 115 concernent un total de 16 705 personnes différentes. Soit un tiers de plus qu’il y a un an. Par ailleurs, de nombreuses personnes SDF refusent les hébergements d'urgence, même en période de grand froid.

L’étude effectuée par le GSCF [NDLR: Groupe de Secours Catastrophe Français, constitué de sapeurs pompiers volontaires] met en évidence les raisons suivantes :

Des centres surchargés avec des risques de rixe, vol,...
Le refus de l'animal de compagnie
Le manque de place
Des personnes salariées préférant vivre dans leur véhicule
Le refus de se retrouver de nouveau à la rue lors de la remontée, même légère, des températures.

Une action en faveur des SDF (en attendant de vraies solutions…)

Face à une telle situation que nous pouvons considérer d'urgence humanitaire en France, le Groupe de Secours Catastrophe Français a souhaité développer une action de soutien en proposant un sac d'accompagnement pour les personnes SDF (kit de survie). Les premiers sacs ont été distribués début octobre 2011, le sac a été réactualisé pour l'hiver 2012/2013. Nous sommes bien conscients que cette action n'est pas une solution suffisante et que ce sac ne servira uniquement que de kit de survie pour passer l'hiver, pour l'homme et l'animal de compagnie que nous n'avons pas oublié. Nous sommes fiers de ce projet unique en France, fiers de peut-être sauver des vies, mais cette fierté ne peut prendre véritablement son sens que si demain, cette action s’ouvre sur de réelles solutions. Le sac d'accompagnement pour les personnes sans domicile fixe a été conçu en collaboration avec des personnes vivant dans la rue. Lors de notre étude pour sa conception, nous nous sommes aperçus que les personnes SDF recevaient bien souvent des effets d’occasion éclectiques (vêtements, sacs, livres,...) remis de manière rarement équivalente. Nous avons souhaité, par souci d’équité, que le sac et son contenu soient identiques pour chaque bénéficiaire ; la seule différence se situant au niveau de la montre, proposée en version homme/femme. Chaque accessoire qui compose le sac a été étudié et pensé avec les personnes de la rue, des associations et notre service santé. Le sac sera réétudié chaque année, en fonction des retours quant à son contenu. Le concept de ce sac, de par sa réalisation et son contenu, constitue un projet unique en France. Bien entendu, nous soutenons et encourageons toutes les structures qui œuvrent dans la distribution d'effets vestimentaires et/ou sacs à poursuivre leurs actions. L’ensemble des actions en faveur des personnes SDF ne seront pas trop nombreuses pour répondre à leur souffrance.

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Président et fondateur du Groupe de Secours Catastrophe Français, sapeur-pompier dans le département du Pas-de-Calais et écrivain français.   Il a créé le Groupe de secours catastrophe français en 1999. Son expérience et son besoin de transmettre les valeurs qui l’animent l’ont amené à écrire cinq ouvrages. Dans cet esprit de solidarité, il crée en 2007 deux nouveaux projets : Bénensol (bénévoles engagés pour la solidarité)  ainsi que le réseau associatif du GSCF qui œuvre au soutien de nombreuses associations. Il crée en mars 2009 une Unité de communication et de coordination par satellite. Il créé en 2009 le Passeport de l'Urgence, document gratuit qui permet de noter les informations médicales, état de santé, personne à prévenir... Il décide de mettre en place en 2010 une Force d'Action Rapide Humanitaire; le projet devrait voir le jour en 2012. Nomination le 2 avril 2011 au poste de Vice-Président de la Coordination des Actions Humanitaires,auprès de l'association 3i3s. Il créé en septembre 2011, un carnet de suivi médical humanitaire. Ce carnet traduit en anglais et en français permet d’établir un suivi de l’état de santé des personnes souffrantes : vaccinations, maladies, soins, ... Il créé en octobre 2011, un sac d'accompagnement pour les SDF et un sac supplémentaire destiné aux animaux de compagnie (une première en France).

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