Scandales alimentaires : Pourquoi ce n’est pas près de s’arrêter

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Par Jean-Yves Archer Modifié le 27 février 2013 à 6h17

Ce qu'il faut bien appeler l'affaire Findus ou encore le "chevalgate" a démontré de manière éclatante au moins trois évidences regrettables : il peut être marqué 100 % pur bœuf alors que c'est faux. Il y a de nombreux intermédiaires dans la filière dont on se demande la véritable valeur ajoutée. Enfin, les contrôles révèlent que tout ceci a perduré plus de six mois à l'insu des autorités et donc des consommateurs.

Le premier des scandales alimentaires est bien évidemment le risque sanitaire lorsque le produit est impropre à la consommation et qu'il est néanmoins proposé à la vente. C'est vrai des animaux qui ont subi des traitements médicaux néfastes, c'est aussi vrai de certains champignons des pays de l'Est aux doses excessives d'irradiation. Mais il ne faut pas oublier l'armée de conservateurs et autres excipients que contient désormais notre alimentation et dont certaines études ont montré la nocivité, non pas individuelle mais agrégée : mise "bout à bout".

A côté de ces aspects risqués de certains conservateurs, le deuxième des scandales vient des modifications de composition des produits selon l'effet d'aubaine issu de tel ou tel composant et de son coût relatif. Dans le cas de l'huile de palme qui n'est pas recommandée à dose soutenue, elle s'est répandue dans de nombreux aliments au point d'entraîner désormais des mentions " sans huile de palme ". Ce qui revient à dire que sans la vigilance des associations et parfois des Pouvoirs publics, nous aurions pu nous retrouver face à cet élément en excès pendant de longues années à l'aune de la marge nette des fabricants. De même, nombres de process industriels optimisent " tout " et récupèrent des parties ( abats, etc ) sans véritable information du consommateur. La quête du profit sans véritable étude d'impact sanitaire à moyen terme demeure une réalité.

Le troisième scandale alimentaire est d'ordre organisationnel. Le "chevalgate" de Findus a démontré que pour fabriquer de modestes plats de lasagnes, il y avait des intermédiaires en tous genres qui ne sauraient être gages de qualité, de traçabilité simple et éventuellement de loyauté. Qu'on le veuille ou non, il y a bien eu ré-étiquettage et changement de désignation de la viande comme il arrive que certains rayons boucherie de la grande distribution pratiquent la "remballe" afin de prolonger frauduleusement la DLC de la viande découpée (Durée limite de consommation).

Alors que des reportages rapportent régulièrement les stocks de nourriture qui sont hélas jetés car devenus impropres à la consommation, les médias ont déjà révélé que certaines compositions alimentaires sont contestables. Un autre scandale alimentaire à la Findus est donc non seulement probable mais prévisible. Certains scientifiques évoquent la question de la nourriture des poissons d'élevage. D'autres continuent de s'insurger sur les conditions de l'élevage volailler hors-sol.

Nous sommes en phase avec le dynamique Serge Papin (Président de System U) qui appelait récemment à raison le consommateur à la vigilance mais il ne faut pas oublier que les consommateurs ont peu de temps pour faire leurs courses alimentaires, donc peu de temps pour scruter les étiquettes voire déchiffrer les petites lignes. Quant on voit une marque sérieuse comme Findus et que l'on voit 100 % pur bœuf, comment oser penser et déceler qu'il s'agit d'une véritable tromperie ? L'occurrence du risque de futurs scandales alimentaires vient donc du manque de temps du client qui ne peut pas tout "cross-checker" et peut donc être victime d'erreurs ou de fraudes intentionnelles.

En matière alimentaire, il y a un test simple à faire : demandez au patron d'un restaurant que vous connaissez bien qu'il vous parle de tous les ingrédients divers que certains fabricants lui proposent... vous serez édifiés y compris par l'arôme beurre de synthèse d'origine chimique... qui recouvre votre entrecôte.

En 1960, le ministre François Missoffe avait lancé une campagne à visée "anti-inflationniste" nommée "Suivez le bœuf !". De nos jours, les intermédiaires perdurent comme le montrent le secteur de la viande ou du lait. Ce qui a changé – en pire – c'est que l'industrie se pare de chartes déontologiques (sur le sel ajouté ou sur la teneur en sucres) mais contient parmi elles des brebis galeuses qui ne relèvent que du Code pénal et de l'assiette des infractions qu'il décrit.

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Jean-Yves Archer est énarque ( promotion Léonard de Vinci ), économiste et fondateur de Archer 58 Research : société de recherches économiques et sociales. Depuis octobre 2011, il est membre de l’Institut Français des Administrateurs (IFA).  

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