Comment attirer les médecins vers les hôpitaux publics, où les salaires sont bien souvent moins intéressants que dans le privé, ainsi que dans certaines spécialités et certaines régions isolées ? Là est la question. Et Marisol Touraine, ministre de la Santé, pense avoir trouvé une réponse.
L'hôpital manque d'attractivité
La ministre va consacrer une somme importante, 250 millions d’euros d’ici 2019, à son plan. Elle veut inciter les jeunes professionels de santé à se diriger vers des carrières dans le public, et si possible dans des spécialités en sous-effectif et des déserts médicaux.
Il y a urgence : selon un rapport sur l'attractivité hospitalière réalisé par un ancien sénateur, près de 30 % des praticiens hospitaliers vont partir à la retraite dans les cinq ans à venir. Le plus gros hôpital de France, l’AP-HP (Assistance Publique Hôpitaux de Paris) devrait compter 10% de médecins en moins dans les dix ans à venir.
Un système de primes
Pour encourager les médecins à exercer dans un secteur sous-doté ou dans une spécialité en sous-effectif, une "prime d'engagement", correspondant à "plusieurs mois de salaire" sera versée dès l’an prochain aux candidats. 3 000 professionnels pourront en bénéficier d'ici à fin 2018.
Ils profiteront également d'une "accélération de carrière" de deux ans au bout de cinq ans, soit sept ans d'ancienneté au lieu de cinq. Ce n’est pas tout : leurs couvertures maladie et maternité en début de carrière seront améliorées et une "prime d'exercice territorial" sera versée aux 15 000 praticiens hospitaliers qui travailleront sur plusieurs sites hospitaliers.
Sans surprise, ces mesures incitatives ont été saluées par les principaux syndicats d'internes et d'étudiants en médecine. Reste à savoir si cela suffira.
La France va manquer de médecins
De manière plus générale, la France se trouve dans une situation totalement paradoxale. Le nombre de médecins n’a jamais été aussi élevé de l’histoire. Ils étaient 50 000 en 1960, ils sont aujourd’hui 214 000. Le nombre de médecins a donc tout simplement décuplé en un siècle puisqu’ils étaient à peine 20 000 en 1900!
Mais il va considérablement diminuer dans les années à venir. Et il est trop tard pour enrayer cette chute libre, puisque dix à quinze ans sont nécessaires pour former un praticien. Depuis 2008, les généralistes sont trois fois plus nombreux à dévisser leur plaque qu’à l’accrocher. En l’espace de treize ans, le pays va voir disparaître environ 30 000 de ces médecins de premier recours.
Des milliers de spécialistes vont également manquer à l’appel : en 2030, ils seront moins nombreux qu’en 2006. Les ophtalmologues, les dermatologues, les rhumatologues et les médecins du travail seront particulièrement recherchés. Déjà, la France se rapproche de la République tchèque et de la Lituanie en ce qui concerne la densité de dentistes.