Santé : un plan à 250 millions d’euros pour attirer les jeunes médecins vers les postes en tension

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Par Laure De Charette Modifié le 3 novembre 2015 à 11h10
Loi Sante Medecins Marisol Touraine
@shutter - © Economie Matin
10%Le plus gros hôpital de France devrait compter 10% de médecins en moins dans les dix ans à venir.

Comment attirer les médecins vers les hôpitaux publics, où les salaires sont bien souvent moins intéressants que dans le privé, ainsi que dans certaines spécialités et certaines régions isolées ? Là est la question. Et Marisol Touraine, ministre de la Santé, pense avoir trouvé une réponse.

L'hôpital manque d'attractivité

La ministre va consacrer une somme importante, 250 millions d’euros d’ici 2019, à son plan. Elle veut inciter les jeunes professionels de santé à se diriger vers des carrières dans le public, et si possible dans des spécialités en sous-effectif et des déserts médicaux.

Il y a urgence : selon un rapport sur l'attractivité hospitalière réalisé par un ancien sénateur, près de 30 % des praticiens hospitaliers vont partir à la retraite dans les cinq ans à venir. Le plus gros hôpital de France, l’AP-HP (Assistance Publique Hôpitaux de Paris) devrait compter 10% de médecins en moins dans les dix ans à venir.

Un système de primes

Pour encourager les médecins à exercer dans un secteur sous-doté ou dans une spécialité en sous-effectif, une "prime d'engagement", correspondant à "plusieurs mois de salaire" sera versée dès l’an prochain aux candidats. 3 000 professionnels pourront en bénéficier d'ici à fin 2018.

Ils profiteront également d'une "accélération de carrière" de deux ans au bout de cinq ans, soit sept ans d'ancienneté au lieu de cinq. Ce n’est pas tout : leurs couvertures maladie et maternité en début de carrière seront améliorées et une "prime d'exercice territorial" sera versée aux 15 000 praticiens hospitaliers qui travailleront sur plusieurs sites hospitaliers.

Sans surprise, ces mesures incitatives ont été saluées par les principaux syndicats d'internes et d'étudiants en médecine. Reste à savoir si cela suffira.

La France va manquer de médecins

De manière plus générale, la France se trouve dans une situation totalement paradoxale. Le nombre de médecins n’a jamais été aussi élevé de l’histoire. Ils étaient 50 000 en 1960, ils sont aujourd’hui 214 000. Le nombre de médecins a donc tout simplement décuplé en un siècle puisqu’ils étaient à peine 20 000 en 1900!

Mais il va considérablement diminuer dans les années à venir. Et il est trop tard pour enrayer cette chute libre, puisque dix à quinze ans sont nécessaires pour former un praticien. Depuis 2008, les généralistes sont trois fois plus nombreux à dévisser leur plaque qu’à l’accrocher. En l’espace de treize ans, le pays va voir disparaître environ 30 000 de ces médecins de premier recours.

Des milliers de spécialistes vont également manquer à l’appel : en 2030, ils seront moins nombreux qu’en 2006. Les ophtalmologues, les dermatologues, les rhumatologues et les médecins du travail seront particulièrement recherchés. Déjà, la France se rapproche de la République tchèque et de la Lituanie en ce qui concerne la densité de dentistes.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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