Cigarette électronique : poison pour les finances publiques, solution pour la santé publique ?

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Par Patrick de Casanove Modifié le 14 février 2014 à 6h05

L’État adore les « Plans ». L’effet d’annonce est garanti. Le premier plan est un « plan com » censé faire oublier les échecs économiques et les multiples soucis quotidiens.

Le Président de la République vient de dévoiler le troisième plan anti-cancer. Dans ce plan on retrouve quatre grands axes à propos desquels personne ne peut être contre. « Guérir plus de personnes malades », « Préserver la continuité et la qualité de vie ». « Investir dans la prévention et la recherche, » « Optimiser le pilotage et les organisations de la lutte contre les cancers ».

Quand l’État fait un « Plan » il distribue arbitrairement de l’argent qu’il a confisqué à des personnes et qui n’ira pas ailleurs. Cela entraîne les appétits de multiples groupes de pression y compris ceux des capitalistes d’état. Ce fonctionnement est économique pour les groupes de pression. Il leur suffit de convaincre les politiciens du bien fondé de leurs préconisations. C’est plus facile que de convaincre les multiples acteurs d’un marché libre et concurrentiel. Tous les plans gouvernementaux font des heureux, des malheureux des insatisfaits. Les antitabac sont déjà insatisfaits. Chacun sait qu’il n’y a pas de « bon » plan anti cancer sans des mesures antitabac.

L’attitude de l’État vis-à-vis du tabac est un exemple pathognomonique de sa schizophrénie. Il paie des prestations sociales et des soins liés aux dégâts du tabac. Il encaisse des taxes. Comme ce ne sont pas les mêmes services administratifs, ni les mêmes ministères qui paient et qui encaissent, savoir s’il gagne plus qu’il ne perd ne l’intéresse pas.

L’État est très mal placé pour donner des leçons de santé ou de morale. En matière de tabac il a pris le soin de s’assurer le monopole légal d’une des drogues les plus dangereuses de la planète qui, d’après un article de Le Monde du 04 février 2014, aura tué cent millions de personnes au XX ème siècle et en tuera un milliard au XXIème. Non content de son monopole, pour éliminer toute concurrence, il a décrété les autres drogues illégales. Ne reculant devant aucune contradiction il a décidé de lutter contre le tabagisme. L’État n’a aucune imagination. Dans le cas du tabac il fait ce qu’il sait faire le mieux faire et qu’il a toujours et partout fait : il augmente les taxes et multiplie les contraintes.

« L’estimation de l’élasticité de la demande sur le prix ne prend pas en compte les autres politiques publiques mises en place simultanément pour faire baisser la consommation de tabac : campagnes anti-tabac, interdiction de fumer dans les lieux publics, interdiction de ventes aux mineurs, etc. Il n’est pas possible d’identifier la contribution de ces autres actions sur le volume des ventes. Cependant les experts de la Banque Mondiale https://web.worldbank.org/) et de l’OMS https://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs339/en/index.html) s’accordent pour dire que l’augmentation des prix est de loin le moyen le plus efficace pour faire baisser les ventes. » Impact de l’augmentation des prix sur la consommation du tabac, Catherine Hill, Institut Gustave Roussy. Septembre 2013


Bien entendu l’objectif de diminuer la consommation de tabac est parfaitement louable. Critiquer les moyens pour y parvenir ce n’est pas critiquer l’objectif. C’est ouvrir la discussion pour trouver des solutions plus efficaces. Un bon exemple peut venir de la vapoteuse.

À elle seule elle concentre tout ce que les étatistes n’aiment pas. Elle vient du privé, son succès est le résultat d’initiatives individuelles libres, c'est-à-dire d’organisations horizontales de personnes. Cela s’est fait en dehors de l’État qui est collectiviste, autoritaire, contraignant, vertical et hiérarchique. Elle est le fruit d’innovations technologiques. Elle est efficace. Elle montre une fois de plus que l’économie de l’offre est la bonne. (Il a été proposé aux fumeurs une nouvelle solution pour s’en sortir. L’offre a été élargie, les consommateurs l’ont validée.) Elle montre que ce que ce ne sont pas les décisions technocratiques, ni les taxes ni les règlements, ni même la Sécu qui améliorent la vie des gens, mais les progrès technologiques, la prospérité économique et le libre-échange. (L’inventeur est Chinois et l’invention date de 2003) Les gens l’achètent sous forme de cigarette, cigare, pipe etc. certaines la portent comme un bijou, en collier assorti à leurs vêtements. Aucune décision centrale, aucun plan n’est à l’origine de cet engouement.

Pour l’État elle a trois défauts majeurs :

- Elle diminue les rentrées fiscales ce qui contrarie profondément un État rapace.

- Il y a un vide juridique, c'est-à-dire que les gens sont libres ce qui contrarie profondément un État qui veut tout contrôler.

- Elle démontre que laissés à eux-mêmes les gens sont capables de prendre d’excellentes initiatives pour leur santé, avec leur argent, sans remboursement ni gratuité. Ce qui met à mal le mythe de la Sécu.

À elle seule ce petit concentré de génie humain met à mal tout l’État providence !

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Né en 1959, marié, père de 4 enfants, le docteur Patrick de Casanove, diplômé en 1985, exerce comme généraliste dans la ville d'Ondres. Il en a été le Maire de 1995 à 2001. Il écrit des articles pour le journal suisse Le Temps et pour diverses institutions libérales. Il est président du Cercle Frédéric Bastiat. Il est l’auteur de "Sécu comment faire mieux".

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