La politique de santé Française, on devrait plutôt dire l’absence de politique de santé, est encore une fois mise en cause. Un constat international sur la santé des chômeurs montre un véritable « état d’urgence » sanitaire.
Un état d’urgence que personne dans les ministères ne prend en compte, on peut même dire que c’est l’inverse qui se produit. La ministre de la santé droite dans ses certitudes, et ses conseillers dogmatiques tentent de renverser les causes et les effets.
Le nombre d’inscrits à pole emploi est actuellement de 5,76 Millions de personnes, un rapport du CESE nous informe que 10 000 à 15 000 décès par an sont imputables au chômage. Dans ce rapport une étude internationale est citée, faisant état d’un risque de surmortalité chez les chômeurs multiplié par trois par rapport à la population en activité. Ce chiffre est à peu près équivalent au risque de surmortalité chez les fumeurs.
Une autre étude croisée de l’Inserm, sur l’assurance maladie et l’assurance vieillesse, montre que les chômeuses et les chômeurs ont un état de santé dégradé. Ils se déclarent plus souvent en mauvaise santé (2,32% plus souvent pour les hommes et 1,71% pour les femmes) que les personnes en activité ou en retraite.
Ce sont surtout les troubles dépressifs et les suicides qui sont accrus en cas de perte d’activité professionnelle. Pour une augmentation de 10% du taux de chômages, le taux de suicides tous sexes confondus augmente significativement de plus de 1,5%. Il est à noter qu’en France le taux de chômage a augmenté depuis 2008 de 47%, vous pouvez donc faire le calcul. Parmi les propositions faites par le CESE, il serait urgent d’inscrire la « précarité sociale » dans les critères de discrimination prohibés par la loi. Ils ajoutent aussi l’importance de faire une étude épidémiologique, sociologique et statistique sur les effets du chômage sur la santé, en y ajoutant une grande campagne d’information. Enfin il paraît évident que dès l’entrée à Pole emploi, les chômeurs devraient bénéficier de soutien psychologique, d’une orientation vers un bilan de santé et surtout de réfléchir a élargir aux chômeurs la médecine du travail.
Au lieu de cela le ministère de la santé et sa loi mise en application depuis 2016 fait tout le contraire. Le corps médical dans son ensemble alerte depuis plusieurs années sur ces problèmes récurrents de dépression, de burn out, de prise élevée d’anxiolytiques et d’anti dépresseur. Loin d’être entendus, les médecins libéraux, dont l’état veut la perte, sont mis sous contrôle agressif pour baisser les prescriptions, diminuer les arrêts de travail et faire le moins possible de prévention. Nous sommes loin d’une politique de santé qui s’intéresse aux chômeurs en danger, tout au contraire, la seule ambition du ministère de la santé c’est de faire prendre les effets de leur politique pour des causes.
En effet après avoir détruit en partie la médecine de ville, après avoir mis en grand danger l’hospitalisation privée et même les hôpitaux publics, l’état vient de supprimer presque totalement la médecine du travail avec la loi El Khomri. Après avoir institué les contrôles tous azimut sur les prescriptions, sur les arrêts de travail, et même sur les pratiques de la médecine, l’état veut étrangler les discussions sur la convention médicale. Les syndicats n’ayant aucune marge de discussion puisque leur moyens sont directement liés au fait qu’ils signent ou ne signent pas la convention. Une sorte de chantage a l’argent qu’aucune autre profession n’accepterait. Pour terminer cet état les lieux catastrophique, les déserts médicaux, qui sont directement liés à la politique menées depuis 30 ans, seraient la faute des médecins qui n’en peuvent plus de voir se charger la barque de leurs responsabilités.
C’est donc ce constat alarmant que nous devons faire, les personnes fragilisées par le chômage sont en danger pour leur santé. Leur accès aux soins est aussi devenu plus difficile du fait du transfert d’une partie de la prise en charge aux assurances privées avec cette nouvelle loi. Assurances qu’ils n’ont plus les moyens de « s’offrir »du fait de la perte de l’emploi en même temps que la perte de la mutuelle d’entreprise.
Encore une fois il est important de pointer du doigt que la politique comptable et « énarchique » de la santé est une mise en danger de toutes les populations, et prioritairement les plus fragiles. Vous lirez souvent que ce sont les praticiens qui, avec leurs exigences, sont la cause de tout, n’en croyez rien. Même si l’état veut faire croire qu’ils ne sont ni responsables ni coupables de la dégradation de nos systèmes de soins, il en est l’acteur et le bras armé depuis 1995 avec les premières ordonnances dites « d’économie de santé »