Malgré le contexte économique morose, les Français croient en un avenir meilleur pour les salariés. Selon le dernier sondage* Tilder-LCI-Opinion Way, plus de la moitié d'entre eux estiment que l'Etat peut empêcher ou limiter les plans sociaux des entreprises privées installées en France. Ils sont également 63 % à penser que la hausse du SMIC serait une bonne chose et améliorerait la situation des salariés.
Concernant la question posée sur le rôle de l’Etat face aux plans sociaux, les résultats sont un peu à contre-courant car les Français ne sont visiblement pas fatalistes. Depuis la fin de la campagne présidentielle, le sujet est celui des annonces de plans sociaux relayées par les médias et les syndicats eux-mêmes lors de leurs consultations avec le Premier Ministre. On aurait donc pu imaginer les Français résignés sur ces mauvaises nouvelles programmées.
En réalité, avec des différences de degré, 2/3 d’entre eux pensent que l’Etat peut agir. Sans chercher à mesurer la nature ou l’efficacité de ses interventions, c’est l’expression d’une vraie confiance de l’opinion dans la capacité d’action des Pouvoirs Publics.
Le sujet n’est donc pas idéologique sur le devoir d’intervention de l’Etat ; il est pragmatique sur son pouvoir d’action. Le politique qui n’a plus la main sur l’économie, ce n’est pas ce que pensent les Français. Vrai ou faux, François Hollande ne peut donc pas faire du Lionel Jospin à Vilwoord sur l’Etat qui ne peut pas tout. Il a d’ailleurs déjà marqué sa différence en créant un ministère dédié, celui du redressement productif, qui va devoir très vite engranger des résultats au risque d’entamer cette confiance.
Le sujet du coup de pouce au SMIC est en revanche plus idéologique. Les résultats montrent encore une vraie partition de l’opinion sur cette question entre la droite et la gauche. Dans le détail, les électeurs de François Hollande pensent à 85% que ce coup de pouce est une bonne chose pour les salariés quand ceux de Nicolas Sarkozy pointent à 68% le risque pour la compétitivité des entreprises.
Plus qu’un coup de pouce, dont on peut penser qu’il sera léger, c’est donc un coup de com politique que le gouvernement peut faire sur ce sujet.
Avec l’augmentation du SMIC, le gouvernement a l’occasion de poser un vrai marqueur de gauche qui illustre le changement annoncé, à l’image de la baisse des salaires du Président de la République et des ministres, de la baisse des rémunérations pour les dirigeants d’entreprises publiques ou encore, si la majorité présidentielle remporte les élections législatives, de l’augmentation de 25% de l’allocation de rentrée scolaire. La décision est plus simple que d’empêcher les plans sociaux et elle est encore plus porteuse symboliquement dans l’opinion.