Malgré un climat économique morose, il semblerait que les salaires aient continué d’augmenter, et avec le pouvoir d’achat, en 2014. Pourtant le moral des ménages est toujours au point mort et la croissance ne repart pas. Autant dire que cette augmentation semble être de façade.
Le pouvoir d’achat en trompe-l’œil
Selon les chiffres publiés ce vendredi 20 mars 2015, par la Dares, le service des statistiques du ministère du travail, le salaire mensuel de base (SMB) aurait augmenté de 1,4 % en 2014. Ce chiffre est à prendre avec des pincettes. Il ne se base que les entreprises de plus de 10 salariés, autrement dit les TPE, les indépendant ou encore les artisans ne sont pas concernés. Il ne concerne pas non plus les domaines de l’agriculture et des emplois publics et touche surtout les cadres, ouvrier et profession intermédiaires (respectivement +1,5 et +1,4%) mais peu les petits salariés (+1,2% seulement). La hausse des cotisations n’est pas non plus prise en compte.
On pourrait donc s’extasier sur la progression conséquente du pouvoir d’achat (1,4%) mais elle n’est effective que parce que l’inflation a été nulle entre décembre 2013 et décembre 2014. Cette « avance » que semble prendre le pouvoir d’achat sur l’inflation peut en réjouir certains mais laisse présager une baisse des salaires futures, alors que le spectre de la déflation hante l’Europe. L’inflation et les salaires sont intimement liés. Cette augmentation des salaires était d’ailleurs plus forte les années précédentes et toujours claquée sur l’inflation : + 1,6% en 2013 (avec une inflation à + 0,6 %), + 2,1 % en 2012 (+ 1,2 %) et + 2,3 % en 2011 (+ 2,4 %).
Une situation peu glorieuse qui dure
Entre les différents effets d’annonce, les prévisions optimistes et pessimistes sur la future croissance, l’économie française continue de patauger. Le produit intérieur brut (PIB) a peu progressé en 2014 (+ 0,4 %) pour ralentir encore au dernier trimestre (+0,1%). La situation de 2012 et 2013 est comparable et depuis trois ans la France stagne, coincée entre la peur de la déflation et l’impossibilité d’être plus dynamique. Le ministre des finances, Michel Sapin, parle de « petite croissance » avec « des effets extrêmement négatifs sur l’emploi ».