Les salaires ont augmenté de plus de 19 milliards € en 2017. Cette cagnotte a surtout servi à éponger les déficits sociaux. Ce n’est pas le moindre paradoxe de voir le gouvernement se féliciter d’une baisse des déficits, alors qu’elle est essentiellement due au travail des Français, et à la pression fiscale sur leurs revenus.
Comme toujours quand les déficits baissent, le gouvernement tonitrue. Ce n’est pas le propre de la République En Marche. Et comme toujours, l’exécutif adore s’attribuer des mérites qui ne lui reviennent pas, République en Marche comprise. La communication sur la baisse des déficits sociaux en est un exemple de plus.
Une baisse effective des déficits sociaux…
Effectivement, les déficits sociaux de 2017 seront moins lourds que prévus. On se souvient qu’en 2016, Marisol Touraine avait annoncé qu’elle avait tout remis à l’équilibre. Deux ans après cette annonce, on est encore loin du compte: il ne reste plus, selon les derniers chiffres, que 5 milliards € à trouver pour revenir à la ligne de flottaison!
Pour le gouvernement, c’est une victoire. Si l’on se souvient de l’épisode Touraine, on mesure toutefois combien le temps est long pour rétablir l’équilibre des comptes sociaux en France. Surtout que le déficit de l’assurance maladie ne baisse toujours pas, malgré un effort sur l’objectif national de dépense.
Une amélioration entièrement due aux hausses de salaires et de contributions
Pour être parfaitement exact, il faut lire le détail de la communication officielle pour comprendre le coup qui s’est joué. De manière totalement indépendante du gouvernement, la masse salariale a eu la bonne idée de progresser de 3,5% l’an dernier, au lieu de 3,3% comme prévu. Selon les explications officielles, ce surcroît de 0,2 point a drainé plus de 1 milliard de cotisations dans les comptes sociaux.
Parallèlement, la CSG sur le capital a permis de faire du gras: son produit atténue le déficit du FSV, le Fonds de Solidarité Vieillesse qui finance les pensions les plus faibles. La hausse des dividendes a du bon pour les plus pauvres!
Mais que sont devenus les 19 milliards de salaires en plus?
Les salariés seront donc heureux d’apprendre à quoi ont servi les fruits de leur travail supplémentaire en 2017. 19 milliards d’augmentation de la masse salariale, c’est plutôt une bonne nouvelle, à mettre en rapport avec les créations d’emplois sur la même période.
Le problème tient évidemment à l’utilisation de cette manne. La sécurité sociale en a prélevé plus de 8 milliards, et les régimes complémentaires de retraite environ 1 milliard. Si l’on y ajoute les taxes et impôts divers qui s’en sont suivi… on mesure ce qui reste, en bout de course, pour améliorer son pouvoir d’achat.
Au vu de ses chiffres, on comprend mieux que le gouvernement préfère communiquer sur la réduction des déficits plutôt que sur la hausse de la masse salariale. Histoire que les salariés n’aient pas la mauvaise idée de demander des comptes sur la disparition de leur argent dans le triangle des déficits publics.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog