Ryanair compte sur les décideurs politiques pour se développer

Anton Kunin
Par Anton Kunin Publié le 31 mai 2017 à 1h13
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@shutter - © Economie Matin
42 %À l'été 2016, les vols low-cost représentaient 42 % du trafic des aéroports français (outre les deux hubs parisiens).

La compagnie aérienne low-cost n°1 en Europe et n°2 au monde annonce « un plan pour faire progresser le tourisme européen de 10 % ». Cependant, l’objectif véritable de ce projet est visible à l’œil nu : se faire aider par les décideurs politiques pour vendre toujours plus de billets.

Ryanair a un plan tout prêt pour les décideurs européens

C’est à une conférence des ministres du tourisme des États membres de l’Union européenne que s’est invité Kenny Jacobs, le Directeur Marketing de Ryanair. La raison de sa prise de parole ? Lancer « un plan en 5 points pour faire progresser le tourisme européen de 10 % ». Les composantes de ce plan sont (on vous les cite) : 1) la réduction des coûts aéroportuaires et la suppression des taxes sur les voyages de courte distance en Europe, 2) s'attaquer à la pénurie d'hébergements en construisant plus d'hôtels, 3) améliorer la commercialisation des destinations de l'UE pour encourager les citoyens de l'UE à passer des vacances en Europe, 4) développer de nouvelles infrastructures touristiques régionales et 5) développer le tourisme tout au long de l'année et des voyages hors-pic tels que les « city breaks » (escapades dans des villes, le temps d’un week-end le plus souvent).

Mais attendez, comment une compagnie aérienne peut-elle décider de construire plus d’hôtels, de développer de nouvelles infrastructures touristiques ou encore supprimer des taxes ? Appelons un chat un chat : s’il s’agit du lancement d’un plan, c’est bien d’un plan de lobbying dont il s’agit. Ses destinataires ne sont autres que les organes exécutifs de l’UE et ses États membres.

Un plan gagnant-gagnant tant pour Ryanair que pour l’Europe

Impertinente pour certains, en fin de compte, la démarche de Ryanair est très logique puisque les deux parties ont à y gagner. Ryanair a intérêt à ce que les infrastructures touristiques soient développées sur le continent européen, car seule une offre touristique attrayante sur place peut être gage d’un flux important de vacanciers et donc de passagers aériens. Les villes européennes, bien qu’elles n’aient pas toutes les moyens financiers de faire davantage dans l’immédiat pour développer le tourisme, à long terme elles ont tout à gagner de l’installation ou du développement de l’activité d’un transporteur low-cost desservant leur territoire.

Et puis, il y a l’aspect « création de besoins ». Si les comités régionaux du tourisme à travers l’Europe se mettent à vanter les avantages des week-ends dans leurs villes respectives, au bout quelques années voire quelques mois d’exposition à ce tapage médiatique, le consommateur aura au moins intériorisé l’idée comme quoi l’Europe a cette offre à lui faire, et y pensera sans doute à l’approche du pont suivant. Et pour s’y rendre, il réservera très certainement son billet auprès de la compagnie qui proposera la meilleure offre tarifaire (ce qui fait d’ailleurs le succès de Ryanair depuis sa création). Et puisqu’on garde le meilleur pour la fin… à la compagnie aérienne de Michael O’Leary, cette publicité ne coûtera pas un centime !

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Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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