En ce début du mois du Ramadan, mois sacré pour la religion musulmane se pose l'éternelle question pour les employeurs de gérer la situation de leurs employés. Durant cette période, qui s'étendra jusqu'au 8 août, les musulmans qui le pratiquent s'interdiront de boire et manger du lever au coucher du soleil.
Dans un contexte un peu particulier, la météo promettant plusieurs semaines de beau temps et de fortes chaleurs partout en France...
Ramadan : aucune obligation de l'employeur envers l'employé
La question du Ramadan n'est pas anodine : sur les quelques 6 millions de musulmans qui habitent en France, selon un sondage Ifop de 2011 ils seraient près de 70 % à pratiquer le Ramadan.
Le Code du Travail est clair : la religion n'est pas prise en compte dans les aménagements obligatoires auxquels les employeurs doivent se soumettre. Seules les femmes et les personnes handicapées bénéficient d'un traitement différent.
Pourtant, lorsque l'on occupe un travail à forte pénibilité, comme sur un chantier de construction par exemple, soutenir l'effort physique alors que l'on s'interdit de se nourrir et s'hydrater est un véritable défi. Rappelons tout de même que la religion musulmane interdit de mettre en danger sa propre santé dans le cadre du Ramadan et que, en cas de problèmes de santé, rompre le jeûne est une obligation.
Des employeurs de plus en plus conciliants
Selon un sondage Ifop de 2008, seuls 26 % des dirigeants d'entreprise ont aménagé les horaires de leurs employés pour le Ramadan ou pour tout autre demande liée au culte religieux.
Mais il existe un réel rapport de force qui s'installe entre employés et employeur dans le cadre des aménagements pour le Ramadan.
Si le nombre d'employés musulmans est assez élevé, il est contre productif de créer des tensions au sein de l'entreprise en n'essayant pas de faire un effort. Surtout que les aménagements possibles sont assez facilement réalisables. Mais si les employés désirant jeûner se retrouvent très minoritaires la question est plus tendue car leur accorder une dérogation pourrait relever du favoritisme.
Beaucoup de sociétés évitent de mettre en place ce qui pourrait ressembler à un traitement de faveur envers une personne ou un ensemble de personnes, si ce traitement n'est pas obligatoire d'après la loi.
Quels risques et quels aménagements pour le Ramadan en entreprise ?
L'employeur doit avant tout, d'après la loi, protéger son employé. Les tâches difficiles et physiques sont donc à proscrire le plus possible pour les personnes qui font le Ramadan. Cela signifie pour l'employeur une réorganisation des équipes et des tâches qui doivent tenir compte de la condition physique de la personne qui y est affectée.
De fait, des aménagements sont très simples à mettre en place : On peut par exemple, durant les horaires de nuit, autoriser des pauses plus longues afin que les musulmans pratiquants puissent manger. Ou encore terminer la journée de travail plus tôt puisque les personnes qui jeûnent ne prennent pas de pause déjeuner.
Grands groupes versus PME : comment est géré le Ramadan ?
La différence dans le traitement des personnes désirant faire le Ramadan est essentiellement liée à la taille de l'entreprise. Certains grands groupes tentent d'apporter des solutions aux problèmes d'organisation posés par le Ramadan mais de manière différente. EDF d'un côté a mis en place en 2009 une « grille de critères » détaillant la gestion des employés selon la religion en conformité au droit du travail. De l'autre, chez PSA-Peugeot-Citroën ce sont les chefs d'équipe qui ont des consignes générales à appliquer aux personnes qu'ils gèrent.
Mais dans les PME, où l'effectif est réduit et le Ramadan peut entraîner une perte d'efficacité et de rentabilité, la question est très différente. Soit l'ambiance dans la société est tendue, auquel cas la question est source de conflits, soit la société peut se permettre de prendre en compte la dimension humaine de ses employés et les solutions se mettent en place d'elles-mêmes de manière naturelle.
Paradoxalement, au pays de la laïcité, la question du Ramadan et des fêtes religieuses en général ne peut être résolue par la loi mais seulement grâce au bon sens et le souhait de vivre en communauté.