Votée le 27 avril 2016, la RGPD – Règlement général sur la protection des données – entrera en vigueur le 25 mai 2018. La réglementation laisse ainsi un peu plus de deux ans aux entreprises pour se mettre en conformité et adopter de bonnes pratiques en termes de sécurité informatique et de protection des données personnelles. Pour des organisations qui n’ont pas l’habitude de faire de la sécurité par défaut une priorité, la RGPD impose un chantier qui peut être colossal. À moins d’un an de l’échéance, les entreprises françaises sont à la traîne.
RGPD : la sécurité au premier plan
Aujourd’hui, chaque pays a sa propre législation plus ou moins stricte sur l’utilisation des données personnelles. Avec la multiplication des fuites de données suite à des attaques (Yahoo, Sony, TalkTalk, etc.), ou des manipulations de grandes entités comme les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), la nécessité d’agir est globale. C’est tout l’intérêt de la RGPD, la première mesure supranationale qui régule l’utilisation des données personnelles pour les entreprises et les institutions privées ou publiques. Visant à homogénéiser la réglementation déjà existante, la RGPD sera appliquée de façon systématique aux 28 membres de l’union Européenne, sans mesure « à la carte ».
La réglementation impose de nombreuses contraintes pour les entreprises. En effet, la RGPD encadre l’utilisation des données personnelles et redonne le pouvoir au consommateur en lui offrant le droit d’accéder aux informations qui le concernent, le droit à l’oubli, le droit à la portabilité et un droit d’opposition. Des mesures d’autant plus importantes que les données sont utilisées par les entreprises dans le cadre d’une relation commerciale ou d’une démarche marketing. La RGPD restitue ainsi la propriété des données aux citoyens, et non plus aux entreprises.
Néanmoins, au-delà de ces deux axes majeurs, la RGPD vient surtout placer la sécurité informatique au centre des préoccupations des entreprises. Alors qu’elle a toujours été appréhendée comme une contrainte pour les comités directeurs, ces derniers n’ont désormais plus d’autre choix que de l’intégrer par défaut à chaque projet – une règle de bon sens s’il en est. Le coût humain et technique de cette sécurité, les process qu’elle impose, les nouveaux outils et les formations qu’elle nécessite rendent la RGPD impopulaire auprès des entreprises. Néanmoins, celles-ci gagneront à investir dans ce profond changement sur le long terme.
Qui est concerné et que risquez-vous ?
Cette nouvelle réglementation s’adresse aux organismes publics et privés qui traitent, manipulent, gèrent ou stockent des données personnelles des citoyens européens. D’une part, elle a vocation à renforcer la législation en matière de protection des données personnelles et, d’autre part, à l’harmoniser au sein de l’Union Européenne. Il s’agit également, à l’heure où le numérique et la mobilité explosent, de protéger les individus contre la manipulation potentiellement malveillante de leurs données.
De fait, le 25 mai 2018, toute organisation manipulant des données à caractère personnel de résidents ou citoyens de l’Union Européenne devra s’être conformée à cette réglementation qui s’inscrit dans la programme de « Marché unique numérique ». De quoi faire plier, entre autres, Google et Amazon ? Il vaudrait mieux. En effet, en cas de non-respect de la réglementation, la RGPD prévoit une sanction dont le montant pourrait culminer jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires annuel ou 20 millions d’euros, le chiffre le plus élevé étant retenu.
RGPD : 2 priorités pour l’échéance mai 2018
La mise en place de mesures visant à se conformer à la RGPD est un chantier chronophage et onéreux pour les entreprises. Néanmoins, si le coût de la mise en œuvre de ces changements nécessaires sont élevés, ils permettent d’améliorer la gestion des données internes et externes, d’alléger les bases de données et de parfaire la documentation. Un investissement qui devrait pousser les entreprises réfractaires à gagner en efficacité et en productivité.
Pour s’assurer d’être prêt le jour J, deux priorités sont à respecter. D’une part, un nouveau profil exigé par la réglementation doit être créé. Un Délégué à la Protection des Données (DPO) devra ainsi veiller à la bonne application de la RGPD dans l’entreprise, en reportant directement au comité directif.
D’autre part, les entreprises qui ne l’ont pas encore fait doivent sans tarder réaliser un audit d’impact sur la protection des données, afin de faire un état des lieux de leur sécurité. Où sont stockées les données manipulées ? Quels process mettre en place pour les sécuriser ? Comment intégrer la sécurité par défaut à l’ensemble des projets ? Voilà les questions qu’il devient désormais urgent de se poser avant de se lancer dans cette grande transformation dont les étapes varient selon les entreprises, leurs besoins et leurs activités.
L’échéance est très proche. Les changements chronophages exigés par la réglementation RGPD devront désormais être actés dans moins d’un an : il est temps, pour les entreprises, de dépasser la phase d’évaluation d’exposition aux risques et d’activer progressivement ces nouveaux process pour éviter toute pénalisation dès le 25 mai 2018. Compte-tenu de l’importance des enjeux et des sanctions en cas de non-respect de la réglementation, les entreprises, notamment celles qui traitent un important volume de données à caractère personnel, ont tout intérêt à bien s’entourer pour faire de la sécurité LA priorité.