Pourquoi un salaire minimum ? Le premier à avoir répondu à la question est St Thomas d’Aquin au XIIIème siècle, en posant le principe du juste salaire. Une rémunération qui permet au travailleur et à sa famille de vivre dignement et d’épargner.
Un salaire minimum, c’est la reconnaissance concrète de la valeur travail et l’assurance pour tout salarié de pouvoir vivre et non survivre. Peut-on vivre dignement et épargner en gagnant 1 096 euros par mois ? La réponse est non !
Une fois réglées les charges incompressibles – logement, nourriture, santé, énergie, transport, etc., force est de constater que l’on boucle très difficilement les fins de mois. Sans parler du futur...Quelle retraite après une vie au salaire minimum ?
Qu’une personne qui a travaillé toute sa vie, souvent durement, perçoive une pension de misère est simplement indécent. En conséquence, l’objectif doit être d’augmenter le salaire minimum. Cela est-il possible brutalement ? Pour certains, augmenter de 900 euros soit 64 %, d’un coup, le salaire minimum serait possible, cela remettrait du carburant dans l’économie, relancerait consommation et emploi et profiterait à l’ensemble de la Nation.
Ce raisonnement pourrait être exact si nous étions dans une économie où toute augmentation de la consommation, impacte directement la production nationale et où les entreprises sont soumises aux mêmes règles de concurrence. En clair, si je gagne plus et dépense plus, il faut que j’achète un produit fabriqué sur notre territoire par des entreprises respectant les mêmes conditions fiscales, sociales et réglementaires. Ce qui, aujourd’hui, n’est pas le cas.
Il est donc nécessaire de s’attaquer aux distorsions sociales et fiscales qui vicient la libre concurrence, avant d’envisager un grand bond en avant du salaire minimum. Quelle entreprise française peut résister à la concurrence de pays où les travailleurs sont sous-payés, et sans protection sociale ? Aucune ou presque !
Sans un rééquilibrage de la mondialisation en faveur des droits des salariés, une augmentation brutale du salaire minimum se retournerait rapidement contre les smicards en les conduisant à la case « chômage ». Ce qui ne doit pas empêcher une augmentation progressive du salaire minimum, afin de permettre à chacun de vivre dignement de son travail.
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Article initialement publié le 21/05/2012