Malgré les lois qui, depuis 50 ans en France, accompagnent la participation croissante des femmes au marché du travail, notamment dans certains métiers et secteurs, des inégalités entre femmes et hommes perdurent et se traduisent in fine par des écarts de rémunération. Ces écarts apparaissent amplifiés lorsque l’on étudie les revenus des couples et les contributions respectives des femmes et des hommes en leur sein.
En Île-de-France, en 2018, une femme déclare en moyenne des revenus inférieurs de 32 % à ceux de son conjoint, soit environ 1 180 euros de moins chaque mois. Au niveau national, l’écart de revenus au sein des couples hétérosexuels est globalement de même ampleur (32%), mais les montants en jeu sont inférieurs à ceux de l’Île-de-France (850 euros par mois), les revenus étant moins élevés en province.
Extraits de la note publiée par L'Institut Paris Region à lire ici.
Même avec des profils semblables, des écarts de revenus s'observent dans les couples
La grande majorité des revenus étant d’origine salariale, les écarts observés au sein du couple traduisent des conditions d’emploi globalement défavorables aux femmes étant donné leur niveau de diplôme. Quand elles sont plus diplômées que leur conjoint, seules 36% des femmes perçoivent des revenus supérieurs à ce dernier. Cette part est de 77% dans la situation inverse, mais moins fréquente, d’hommes plus diplômés que leur conjointe. Lorsqu’elles occupent un emploi plus qualifié que celui de leur conjoint, les femmes perçoivent en moyenne des revenus plus élevés, et sont alors les principales contributrices aux revenus du couple. C’est principalement le cas des femmes occupant un emploi de cadre et vivant en couple avec un conjoint qui exerce une profession intermédiaire (écart de revenus de 10% en leur faveur), ou qui occupe un poste d’employé ou d’ouvrier (écart de 25%). De telles situations apparaissent cependant peu fréquentes (8%).
Plus le revenu du couple est important, plus les écarts sont prononcés en défaveur des femmes
L’écart de revenus entre l’homme et la femme est fortement corrélé aux revenus du couple. Chez les couples aux revenus modestes ou de classe moyenne, la situation est la plus égalitaire : les contributions des femmes aux revenus du couple y atteignent 45 %, contre 55 % pour celles des hommes. À l’inverse, dans les couples les plus aisés, la contribution des femmes s’élève à 34%, contre 66 % pour les hommes. Ce phénomène peut être rapproché des écarts plus importants de salaire entre hommes et femmes à diplôme donné, pour les diplômes les plus élevés.
En lien avec la géographie des revenus en Île-deFrance, les territoires où l’égalité entre femme et homme au sein des couples est la plus visible se situent davantage à l’est de la région, notamment en Seine-Saint-Denis. Dans ce département, la contribution moyenne des femmes aux revenus du couple atteint 43% (contre 57% pour les hommes), soit quatre points de plus que dans les Yvelines, où la contribution des femmes est minimale (39 %). La situation de la Seine-Saint-Denis est d’autant plus particulière que le taux d’activité des femmes y est plus bas (75%, contre 86% chez les hommes) qu’ailleurs (entre 79% et 85% dans les autres départements franciliens), en lien notamment avec la surreprésentation des familles nombreuses, des personnes peu ou pas diplômées et des personnes d’origine immigrée.
Dans les territoires de l’Ouest francilien, la situation professionnelle très favorable du conjoint explique des écarts de revenus très défavorables aux femmes. Ainsi, c’est dans les communes les plus riches d’Île-de-France que les inégalités en matière de revenus au sein du couple sont les plus fortes. À Paris, dans les 6e , 7e , 8e et 16e arrondissements, au Vésinet (Yvelines) et à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), communes au sein desquelles les revenus annuels du couple sont les plus élevés (supérieurs à 150 000 euros en moyenne), les femmes perçoivent des revenus près de deux fois inférieurs à ceux de leur conjoint (contribution comprise entre 30% et 35% pour la femme dans le revenu total du couple). La part élevée de cadres dans l’Ouest parisien, ainsi que des décisions, au sein des couples, relatifs à la prise en charge et à l’éducation des enfants, peuvent expliquer cette moindre contribution financière des femmes. À l’inverse, dans les communes les plus pauvres d’Île-de-France, celles où le revenu annuel du couple ne dépasse pas 46 000 euros, la contribution des femmes dépasse très souvent 42%. C’est le cas de La Courneuve, mais aussi d’Aubervilliers, de Drancy et Dugny, toutes situées en Seine-Saint-Denis.