Quel est le principe du revenu de base ?
« Le revenu de base est versé à chaque individu (étudiant, salarié, chômeur…), toute sa vie, quels que soient son âge et son niveau de ressources, sans contrepartie, explique Guillaume Allègre, économiste à l'OFCE. Ce n'est pas le cas du RSA (lire C'est quoi ?), par exemple. » En clair, chaque personne perçoit un revenu sans avoir besoin de travailler. Ce revenu est le même pour tous. C'est un droit. Libre à chacun de travailler pour gagner plus.
Une idée « de gauche » ou « de droite » ?
Instaurer un revenu universel ressemble à une idée de gauche. Pourtant, elle est défendue par des économistes de tous bords, comme les prix Nobel d'économie Milton Friedman ou James Tobin. Les uns, comme Thomas Paine, mettent en avant l'idée de partage, de redistribution : « La terre, bien commun, ne saurait être la propriété absolue de certains. Une part de ses fruits devrait revenir à tous. » D'autres, comme Milton Friedman, la préconisent au nom de la liberté du marché et de l'individu. Une personne à qui on garantit un revenu minimum est plus encline à prendre des risques et à créer une entreprise, par exemple.
Comment ce revenu peut-il être financé ?
« Tout dépend dans quel camp économique on se place : celui des progressistes (“à gauche”) ou des libertariens (“à droite”) », précise Guillaume Allègre. Pour les progressistes, ce revenu doit permettre de couvrir des besoins de base (logement, nourriture…) mais aussi d'avoir des loisirs et une vie sociale. » Il passe par une hausse des dépenses publiques, il est financé par des impôts. « Mais il ne s'agit pas forcément d'impôts sur le revenu des individus. Cela peut être des taxes sur les grosses fortunes, les grandes entreprises du Web ou les multinationales », avance l'économiste Jean-Eric Hyafil, membre du Mouvement français pour un revenu de base. « Pour les libertariens, ce revenu doit se limiter aux besoins vitaux ; il remplace les diverses aides existantes », ajoute Guillaume Allègre. Friedman proposait de supprimer « l'empilement des allocations d'assistanat » (chômage, logement…) pour instaurer un système d'impôt négatif. Une idée reprise par l'économiste Marc de Basquiat, de l'Association pour l'instauration d'un revenu d'existence : « En France, il est possible de financer un revenu de base. Nous proposons de verser 450 euros par mois à chaque adulte et 250 euros à chaque enfant. En contrepartie, tout le monde paie un impôt équivalent à un quart de ses revenus. » « Impossible ! estime Guillaume Allègre. L'État dépense 11 milliards d'euros par an pour le RSA et 17 milliards pour les allocations familiales. Même en comptant d'autres aides, on est loin des 300 milliards que coûterait le versement de ce revenu. »
Quels sont ses avantages et ses inconvénients ?
Éradiquer la misère, protéger les plus pauvres, permettre de choisir son travail… Des avantages sur lesquels tous s'accordent. L'inconvénient, selon les opposants au concept, est de pousser les gens à la paresse en ne liant plus salaire et travail, de les inciter à se reposer sur le travail de ceux désireux de gagner plus.
Ce système a-t-il déjà été appliqué ?
Des expériences ont été menées au Canada, en Namibie, en Inde… « Peu de personnes ont arrêté de travailler. Beaucoup ont repris des études ou des formations », souligne Marc de Basquiat. « Ces expériences n'ont jamais été menées à l'échelle d'un pays entier, tempère Guillaume Allègre. Seule la Finlande l'envisage. Mais le projet est encore en cours de discussion… »
C'EST QUOI ?
Le revenu de base
Aussi appelé revenu d'existence (RE), allocation universelle, revenu citoyen, Basic Income Il s'agit d'un revenu garanti, attribué à tous, sans condition. L'idée a été évoquée pour la première fois durant la Révolution française par l'Anglais Thomas Paine.
Le revenu de solidarité active (RSA)
Allocation mensuelle versée aux personnes les plus pauvres, mise en place en France en 2009. Son montant (d'environ 500 à 1 100 euros) dépend de l'âge, des revenus de la personne et de la composition de son foyer (célibataire, avec ou sans enfants?). Environ 2,4 millions de foyers français en bénéficient. Dans certains cas, en contrepartie, la loi oblige à chercher un travail ou à préparer un projet professionnel.
L'impôt négatif
Théorie notamment développée par Milton Friedman, dont le but est d'assurer un revenu de base pour les plus pauvres. Pour l'atteindre, on considère qu'il faut remplacer l'impôt sur le revenu (dont le taux augmente avec le revenu) par un impôt à taux fixe alors qu'une aide de l'État est versée à tous les contribuables.
Cet article est extrait de l'Eco, hebdo destiné aux 12-16 ans.
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