Q1 : Etes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à la création d'un revenu universel, qui consisterait à verser à chaque Français, de sa naissance à sa mort, un revenu mensuel de 600 à 800 euros, quel que soit sa situation (quelle que soit son origine sociale, qu'il travaille ou pas, quel que soit son niveau de revenu, etc.) ?
- Sous total "favorable" : 35 %
- Sous total "opposé" : 65 %
65% des Français interrogés se déclarent opposés à la création d’un revenu universel pour chaque Français.
Cette idée (née au XVIème siècle en Angleterre) d’allouer à chaque Français un revenu universel de la naissance à la mort émane d’un rapport remis hier au gouvernement par le Conseil National du Numérique.
Dans ce rapport, le Conseil National du Numérique considère que la numérisation de l’économie va entrainer un changement de paradigme sur l’emploi et bouleverser en profondeur le monde du travail en réduisant considérablement le nombre d’emplois disponibles. Pour lui, l’une des manières de répondre à cette situation inédite est de créer un revenu universel en complément des salaires ou revenus pour limiter la paupérisation induite par la numérisation de l’économie. Cette idée qui n’est ni cantonnée à une famille de pensée économique, ni à une famille de pensée politique entraine une difficulté de communication importante pour qu’elle puisse être portée rapidement et efficacement dans le débat public.
Aujourd’hui, ce principe est aujourd’hui appliqué localement dans quelques villes du Canada, des USA, de l’Inde, du Brésil et à Singapour. La Finlande a annoncé souhaiter le mettre en œuvre l’année prochaine. En France, ce concept est défendu de l’extrême gauche à l’extrême droite par une liste hétéroclite de personnalités : les altermondialistes, une partie des Verts, mais aussi par des gens de droite comme Dominique de Villepin ou Frédéric Lefebvre, Christine Boutin ou encore les libertariens.
En communication, l’absence de lisibilité idéologique de cette mesure explique pour partie les résultats du sondage de cette semaine. La difficulté de financer un tel dispositif autrement que par le recours à l’impôt explique également ce résultat.
Si le gouvernement devait annoncer la mise en œuvre d’une telle mesure, à même de bouleverser l’équilibre économique et sociale de notre pays, il devra faire un effort de communication pédagogique particulièrement important pour la faire accepter par l’opinion publique. Cette nécessité pédagogique est d’autant plus impérative que ce résultat montre que les conséquences de la numérisation de l’économie ne sont pas encore perçues avec acuité en France. Pourtant, dans les années qui viennent il est possible que cette idée, fasse son chemin dans l’opinion publique.
Q2 : Pensez-vous que rendre plus facile l'accès à certains métiers, en abaissant le niveau minimum de qualification requis pour les exercer, permettrait de faire baisser le chômage ?
- Sous total "oui" : 52 %
- Sous total "non" : 48 %
52% des Français interrogés considèrent que l’abaissement du niveau minimum de qualification requis pour exercer certains emplois permettrait de baisser le chômage.
Il s’agit là d’une mesure que le ministre de l’économie Emmanuel Macron a suggéré. Elle fait suite aux différentes annonces du gouvernement pour lutter contre le chômage dans les mois qui viennent en réformant le marché du travail. Ce sera l’objet de la loi El Khomri et de la loi Macron 2, dont on ne sait pas encore si elles seront fusionnées.
En matière de lutte contre le chômage, le volontarisme affiché par le gouvernement qui affirme ne pas encore avoir tout essayé et qui depuis plusieurs mois multiplie les effets d’annonces sur de nouvelles mesures (dont celle testée dans l’opinion aujourd’hui par ce sondage) se heurte à la réalité mois après mois des chiffres du chômage.
Il n’en demeure pas moins que si les gouvernements, qui se sont succédés depuis plusieurs années n’ont pas obtenu, loin s’en faut, de résultats probants à même d’endiguer durablement la montée du chômage, les Français interrogés donnent encore un peu de crédit à certaines mesures annoncées.
La réussite du « Jobs Act » imposé par Matteo Renzi il y a 10 mois en Italie, comme les mesures de lutte contre le chômage en Espagne et en Angleterre basées sur la simplification de l’entrée du marché du travail, dont les mesures annoncées par Monsieur Macron et Madame El Khomri sont inspirées sont autant de signes qui expliquent le soutien timide des Français interrogés.
Le président de la République a, faut-il le rappeler, conditionné sa propre réélection à la baisse du chômage. Il reste un an au gouvernement pour faire ses preuves. C’est une durée courte pour avoir des résultats tangibles même si le sondage de ce jour montre que les Français croient encore timidement à des mesures efficaces pour lutter contre le chômage.