Retrouvons la liberté bancaire et monétaire pour éviter les crises

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Par Louis Rouanet Publié le 25 août 2017 à 5h00
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8 %La part du secteur financier dans le PIB américain atteignait 8 % en 2007.

Notre système monétaire étatisé suscite les crises en protégeant ceux qui prennent des risques inconsidérés. Retrouvons le chemin de la liberté bancaire et monétaire.

Dans les années 1960, alors que l’économiste Ludwig von Mises tenait son séminaire à New York, son élève, Murray Rothbard, lui demanda : « quand passe-t-on d’une économie de type capitaliste à une économie socialiste ? ». La réponse de Mises fut concise : quand les gouvernements ferment la bourse, c’est que nous sommes généralement passés d’une économie de marché, décentralisée et fondée sur la propriété privée, à une économie planifiée et contrôlée.

Comme l’a montré Mises, sans propriété privée et donc sans prix de marché, le calcul des coûts devient impossible et le planificateur « navigue dans les ténèbres ». La complexité de la structure de production, décomposée en milliers d’étapes, est souvent ignorée. Dans un monde fondamentalement incertain, où le capital est en déséquilibre permanent et où la demande change perpétuellement, le secteur financier, aussi imparfait qu’il puisse être, est le maillon primordial de la coordination des activités économiques. Sans lui, le bon fonctionnement du processus de marché, visant à assouvir les besoins les plus urgents mais pas encore satisfaits, est gravement menacé.

La déplorable complicité entre les banques et les Etats

Le système financier actuel, dont le contrôle strict et toujours croissant est dominé par l’Etat et les banques centrales, a amené à une situation d’instabilité économique et de parasitisme généralisé de la part du secteur bancaire. Cette complicité entre les Etats et les banques est ancienne. En échange de financement, l’Etat utilise son pouvoir pour cartelliser le secteur financier et le rendre irresponsable de ses méfaits grâce à de très chers renflouements. Il n’est donc pas étonnant que ce soit la « haute banque », et notamment les familles Morgan et Rockefeller aux Etats-Unis, qui militèrent d’abord pour la cartellisation du secteur bancaire par force de loi avec les National Banking Laws de 1863–1865, puis pour la création de la Federal Reserve.

Pour ceux qui ne sont pas familier de l’appellation « haute banque » celle-ci désignait autrefois les banques d’affaires. Voici la description qu’en donne le site financier Mataf.net :

« La haute banque regroupait les banques essentiellement familiales qui inspiraient la plus grande confiance aux clients fortunées et aux grandes entreprises. Ce type de banques prenait en charge les affaires à dimension internationale, le placement des emprunts d’Etat et intervenait sur le marché international des capitaux. »

Cette cartellisation visait à relâcher la discipline imposée aux banquiers par la concurrence et l’étalon-or pour permettre une plus grande émission de crédit fiduciaire dans le but de faire de plus grands profits. Aujourd’hui, le planisme monétaire des banques centrales ainsi que les plans de sauvetage du secteur financier permettent aux banques de prendre des risques inconsidérés tout en vivant au dépend de la classe productive qu’elles disent servir.

L’effet Cantillon appliqué au crédit

Le développement d’un secteur financier hypertrophié est en parfait accord avec l’effet dit Cantillon : les premiers à recevoir l’argent nouvellement créé sont ceux qui en profitent vraiment alors que le reste de la population, une fois que l’argent se sera diffusé dans l’économie, devra payer des prix plus élevés. Les banques ont grossi au-delà du raisonnable avec l’aide des banques centrales et de l’inflation – inflation désormais désignée joliment par quantative easing.

Depuis la création de la Fed en 1913, la part du secteur financier est passée de 1,6% du PIB en 1860 à 2,9% en 1950, 4,7% en 1980 et 8% en 2007. Le capitalisme financier qui favorise les banques et la spéculation est une conséquence du socialisme monétaire. Les politiques monétaires expansionnistes, en baissant le taux d’intérêt au-dessous du taux d’intérêt de marché, créent une décoordination généralisée des plans de production ainsi que des bulles.

Des crises auront lieu quelque soit le système, y compris sur le libre marché. Mais la nature de ces crises dans un système de banque libre est radicalement différente de la nature des crises connues aujourd’hui. Un système de banque libre est anti-fragile, il apprend de ses erreurs et se renforce en surpassant les obstacles qu’il rencontre. L’argument des tenants de l’économie comportementale, selon lequel les marchés ne pourraient pas fonctionner parce que les acteurs sont irrationnels, est fondamentalement vicié.

La juste punition des « comportements irrationnels » ? L’éviction du marché !

Premièrement, cet argument repose sur un jugement de valeur sur ce qui est rationnel et ce qui ne l’est pas. Deuxièmement, les mérites du marché ne se basent pas sur la rationalité des acteurs mais sur le fait que ceux qui agissent « irrationnellement » subiront tôt ou tard des pertes et seront évincés du marché. Ce processus de sélection, qui certes peut causer des crises temporaires, améliorer la stabilité économique dans le long terme. Inversement, le système actuel, avec un haut degré de socialisation de la monnaie, du risque et de la régulation, est systémique : chaque crise amène à de nouvelles règlementations, à de nouveaux renflouements et à des politiques monétaires encore plus laxistes. Dans notre système monétaire étatisé, le risque inconsidéré est mieux rémunéré que la prudence.

Si nous voulons plus de stabilité, plus de progrès et plus de sobriété dans le secteur financier, nous ne devons pas envisager une couche supplémentaire de réglementation. Ceci reviendrait à essayer de soigner le cancer avec du polonium. La solution ne vient pas de Bâle III mais de la prudence des consommateurs ainsi que des solutions apportées par les entrepreneurs.

Liberté bancaire et harmonies économiques

Ce qu’il faut envisager, c’est la liberté bancaire, seule voie susceptible respecter les « harmonies économiques » chères à Frédéric Bastiat. L’économiste du XIXème siècle défendait l’idée que « tous les intérêts légitimes sont harmoniques ». Par conséquent, ceux qui sont illégitimes car issus de privilèges ou cartels sont « inharmoniques » et conduisent à des prises de risque déséquilibrées. Supprimer le monopole de la monnaie des Etats ainsi que toutes restrictions légales à l’entrée dans le secteur financier ; secouer les monopolistes, les obliger par la concurrence à une gestion sobre et responsable ; faire passer la finance du secteur parasitaire au secteur productif : voici le programme de la liberté bancaire. Au diable les privilèges de la finance !

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

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Louis Rouanet est diplômé de Sciences Po et étudiant doctorant à George Mason University aux Etats-Unis. Il est également PhD Fellow et F.A. Hayek Fellow au Mercatus Center. Il écrit régulièrement pour le Ludwig von Mises Institute aux Etats-Unis. Ses intérêts portent principalement sur la politique monétaire.

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