Retraites complémentaires : du mariage pour tous à la retraite pour personne

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Par Charles Sannat Publié le 16 janvier 2013 à 11h03

Les choses finalement, et contrairement à ce que je pensais, avancent plus vite. Il faut dire que nos mamamouchis ont trouvé un nouveau concept positif de novlangue pour nous « vendre » toutes ces évolutions. Il tient bien sûr au mot « sécurisation » sur lequel je fais une petite fixation depuis quelques jours.

Si vous avez aimé l’épisode sur la sécurisation de l’emploi – qui est en fait une augmentation de la flexibilité sans précédent et donc in fine de la précarisation –, vous allez adorer les épisodes suivants sur la sécurisation des allocations chômage que l’on a évoquée hier et celui consacré à la sécurisation des retraites dont on va parler aujourd’hui.

Lorsque ces différents points auront bien été sécurisés, je pense que vous vous sentirez bien en sécurité. Certes un peu fauchés, mais bien sécurisés, et comme c’est la gauche qui le fait, ce sera forcément beau et juste. Nous serons dans un monde merveilleux, où il y aura le mariage pour tous et la retraite pour plus grand monde.

Donc on apprend aujourd’hui que les retraites complémentaires devraient être désindexées, ce qui est le premier pas vers tout simplement une baisse des pensions que l’on ne pourra pas quoi qu’il arrive payer compte tenu du ratio actifs/retraités/chômeurs/montant élevé des retraites.

Retraites complémentaires : la menace d’une désindexation

Patronat et syndicats, qui gèrent les régimes de retraites complémentaires Arrco et Agirc, cherchent des solutions pour « sauver » ces régimes. Le choix ? Augmenter les cotisations ou baisser les pensions. Le MEDEF propose de désindexer la revalorisation des retraites complémentaires par rapport à l’inflation : en 2013, la revalorisation des retraites serait inférieure de 1,5 point à celui de l’inflation, puis inférieure d’un point les années suivantes jusqu’en 2017. Une hausse de la cotisation employeur de 0,1 point est également sur la table.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’il y aura certainement un peu de tout cela en même temps. Imaginer que les retraites pourront, dans un contexte de pression fiscale énorme, être financées uniquement par une augmentation des cotisations est illusoire. Pour mémoire, le déficit des retraites s’élèverait de 20 à 25 milliards d’euros en 2020. Or ce sont 11 millions de retraités qui sont concernés par une éventuelle réforme de l’Agirc-Arrco.

Les pensions de retraites complémentaires Arrco (salariés) et Agirc (cadres) seront-elles revalorisées comme d’habitude le 1er avril prochain ? Rien n’est moins sûr. Patronat et syndicats se retrouvaient ce mardi au siège du MEDEF pour une troisième séance de négociation pour « sauver » ces régimes dont la situation financière est chancelante. Le temps presse maintenant pour 11 millions de retraités concernés qui se demandent à quelle sauce ils vont être mangés. Car il y a le feu. Si rien n’est fait, le déficit Agirc-Arrco dépassera les 10 milliards d’euros en 2017. Et les réserves financières seraient épuisées dès 2017 pour l’Agirc et en 2020 pour l’Arrco.

Comme pour la sécurisation de l’emploi, les syndicats, totalement dépassés par une situation financière cataclysmique à tous les niveaux, devraient se résigner à une telle solution de désindexation qui sera bien sûr comme à chaque fois qualifiée de « temporaire » (vous savez, le célèbre temporaire qui dure ad vitam aeternam) sous réserve que les petites pensions (inférieures à 1 100 ou 1 000 euros par mois) soient épargnées.

Le MEDEF milite également pour un relèvement de l’âge légal de départ pour bénéficier de la retraite complémentaire à l’horizon 2019.

Enfin, et c’est essentiel, Jérôme Cahuzac, le ministre du Budget, a déclaré dans une interview au quotidien Les Echos du 15 janvier, « qu’une désindexation des pensions des régimes complémentaires serait un élément d’appréciation très important ». Car, suivant la nouvelle méthode du gouvernement Ayrault, une décision, si elle était prise par les partenaires sociaux, pourrait servir de modèle pour une réforme en profondeur du financement des régimes de retraite de base. D’après les dernières informations disponibles, cette question sera abordée au printemps.

Les retraites vont baisser. C’est inéluctable. Personne ne veut y croire, mais par petites touches, chaque année, les restrictions seront plus fortes que l’année précédente. Je ne pensais pas que le mouvement serait aussi vite visible en ce début d’année 2013.

Pour continuer avec les bonnes nouvelles, partons maintenant aux États-Unis. Vous savez, ce grand et immense pays en voie de réindustrialisation grâce à l’extraordinaire, que dis-je l’exceptionnelle richesse dégagée par l’exploitation non polluante et même conseillée pour la santé des nourrissons des gaz de schiste (c’est ironique, comme de bien entendu). Je me suis trompé. Encore une fois. Je n’ai pas su voir venir cette réindustrialisation majeure qui va bouleverser durablement le paysage économique mondial (comme de bien entendu c’est ironique).

On apprend donc aujourd’hui que :

L’activité manufacturière est en baisse aux USA

L’activité manufacturière de New York continue de baisser, selon l’indice Empire State de janvier publié aujourd’hui par la Banque centrale américaine (Fed), pour le sixième mois consécutif. Cet indice s’établit à – 7,8, perdant 0,5 point par rapport au chiffre de décembre alors que les analystes prévoyaient au contraire un rebond de l’Empire State à 2,0, niveau qui aurait marqué une reprise de l’activité manufacturière. Eh bien c’est plutôt raté… Enfin, heureusement que Ben le Bernanke fait tourner ses rotatives à billets car je n’ose imaginer la reprise américaine sans ce flot ininterrompu de liquidités qui inonde l’économie depuis plus de cinq ans maintenant.

Le salon de l’auto

Tiens, d’ailleurs, à propos de la reprise américaine toujours. J’entends partout que c’est une année extraordinaire là encore pour les constructeurs automobiles américains. C’est forcément vrai. Même qu’il paraît que l’on a jamais autant vendu de voitures chez tonton Sam. Il faut dire que le parc y est vieillissant (enfin tout ça c’est ce que l’on vous dit). En réalité, en 2007 il y a eu 16 millions de véhicules vendus aux USA. En 2012, année record historique de tous les temps grâce à une reprise inouïe de l’économie américaine… les ventes ont atteint les 14 millions de véhicules soit légèrement en dessous de leur record de 2007, mais c’est sans doute mon esprit chagrin qui me fait voir ce genre de chiffres.

Si nous continuons notre petit voyage et que l’on retourne sur le Vieux Continent en Europe, chez nos « zamis » et voisins allemands, on apprend que :

L’Allemagne revoit à la baisse ses ambitions en matière de croissance

J’adore ce type de titre. Oh… Rien de grave mes braves contrariens, c’est juste nos ambitions que l’on revoit à la baisse, vous savez, dans la vie, c’est important de faire preuve d’un peu d’humilité, il ne faut pas être trop ambitieux, donc on va revoir nos prétentions à la baisse, vous êtes contents j’espère.

Donc la croissance mirifique allemande s’est soldée par une hausse énooooorme de 0,7 % du PIB en 2012. J’en suis encore tout ébaubi, c’est une performance à peine croyable. Heureusement qu’ils vendent des voitures parce que sinon je crois qu’ils auraient été en récession. Je sens que bientôt Angela va moins faire la maligne… enfin je m’égare. Répétez après moi, les Allemands sont les plus beaux, les Allemands sont les plus forts, on devrait tous être allemands… Quoique, je ne sais pas si vous avez remarqué, ces derniers temps on commence à moins nous rabâcher le modèle allemand, mais ne soyez pas inquiets, on a trouvé le nouveau qui va vous convenir, eh oui… C’est la Grèce !

Pour les prévisions, Berlin indique que son PIB ne progresserait que de 0,4 % en 2013 avant de rebondir à 1,6 % en 2014… Mais fin 2013 début 2014, on décalera tout ça à 2015, mais pour l’instant il ne faut pas désespérer le peuple. D’ailleurs, vous avez vu en Grèce, cela fait cinq ans qu’ils leur disent que ça ira mieux demain… enfin l’année prochaine.

Allez, poursuivons ce festival puisque l’actualité a été particulièrement riche aujourd’hui et revenons chez nous.

Renault veut supprimer 7 500 postes en France d’ici 2016

Le groupe compte sur 5 700 départs naturels et exclut tout plan de départs volontaires. Eh oui, ce sera uniquement des départs forcés !! Comme le compte n’y est pas avec les départs naturels, il ne reste plus qu’à désigner d’office les non-volontaires qui rejoindront les cohortes du Pôle Emploi, où leur avenir sera bien, bien sécurisé. Renault va donc se délester d’environ 15 % de ses effectifs en France. Je maintiens donc avec force qu’il faut se préparer à une évolution dramatique des capacités de l’État-providence qui vont se réduire comme peau de chagrin.

C’est sur la double hypothèse d’une crise monétaire et d’une fin programmée de l’État-providence qu’il faut baser votre gestion patrimoniale et votre préparation. Au bout du compte, il n’y aura que deux catégories de personnes : ceux qui se seront préparés et les autres.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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