Selon toute vraisemblance, l’ancien sénateur Alain Vasselle, médecin de son état, devrait prochainement perdre la présidence du Haut Conseil du Financement de la Protection Sociale, chargé de conseiller le gouvernement sur ce sujet, au profit de l’universitaire Mireille Elbaum.
Celle-ci, ancienne conseillère de Martine Aubry dans les années 90, enseigne au CNAM [Conservatoire National des Arts et Métiers NDLR]. Faut-il voir dans ce mouvement une simple opération de copinage ? Pas sûr. Car Mireille Elbaum est une spécialiste du financement de la protection sociale et a notamment défendu dans une note de l’OFCE [Observatoire Français des Conjonctures Economiques NDLR] qu’elle a rédigée des positions qui méritent d’être suivies avec le plus grand intérêt.
D’une part, elle y prône des aménagements à la réforme de 2010, destinés notamment aux carrières longues, qui sont tout à fait conformes et même plus aux mesures adoptés par le gouvernement dès sa prise de fonction. On ne peut qu’y voir le signe de l’influence effective des doctrines de Mireille Elbaum au sein de la majorité présidentielle.
D’autre part, elle propose des pistes intéressantes pour une réforme systémique de la sécurité sociale : "Une éventuelle réforme systémique" pourrait quant à elle déboucher sur la mise en place d’un système unifié de retraites par points ou en comptes notionnels. Analysée par le COR [Conseil d'Orientation des Retraites NDLR] en 2010, elle présente sans conteste un intérêt en termes de transparence et de lisibilité, surtout si sa mise en place s’accompagne d’une harmonisation des règles entre régimes, écrit-elle.
Que signifie ce sabir ? D’abord que Mireille Elbaum semble favorable à l’unification et à la centralisation du système français de retraites, aujourd’hui très atomisé. Cette idée ambitieuse peut être entendue de deux façons. Soit Mireille Elbaum prône un régime universel incluant aussi les fonctionnaires. Soit elle limite cette idée à l’unification des régimes privés, en rapprochant, voire fusionnant le régime général et les régimes complémentaires (AGIRC-ARRCO).
Dans les deux cas, il s’agit bien d’une révolution. Ensuite, le passage à un système par points, appelé également comptes notionnels par ses défenseurs, constituerait un tremblement de terre pour les cotisants. En effet, le système par points permettrait à chacun d’accumuler un capital de droits à la retraite, comme dans les régimes complémentaires.
De cette manière, chaque assuré social pourrait arbitrer à sa guise le moment où il choisit d’arrêter sa vie professionnelle et de liquider sa retraite, dont le montant est lié au nombre de points et à la durée de vie estimée. Bien entendu, la nomination de Mireille Elbaum au Haut Conseil ne signifie pas que le gouvernement adhère à ces positions.
En revanche, elle annonce une phase de réflexion ouverte, qui promet de secouer les idées reçues.