Savez-vous que la France est l’un des pays développés où l’on part à la retraite le plus tôt ?
Le Conseil d’orientation des retraites vient tout juste de publier une étude comparative sur les systèmes de retraite, entre une dizaine de pays riches. Résultat, c’est chez nous que l’on passe le plus de temps à la retraite, et ce n’est pas parce que nous vivons plus longtemps que les autres ! En France, la retraite durerait en moyenne 23 ans.
Pourtant, il y en a pour qui cette promesse de deux décennies de tranquillité ne suffit pas, certains sont démangés par l’envie de quitter la vie active. Quitte à ne pas remplir toutes les conditions requises pour toucher pleinement leur pension retraite. Si l’on part à la retraite avant la date prévue, que risque-t-on ??Juridiquement, rien. Les conséquences se font sentir sur le plan financier.
Car — mais je ne doute pas que vous le sachiez — pour toucher pleinement sa pension retraite, il faut cumuler un certain âge et un nombre précis de trimestres cotisés. Il peut donc vous manquer une de ces deux composantes, voire même les deux.
Une « bonne » nouvelle…?
Partons sur le pire cas de figure : vous n’avez pas cotisé assez longtemps et vous n’avez pas non plus atteint l’âge légal de départ à la retraite, en fonction de votre année de naissance. Une décote va donc s’appliquer au montant de la pension que vous allez toucher une fois à la retraite. Et mieux vaut mesurer la portée de cette décote, car elle s’applique à vie !
Pour adoucir votre déception, sachez que l’administration fait un petit geste sympathique. Elle calcule en effet votre décote en fonction des deux données :
le nombre de trimestres manquants ;
l’équivalent en nombre de trimestres du temps qui vous sépare de l’âge légal de départ.
Si les résultats sont différents, elle ne conservera que le scénario qui vous est le plus favorable ! Ce dernier ne peut être supérieur à 20 trimestres. En fonction de ce nombre de trimestres non cotisés, il sera appliqué à votre retraite à taux plein un coefficient de minoration. Autre bonne nouvelle : si vous avez dépassé l’âge de 67 ans mais n’avez toujours pas cotisé le nombre adéquat de trimestres, vous sortez du système de la décote pour entrer dans celui, moins pénalisant, de la proratisation.
… et quelques mauvaises nouvelles?
Voilà pour les nouvelles positives. Place maintenant à celles qui le sont un peu moins. En effet, prendre sa retraite en avance a un impact sur son régime général de retraite. Manque de chance, cela vient aussi minorer votre retraite complémentaire, si vous en avez souscrite une. Les régimes Arrco et Agirc répercutent eux aussi le temps non cotisé. Financièrement, vous serez donc doublement pénalisé si vous décidez de ne pas remplir toutes les conditions nécessaires pour quitter la vie active. Enfin, il ne s’agit pas d’une mauvaise nouvelle mais plutôt d’une différenciation.
En effet, le taux de minoration de la pension est calculé différemment dans le secteur privé et public. Jugez plutôt. Voici, dans le secteur privé, les coefficients de minoration appliqués pour chaque trimestre non cotisé, en fonction de l’année de naissance.
1946 : 2,125%
1947 : 2%
1948 : 1,875%
1949 : 1,75%
1950 : 1,625%
1951 : 1,5%
1952 : 1,375%
1953 et après : 1,25%
Dans le secteur public, le taux de décote appliqué à chaque trimestre non cotisé varie en fonction de l’année d’ouverture des droits à la retraite.
2011 : 0,75%
2012 : 0,875%
2013 : 1%
2014 : 1,125%
2015 et au-delà : 1,25%
Pour connaître votre minoration, il ne vous reste donc plus qu’à multiplier le taux qui vous concerne par le nombre de trimestres non travaillés. Si vous envisagez sérieusement de prendre votre retraite avant la date prévue, il existe des conseillers spécialisés qui peuvent vous informer sur les répercussions financières exactes de votre décision. Utile quand vous avez cotisé à plusieurs régimes. Mais bien sûr, cela n’est pas gratuit. Et mieux vaut s’y prendre en avance, car le délai de traitement des dossiers est long.
Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit