À quel montant se chiffrent en moyenne les restes à charge en santé? Une campagne de propagande protéiforme se déchaîne pour maintenir l’idée que l’accès aux soins est réservé à une élite et que les plus pauvres n’ont plus accès à la médecine en France. Dans ce domaine très technique où les points de vue peinent à se frayer un chemin, l’IRDES a publié une étude qui remet les choses au point.
On notera en particulier ce graphique qui fait sens:
Ce tableau dresse un bilan des véritables restes à charge en santé, parmi un échantillon d’assurés ayant eu un reste à charge global supérieur à 1.110€ en 2010.
L’analyse des données montre que 10% d’entre eux devaient 10€ aux urgences (somme que l’on reconnaîtra modique), quand 90% d’entre eux ne devaient rien. On notera aussi que 10% d’entre eux seulement avaient un reste à charge à l’hôpital public, et 25% d’entre eux un reste à charge en optique.
Parmi les bizarreries de ce classement, le reste à charge de l’hospitalisation privée est moins important que celui de l’hôpital public. Encore une idée reçue qui tombe à l’eau.
Les restes à charge en optique et en dentaire
Sans surprise, les plus gros restes à charge proviennent de l’optique et du dentaire. Or, ce sont précisément les domaines où la sécurité sociale intervient le moins… mais où Marisol Touraine a fini (en tout cas en optique) par plafonner les remboursements en complémentaire santé. Elle a, en son temps (2014), justifié ce plafonnement par le souci de limiter les tarifs en insolvabilisant la patientèle!
Cette logique de pénurie organisée s’est aussi appliquée à un autre poste de dépense important: les spécialistes, qui produisent d’importants restes à charge.
Une fois de plus, on s’étonnera du mode de raisonnement de la ministre de la Santé, qui rationne les remboursements sur les postes les plus coûteux, au nom de la solidarité et de la responsabilité. Pour ensuite déplorer les difficultés d’accès aux soins.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog