Le rôle social et sociétal des entreprises

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Par Nicole Notat Modifié le 31 octobre 2012 à 6h22

Il y a dix ans, quand nous avons créé Vigeo, nombre d’acteurs économiques pouvaient penser que le mouvement de dérégulation triomphante généré par l’administration Reagan était irrésistible.

Les actionnaires réclamaient des dividendes à deux chiffres, le libéralisme triomphait en tous domaines, idéologiques et organisationnels. Et la financiarisation de l’économie paraissait souveraine. L’unique critère de la réussite d’une entreprise était son résultat, son profit.

Le profit, il faut que les entreprises en fassent. C’est le moteur du développement, de l’investissement, de la recherche. Mais nous pensions ‒ et nous n’étions pas les seuls ‒ que cette condition nécessaire n’est pas une condition suffisante. Qu’il fallait également apprécier les entreprises à l’aune du respect du droit du travail (y compris chez les sous-traitants), du respect des droits de l’homme, du respect des normes environnementales.

Au critère financier, fort utile pour l’investissement, nous avons joint des critères extra financiers, fondés notamment sur les recommandations de l’organisation internationale du travail. Quelques patrons, tel Antoine Riboud, avaient ouvert la voie en déclarant que l’entreprise avait aussi une fonction sociale et sociétale. La crise, d’une part, la mondialisation des échanges, de l’autre, leur ont donné raison et nous ont donné raison.

Si une centrale nucléaire est défaillante au Japon, c’est un enjeu planétaire. Si une compagnie pétrolière pollue le Golfe du Mexique, c’est l’affaire de tout un chacun. Si les salariés du sous-traitant chinois d’Apple vivent des conditions de vie et de travail dégradantes, leur protestation interpelle tous les utilisateurs d’IPhone. Les multinationales étaient décrites, parfois non sans raison, comme prédatrices. Il n’est plus de leur intérêt de l’être.

Ce n’est pas seulement une question d’éthique, c’est une question d’image ‒ donc de coût. De plus en plus d’investisseurs veulent savoir où ils investissent, ce que sont vraiment les pratiques d’un groupe ou d’une société. Et nombre d’entreprises elles-mêmes se tournent vers nous pour que nous leur offrions, sans complaisance, un diagnostic de leur comportement réel.

C’est ce que nous nommons l’entreprise socialement responsable, l’investissement socialement responsable. Ce n’est pas charité, mais nécessité. Et c’est l’avenir. Tant mieux.

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Nicole Notat fut la première femme en charge d’une centrale ouvrière, la CFDT. D’ordinaire, les ex-dirigeants syndicaux ne créent pas d’entreprise. En 2002, elle devient patronne d’une entreprise originale, une agence de notation "extra-financière", Vigeo

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