Réseaux sociaux : éduquer au numérique pour éviter les dérives

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Par Thomas Fauré Publié le 13 février 2017 à 5h00
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@shutter - © Economie Matin
2,31 milliards2, 31 milliards de personnes sont actives sur les réseaux sociaux, dans le monde.

Depuis une dizaine d’années, les réseaux sociaux se sont ancrés dans nos quotidiens. Et cette règle se vérifie aussi chez les adolescents, et parfois même les plus jeunes enfants, qui utilisent abondamment Facebook, Snapchat, Instagram, ou encore Twitter pour communiquer entre « amis ».

Mais ils ne comprennent pas toujours les rouages qui se cachent derrière ces mastodontes du web ni les risques qui peuvent en découler. En effet, l’impact peut être tel que leur quotidien peut véritablement basculer : cyber harcèlement, usurpation d’identité, ou encore cyberflashing sont malheureusement devenus aujourd’hui monnaie courante.

Face à cette nouvelle réalité, les parents et le corps enseignant sont souvent tiraillés entre deux approches. La première consiste à interdire l’utilisation de ces réseaux - mais il est illusoire et contreproductif de vouloir empêcher les jeunes adolescents de vivre avec leur temps. La deuxième approche tient plus de la résilience : l’adulte considère qu’il ne connaît pas grand chose aux réseaux sociaux – qui ne font pas partie de son quotidien – et laisse donc le jeune utilisateur en totale autonomie. Mais un juste milieu existe. Car si parfois les réseaux sociaux sont néfastes, il est surtout question du comportement – parfois déviant - des individus face à ces outils. Pour éviter les dérives, il faut accompagner l’adolescent dans son apprentissage du numérique : lui montrer les usages adéquats mais aussi leurs limites.

Réseaux sociaux : mettre fin à l’extimité

L’adolescent - souvent livré à lui-même sur les réseaux sociaux - ne réalise pas l’impact du numérique. En effet, le jeune utilisateur est dans un environnement intime (son domicile, seul dans les transports, etc.), se sent en confiance et c’est justement cette supposée confiance qui entraine ce phénomène d’extimité que l’on pourrait qualifier d’intimité exposée. Car lorsqu’il utilise les réseaux sociaux, l’adolescent ouvre une fenêtre sur le monde extérieur. Résultat : l’adolescent se comporte souvent comme il le ferait sein de son foyer ou de son cercle amical proche, tout en s’exposant aux regards des internautes. La « retenue » traditionnellement liée au fait d’être en public disparaît.

C’est cette logique d’extimité qui engendre diverses pratiques à risques, comme la publication de photos personnelles ou le cyber harcèlement : le jeune utilisateur se sent à l’abri derrière son écran et dépasse les limites qu’il se serait fixé en public. L’éducation au numérique consiste donc tout d’abord à faire comprendre que les réseaux sociaux, et plus largement Internet, sont une « place publique » sur laquelle les règles de bienséance s’appliquent toujours.

Le numérique s’apprend au sein d’un espace de confiance

Pour permettre cet apprentissage, les jeunes utilisateurs doivent évoluer au sein d’un environnement de confiance dans lequel l’utilisateur est protégé par défaut. L’outil choisi doit répondre à des exigences aussi bien juridiques que techniques : la possibilité d’effacer définitivement les données, l’existence d’un contrôle parental ou encore d’un système anonyme de signalements de messages abusifs. Les conséquences seront effectivement différentes en fonction de l’outil utilisé, de ces paramètres de confidentialité, et de sa viralité.

Le réseau utilisé pour l’éducation au numérique doit, en quelque sorte, être semblable a une cour de récréation - qui représente également un lieu d’apprentissage des normes et des règles de vie en société. L’enfant ou l’adolescent peut y commettre des erreurs, mais ces dernières n’auront pas de lourdes conséquences car elles seront limitées dans le temps et l’espace – seules les personnes présentes à ce moment là seront témoins de cette erreur. De plus, l’enfant évolue au sein d’un environnement contrôlé et dont les intervenants sont connus. Sur les réseaux sociaux les plus connus, il est difficile de contrôler qui a accès ou non aux informations et qui peut interagir avec les jeunes utilisateurs. Par ailleurs, le réseau social en lui même interagit en mettant en avant des contenus et des publicités non-désirées.

L’adolescent n’est pas au sein d’un cercle à taille humaine mais plutôt au sein d’un écosystème dont il ne connaît qu’une très faible composante. Les erreurs peuvent rapidement être préjudiciables : même si le droit à l’oubli connaît des progrès ces dernières années, certaines informations ne peuvent jamais être totalement effacées, des traces subsisteront toujours sur Internet.

Les réseaux sociaux doivent avoir une finalité en milieu scolaire

L’apprentissage du numérique se fait aussi bien dans le cadre familial que le cadre scolaire. Mais, il est important que le corps enseignant fasse appel aux réseaux sociaux de manière raisonnée, dans le but d’améliorer les échanges et la collaboration entre les élèves. L’apprentissage du numérique doit servir un projet éducatif plus global pour être réellement efficace. Le réseau social constitue une prolongation de la salle de classe, il peut être mis en place pour permettre aux élèves d’échanger entre eux, avec des élèves d’un autre établissement en France ou à l’étranger, ou encore avec des professeurs.

L’utilisation d’un réseau social adapté et de confiance servira alors à améliorer et faciliter le quotidien des élèves. En plus de collaborer plus efficacement, ils apprendront en parallèle à se servir d’un outil numérique en suivant les codes d’écriture et d’usages en vigueur. Pour que l’éducation au numérique prenne tout son sens, le réseau social doit rester un outil au service d’un besoin et ne pas devenir une finalité en soi.

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Thomas Fauré est CEO et fondateur de Whaller, une plateforme de création de réseaux sociaux privatifs.

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