Comme je le dis très souvent, Ambrose Evans Pritchard est l’un, pour ne pas dire le meilleur des journalistes économiques d’investigation du monde. Aujourd’hui, je vous propose la traduction de son dernier article consacré au mythe de la croissance européenne et de la reprise. Le goinfrosaure de l’Élysée pour qui la France-va-mieux va pouvoir aller prochainement se rhabiller !!
Pendant ce temps, le goinfrosaure Jean-Claude Juncker, récompensé pour ses brillants états de service par le poste suprême de président de la Commission européenne, a décidé de mettre sous amende l’Espagne et le Portugal.
Oui je dis récompensé, car il faut dire que ce type de goinfrosaure est assez efficace dans la prédation puisqu’il était à la tête d’une toute petite meute située en plein coeur du territoire européen et qui assurait une forme « d’optimisation fiscale » de haut niveau pour permette à d’autres goinfrosaures encore plus gourmands d’échapper aux impôts.
Alors il est évident qu’en demandant à nouveau plus d’austérité aux pays du Sud, il y a peu de chance que l’Europe voit sa croissance repartir à la hausse bien que tout le monde sait pertinemment désormais que sans croissance de dette, il n’y a aucune chance de croissance économique tout court.
Bon, remarquez, ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre puisque je considère depuis des années que dépenser 10 pour obtenir 2 de croissance est économiquement totalement stupide et qu’il faut au contraire nous mettre en marche collectivement pour entamer notre grande conversion vers un monde de simplicité volontaire où nous devons faire croître notre technologie, nos savoirs et connaissances mais décroître nos besoins de consommation en augmentant significativement la durée de vie de l’ensemble de nos produits (qui doivent être conçus pour être up-gradés et recyclés en totalité).
L’austérité sans projet proposée par l’Europe est une ineptie !
Je n’ai aucun problème pour changer ma manière de vivre si cela est utile pour mes enfants et qu’un meilleur avenir leur est ainsi assuré. Mais pour que les peuples puissent accepter cela, il faut définir un projet, une vision, un objectif transcendant pour mobiliser les énergies.
Là on nous impose une austérité sans fin et sans but si ce n’est celui d’engraisser chaque jour un peu plus quelques goinfrosaures déjà bien repus. Ils sont banquiers, grands patrons ou encore milliardaires, et chaque mois ils captent encore plus de la richesse en massacrant le monde, l’environnement, les ressources et en sacrifiant l’humain.
Non seulement un autre monde est possible mais c’est aussi souhaitable parce que ce système économique est tout simplement insoutenable à moyen terme et là encore, tout le monde le sait.
Je vous laisse maintenant avec l’article de notre amis anglais.
Article d’Ambrose Evans Pritchard publié sur le site du Telegraph le 10 mai 2016 :
« La reprise de la zone euro, qui aura fait long feu, est déjà en perte de vitesse alors que les effets des stimulations se dissipent et que ses gros problèmes structurels refont surface, faisant craindre qu’on ait assisté à de nouveaux faux espoirs et que l’on fait désormais face à un piège déflationniste si aucun choc extérieur n’a lieu dans les mois à venir.
La production industrielle a chuté de 1,3 % en Allemagne et de 0,3 % en France en mars, faisant mentir les prévisions d’expansion robuste. Cette rechute dans toute une série de pays suggère que les estimations instantanées annonçant 0,6 % de croissance au premier trimestre étaient trop optimistes et devront être revues à la baisse.
« La reprise ne gagne pas en traction. Je m’inquiète vraiment d’un nouveau spasme de la crise de la dette durant l’été, » a déclaré Lars Christensen de Markets and Money Advisory.
La zone euro a bénéficié de conditions favorables durant ces 12 derniers mois, profitant du pétrole bon marché, d’un euro plus faible, des achats obligataires de la BCE et de la fin de l’austérité fiscale, tous ces facteurs s’étant coordonnés pour former « une tempête parfaite positive ». « Si cela n’est pas suffisant pour créer de la croissance, alors rien n’y parviendra », a déclaré Nouriel Roubini de l’université de New York.
Chacun de ces facteurs s’affaiblit ou est en train de se retourner. Depuis le début février, les cours du pétrole ont explosé de 75 %. L’euro s’est apprécié de 5 % durant les 6 derniers mois pour être aujourd’hui plus haut que lorsque la BCE a lancé son assouplissement quantitatif afin de le faire baisser (…).»
Pour résumer la suite de l’article :
- Le système bancaire européen est plus fragile que jamais, notamment en Italie, où les créances douteuses s’accumulent.
- Les États endettés, qui accumulent les déficits comme le Portugal et l’Espagne, n’ont pas les moyens de renflouer ce système bancaire. La Grèce est de nouveau au bord du précipice.
- La dette des entreprises reste élevée, par exemple en Espagne ; aucune reprise durable n’est donc possible.
- Le risque déflationniste est plus grand que jamais, malgré les stimulations de la BCE. Par exemple, durant les 6 derniers mois, l’inflation des services s’est élevée à seulement 0,2 %, soit à un fifrelin de la déflation.
En attendant, mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Article écrit par Charles Sannat pour son blog