Cela devrait être une bonne nouvelle, mais comme souvent en France, c'est en fait tout l'inverse. Selon une étude réalisée par Pôle Emploi en... 2009 (!) sur plus de 40 000 demandeurs d'emploi, plus d'un tiers d'entre eux ont retrouvé du travail en changeant de métier. On se pince en imaginant qu'une étude d'une telle importance stratégique ait pu aboutir à de telles conclusions cinq ans après la collecte des données, dans un contexte qui n'avait rien à avoir avec aujourd'hui, mais c'est ainsi.
Selon l'étude de Pôle Emploi, plus de la moitié des demandeurs d'emploi qui ont changé de métier pour pouvoir retravailler l'ont fait sous la contrainte, pour avoir un emploi "coûte que coûte". Paradoxe, cependant : dans ces "switcheurs", les jeunes sans qualification et sans diplôme sont surreprésentés : difficile de parler alors de véritable mobilité professionnelle. Il faudrait plutôt évoquer la différence entre l'emploi espéré et recherché et l'emploi trouvé au final. Autre population qui change de métier sous la contrainte : les chômeurs de longue durée, ou en fin d'indemnisation, chez qui les femmes sont surreprésentées. Sans tomber dans les clichés, on imagine aisément que les femmes seules (ou non) ayant un ou des enfants à charge sont plus déterminées à reprendre un emploi, quel qu'il soit, soumises à la contrainte financière.
Finalement, cette étude enfonce certaines portes ouvertes, mais souffre surtout d'un terrible biais statistique, portant sur des données désormais obsolète. La situation de l'emploi en France a considérablement changé entre 2009 et 2014 : il y avait 2,5 millions de chômeurs en France en 2009 contre 3,4 millions en 2014, mais surtout en 2009, il y avait 500 000 chômeurs de plus qu'en 2008 à cause de la crise, brutale. Plus de 20% des chômeurs de 2009 étaient donc des nouveaux chômeurs.... L'étude révèle toutefois qu'en 2009 en tout cas, les principaux "switcheurs" sont ceux qui ne sont pas installés dans une carrière, quand le traitement de fond du chômage devrait permettre justement à ceux qui sont "plantés" après plusieurs années d'activité, dans un métier aux perspectives bouchées, de se reconvertir. L'étude révèle aussi bien que cela paraisse évident que la mobilité professionnelle est plus facile en Ile-de-France, le principal bassin d'emploi français.
On espère que cette étude sera reconduite, mais cette fois sur des données statisitiques plus fraîches, afin de permettre d'éclairer plus efficacement les politiques de lutte contre le chômage destinées à favoriser les changements de carrière soutenus par la formation professionnelle...