C’est la fin de l’été. Les marchés donnent un avant-goût prononcé de ce qui nous attend cet automne. Comme pour le Vésuve, un panache de fumée s’élève dans le ciel… et un nuage de poussière plane sur les marchés. Le sol économique gronde et les animaux s’enfuient.
Mais les compères arrivent pour nous dire de ne pas nous inquiéter.
Qui sait ce qui se passera ensuite ? Lorsqu’il s’agit de prévisions boursières, votre correspondant est un plombier relativement compétent. Nous savons réparer une fuite et déboucher les toilettes. Hélas, notre historique d’extra-lucide est moins régulier. Nous avons rarement tort mais nous sommes souvent tellement en avance que lorsque l’événement se produit, tout le monde a oublié que nous l’avions prédit.
Mais aujourd’hui, nous sommes encouragé et enhardi. Nous roulons des mécaniques, comme un poète fluet qui entre dans un bouge en sachant que des géants le suivent. Oui, la prévision du célèbre analyste John Hussman est très semblable à la nôtre.
"Le déclin de la semaine dernière, bien qu’apparemment significatif, était en réalité un exemple assez banal de la ‘distorsion déplaisante’ qui a régulièrement succédé à des conditions boursières similaires tout au long de l’histoire. Il nous faut faire ici la distinction entre les causes et les déclencheurs. Si l’on apporte une brouette de dynamite parmi une foule de jongleurs de feu, il y a peu de chances que les choses se terminent bien. La cause de l’inévitable désastre est la dynamite ; le déclencheur est celui qui laisse tomber sa torche. De même, une fois que des valorisations extrêmes ont été établies par une spéculation qui est permise (1997-2000), encouragée (2004-2007) ou activement promue (2010-2014) par la Réserve fédérale, un effondrement se produira inévitablement. En privant les investisseurs de rendements sûrs, la politique activiste de la Fed a encouragé des bulles de valorisation répétées — et des krachs répétés — dans les actifs risqués. Sur la base des mesures de valorisation ayant la plus forte corrélation avec les rendements boursiers réels, nous nous attendons à ce que le S&P 500 chute de 40%-55% d’ici la fin du cycle boursier actuel. La seule incertitude concerne les déclencheurs."
Un déclin de 50% sur les 10 prochaines années, telle est notre prévision. Nous nous y tiendrons en espérant vivre assez longtemps pour la voir se vérifier — ou en tout cas, espérant vivre assez longtemps pour voir ce qui se passe.
Mais cette prévision concerne les prix réels, non les prix nominaux. Parce que nous avons le sentiment que les autorités ne resteront pas inactives alors que le gouvernement perd des revenus, que les zombies entrent en rébellion et que les compères et les soutiens de campagnes électorales perdent une grande partie de leur fortune.
Que va faire Janet ? ?
A dater de juin, le public américain détenait 84 000 milliards de dollars d’actifs nets. Un déclin de 50% des prix des actions effacerait 12 000 milliards de dollars de cette somme. L’immobilier baisserait probablement aussi — en particulier dans le haut-de-gamme. Cette maison ultra-chère en Floride, par exemple, mise sur le marché à 139 millions de dollars, devrait alors être vendue aux enchères. Combien rapporterait-elle ? 10 millions de dollars ? 50 millions ? Qui sait ?
La partie la plus risquée du marché obligataire serait également malmenée. Lorsque les choses se gâtent, les écarts entre les junk bonds et les obligations jugées plus sûres (celles du Trésor US, par exemple) s’élargissent. Des secteurs entiers font faillite.
Voici par exemple Bloomberg qui nous parle de la dette pétrolière :
"Alors que le prix du pétrole se languit à son plus bas niveau en six ans, les producteurs doivent trouver un demi-millier de milliards de dollars pour rembourser leurs dettes. Certains pourraient ne pas y parvenir. Le nombre d’obligations d’entreprises du pétrole et du gaz offrant des rendements de 10% ou plus — un signe de difficultés — a triplé au cours de l’année passée, ce qui laisse 168 entreprises en Amérique du Nord, en Europe et en Asie détenant cette dette, selon les données compilées par Bloomberg. Le ratio dette nette/bénéfices est le plus élevé de ces deux décennies. Si le pétrole reste aux environs des 40 $ le baril, les répercussions pourraient être profondes, selon Kimberley Wood, partenaire pour les fusions-acquisitions pétrolières chez Norton Rose Fullbright LLP à Londres".
Ca va. Ca vient. Inutile d’avoir trop d’imagination pour voir l’argent facile des sept dernières années retourner d’où il venait — c’est-à-dire nulle part.
Que ferait Sainte Janet ensuite ?
Même aujourd’hui, dans des conditions moins inquiétantes… en partant du principe que les marchés vont rester calmes… va-t-elle augmenter les taux le mois prochain comme prévu ? Probablement pas.
Les taux de croissance monétaire déclinent. Les prix à la consommation sont stables, ils n’augmentent pas, tandis que les attentes d’inflation chutent. Les chiffres du chômage et du PIB US donnent l’impression que l’économie tourne bien, mais mieux vaut ne pas regarder sous le capot !
Avec des marchés boursiers aussi fragiles, Sainte Janet risquera-t-elle d’être celle par qui la panique mondiale arrivera ?
Non. Pas d’augmentation de taux en septembre. Au lieu de ça, lorsque le krach reprendra, nous verrons de l’argent encore plus facile, et non l’inverse. Nous sommes en route pour une issue à la Hormegeddon. Reculer n’est pas une option. Il faut avancer — vers le désastre.
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