24, 23, 16, 12, 7 et 10 ne sont pas les chiffres gagnants de la prochaine grille du loto mais ceux des tous premiers sondages avec à ce jour déjà la dizaine de candidats déjà sur les rangs.
Oui mais, il n’y a pas à dire, au moment où j’écris ces lignes, rien n’est clair dans le paysage politique français pour avril 2022.
La rentrée politique : pour l’instant que des protagonistes de 2017
Déjà les deux finalistes de 2017 sont dans les starting-blocks avec deux modes de vie politiques différents.
D’une part Marine Le Pen s’éclipse du monde médiatique le plus possible pour ne pas apparaître clivante sur les sujets chauds du moment…enfin ceux de l’année : la crise sanitaire, depuis fin août la mise à la retraite du professeur Raoult, l’émergence d’Éric Zemmour dans la campagne présidentielle et l’arrivée des talibans, plutôt leur retour, au pouvoir en Afghanistan. Quel silence assourdissant ! Ou plutôt quel manque de réaction. Il faut dire que dans la perspective d’une nouvelle finale présidentielle dans huit mois qui lui paraît promise, la cheffe du RN ne peut pas trop radicaliser son discours sur tous ces sujets si sensibles, sous peine de perdre les plus « modérés » de ses électeurs.
D’autre part, le président de la République Macron jouit de sa position de sortant. Il n’a aucunement besoin de se positionner trop tôt, « jurisprudence Mitterrand » 1988 oblige. Cela lui permet de passer quasiment le premier été sans trop de dégâts. Son allocution du 12 juillet a même eu l’effet escompté côté vaccination. Les effets induits, sans jeu de mots, apriori ont permis de passer cet été sans étranglement du système de santé et regain absolu de pression au niveau du corps médical. Il lui reste à gérer au mieux cette rentrée pour envisager une fin d’année presque sereine. Justement, pour la rentrée, son voyage de trois jours à Marseille marque une implication dans la vie des territoires qu’il a tant dénigrés en début de mandat. A lui et ses ministres de n’être pas seulement dans de la communication pure…. Ce serait totalement contreproductif.
Reste alors le reste de l’échiquier politique. A gauche, il est fort à parier que pas moins de cinq candidats vont se présenter en ordre dispersés. Le premier d’entre eux, le Cheslin Kolbe (joueur de rugby aux crochets dévastateurs) de la laïcité, est l’indéboulonnable, l’inoxydable et irascible Jean-Luc Mélenchon. La FI a donc élu en interne…… non désigné en interne comme seul candidat. Des meurtres d’adolescents à Marseille ? Le député de Marseille a été aux abonnés absents. Toujours cordial avec le citoyen lamda qui l’aborde, iIl ne peut pas tout faire : se préparer contre Eric Zemmour lors de ses universités d’été et avoir des propositions à soumettre pour sa ville…
Si tu me cherches…tu me trouves…. ou pas
Côté EELV, la rentrée s’est faite à leurs universités d’été aussi. Avec quatre élèves… candidats : du plus discipliné, donc suspecté d’être déjà du système, à l’ancienne bonne élève, jusqu’au troublion des Alpes et à la plus remuante, aux paroles brouillonnes qui mériterait d’entrée un « doit se canaliser, peut mieux faire ». A la première récré certains se seraient même frictionnés, devinez qui ? C’est le surveillant général, celui qui a gagné en cravate ce qu’il a perdu en cheveux qui les a convoqués et a communiqué par mail. Rien de grave mais « qu’on vous y reprenne plus ! ». Ça promet leur primaire !
Le PS tente de se positionner dans la perspective de cette joute présidentielle. Stéphane Le Foll a beau se démener, la maire de Paris Anne Hidalgo, propulsée sur le devant de la scène nationale, aura fort à faire pour ne pas faire coïncider son futur score avec le chiffre des prochains panneaux de limitation de vitesse de la capitale aujourd’hui passés de 50km/h à 30km/h….et bientôt 6,5 ?
Fabien Roussel pour le parti communiste français part lui de loin. Il faut faire oublier les Georges Marchais, André Lajoinie et Robert Hue et le score microscopique de Marie-Georges Buffet, moins de 2%. Marquant la fin du soutien à Jean-Luc Mélenchon, et essayant de tracer son chemin politique en abordant des thèmes jusque-là parfois tabous comme la sécurité,… Fabien Roussel pourrait être une surprise, ou à tout le moins un sacré caillou dans la chaussure de Jean-Luc Mélenchon.
On n’oubliera pas non plus les candidatures possibles du NPA et Lutte Ouvrière, avec les stars Nathalie Arthaud et Philippe Poutou et le panorama à gauche de l’échiquier est complet.
Concours de premier de la classe
A droite, outre la candidature du désormais classique « en colère mais pas trop » Nicolas Dupont-Aignan, ne manque plus que de suivre, à l’autre bout, les épisodes de la télé-politique-novela de la rentrée : Bienvenue chez les LR ?
Le casting s’est affiné:
Xavier Bertrand a dégainé le premier, au lendemain de sa victoire aux régionales dans les Hauts-de-France,
Valérie Pécresse forte elle aussi de sa reconduction au fauteuil de première édile de la région Ile-de-France, a attendu que la séquence médiatique Bertrand soit passée pour se déclarer.
Puis le bon docteur Juvin qui peut remercier la crise sanitaire de l’avoir propulsé dans les médias s’est aussi déclaré candidat, en mode « on fait ce qu’on peut pour exister ».
Eric Ciotti, cornerisé dans son sud-est, se voit bien défendre l’aile dure des LR.
Enfin l’homme du Brexit côté UE, Michel Barnier, élu depuis 48 ans ! Se voit-il comme un Joe Biden de droite en France…et le même destin ?
Laurent Wauquiez, l’homme confident ou presque de sœur Emmanuelle, a décliné. Le plus drôle est la position de Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, qui hésitait à se lancer en fonction de la décision du maître des volcans, pour au final se retirer de la course.
Mais quelle course ? Primaire ? Pas primaire ? Sondages d’opinion ? Tout le sel du scénario de cette télénovela du XXI nième siècle est à découvrir dans les semaines à venir.
Cependant, avec un tel casting et un scénario à l’avenant, on peut douter que la dynamique propre à toute campagne de cette importance puisse s’enclencher vraiment.
Les railleries ne vont pas manquer et les citoyens vont être particulièrement méfiants.
La possibilité qu’un être (homme-femme) émerge avant la présidentielle pour tout balayer ? On peut en douter. En effet, les divers mouvements sociaux populaires ces quatre dernières années ont démontré la hantise de l’émergence de porte-parole.
Même un Eric Zemmour ne pourrait au mieux que gêner mais en aucun cas l’emporter. Il y a une différence entre être chroniqueur érudit, mais clivant pour booster l’audience, et être l’homme providentiel rassembleur pour gérer un pays !