Faut-il une loi pour encadrer les rémunérations des grands patrons ? La question se pose depuis que le conseil d’administration de Renault est passé outre le vote négatif de l’assemblée générale des actionnaires, qui a refusé d’octroyer à Carlos Ghosn la somme de 7,2 millions d’euros pour l’exercice 2015.
Cette décision a mis le feu aux poudres au sommet de l’État, qui est actionnaire du constructeur automobile à hauteur de 20% — et qui a aussi voté contre cette rémunération. Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie, puis François Hollande ont menacé de légiférer sur le sujet, alors que le patronat s’en tient pour le moment à une sorte d’auto-régulation qui montre ses limites.
La France vers un déclassement en cas de loi
Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, estime que la France a tout à perdre avec une loi. Durant une audition devant la commission des affaires économiques du Sénat, le grand patron estime que le conseil d’administration doit respecter le vote de l’assemblée générale des actionnaires. Mais gare : une loi en bonne et due forme est de nature à disqualifier la France. « Ce n'est pas la peine d'aller légiférer sur des sujets qui feront que le pays, une fois de plus, se mettrait en marge du mouvement mondial », a-t-il expliqué.
Des rémunérations pas au niveau du jeu mondial
Patrick Pouyanné dit aussi que les rémunérations des patrons français demeurent très faibles par rapport à ce qui se passe dans d’autres pays. Il raconte cette anecdote : « Je dois avoir le vingtième ou vingt-cinquième salaire d'un gars chez Exxon ; mes collègues en gagnent 20 à 25 millions, à mon avis tout ça est un peu exagéré ». Ses collègues patrons le prennent même pour un « rigolo »…