Tout ou presque dans notre société fonctionne comme un disque rayé.
C’est le cas par exemple de la lutte contre le chômage. J’ai 40 ans, et depuis que je suis en âge d’écouter les informations j’entends nos « dirigeants », qui ne dirigent plus grand chose, m’expliquer qu’il faut « lutter » contre le chômage. Le chômage augmente. Inutilité et vacuité de la parole et de l’action publique.
C’est le cas aussi de la croissance. Nous entendons tous depuis des années les mêmes mamamouchis nous expliquer qu’il faute relancer la croissance. Plus ils le disent, moins ils relancent quoi que ce soit. Inutilité et vacuité de la parole et de l’action publique.
Depuis que le mur de Berlin s’est effondré, le monde est devenu global. Mondialisé comme on dit. La mondialisation qui est une volonté de nos dirigeants a quelques effets secondaires assez désastreux, comme par exemple la désindustrialisation de nos pays. Alors on nous explique depuis 20 ans qu’il faut « ré-industrialiser » la France. Inutilité et vacuité de la parole et de l’action publique.
On nous dit qu’il faut augmenter et améliorer notre compétitivité… et plus nous l’améliorons, plus les autres l’améliorent aussi. Résultat ? Aucun résultat ! Inutilité et vacuité de la parole et de l’action publique.
On nous dit qu’il faut faire un choc de simplification. Tout le monde applaudit… mais cela fait 50 ans que l’on dit qu’il faut simplifier les lois et les codes. 50 ans que les lois et les codes s’épaississent chaque année. La vocation d’une administration est de demander des papiers. La vocation de l’Assemblée nationale de pondre des textes de loi chaque fois plus nombreux, et les textes finissent par corriger les défauts, des défauts, des défauts qui sont la conséquence des textes précédents. Inutilité et vacuité de la parole et de l’action publique.
Alors que l’on a laissé les banques et la finance faire, alors que l’on a supprimé les lois de séparation qui existaient entre les banques commerciales et les banques d’affaires, on nous explique qu’il faut « moraliser » la finance, moraliser le capitalisme, ou plus drôle encore, que notre « ennemi, c’est la finance ». Dans les faits, il ne se passe rien. Nous parlons là encore uniquement de communication. Inutilité et vacuité de la parole et de l’action publique.
L’AMF veut réguler les salaires des patrons !
C’est dans ce contexte que l’AMF veut réguler le salaire des patrons, ce qui provoque chez moi, une crise de rire irrépressible devant autant de bêtise.
Tout d’abord l’AMF ferait mieux de s’occuper de l’ensemble des suspicions de délits d’initiés qui ne font pas l’objet d’enquête faute de moyen pour l’AMF et aussi d’autorité.
Mais au-delà, il n’y a pas en réalité, grand chose à réguler. Des conseils d’administration décident de la rémunération de grands patrons (qui sont des salariés comme les autres) tout en sachant que ne siègent dans ces conseils d’administration que des grands patrons ou presque.
C’est donc des bandes de copains qui décident de s’augmenter autour d’une bonne bouffe et de se protéger mutuellement… brillant !
On me dira mais il y a des « administrateurs salariés »… je vous dirais, oui et… et alors ? Mais vous croyez quoi ? Que les administrateurs salariés sont un problème ? En aucun cas, ils sont un alibi de la bonne conscience et de la bonne gouvernance. Je vous rappelle que dans administrateur salarié, il y a avant tout le terme salarié, et j’attends de voir le petit gus de Renault « administrateur salarié » aller faire la morale au grand patron super gentil et top sympa du groupe Renault en lui expliquant qu’il gagne trop… non mais vous imaginez quoi ? L’administrateur salarié ne sert à rien. Il est une escroquerie intellectuelle, d’ailleurs un peu comme l’est devenu le principe du syndicat. Un syndicat aujourd’hui ne sert plus à rien si ce n’est à encadrer un mécontentement pour que la situation reste sous contrôle.
La politique réduite à la communication !
Sur tous les sujets, il n’y a donc plus que des séquences de communication. On vous explique après chaque scandale que l’on va faire un truc. Aujourd’hui c’était sur le salaire des patrons.
La dernière fois c’est le MEDEF qui avait proposé un « code de bonne conduite ». Cela avait fait largement gloser, tout le petit monde s’était agité. Et…. ? Rien du tout.
Cette fois pour le même sujet on ne pouvait pas décemment demander au MEDEF de revoir la révision de son code, de la charte, ou de la convention de bonne conduite des gentils patrons.
Non, il fallait quelqu’un d’autre pour faire croire que l’on allait faire quelque chose. Alors on a sorti l’AMF du chapeau.
Puis on s’empressera d’oublier tout ça quand les gens penseront à un autre sujet. Bref, de la communication.
Quand l’action publique se résume à la mise en place d’une succession ininterrompue de séquences de communication, c’est qu’il n’y a plus rien à en attendre et nous devons collectivement tirer les conséquences de cet état de fait, car plus la situation deviendra difficile et c’est le cas, rien ne s’arrange et tout s’aggrave, plus nous nous retrouverons seuls face aux événements et à leurs conséquences concrètes. Il faut intégrer dans nos projets, dans nos choix, dans nos actions d’agents économiques, que l’Etat, désormais, n’a plus aucune utilité mais un immense pouvoir de nuisance. Un pouvoir de nuisance qu’il utilisera d’ailleurs de plus en plus au fur-à-mesure que sur tout le reste il n’arrive plus à rien. Cela peut sembler un paradoxe, pourtant c’est une constante de l’ensemble des systèmes en cours d’effondrement. Ils poussent leur logique folle jusqu’aux limites. A la fin d’ailleurs, cela hâte la chute. Nous nous approchons de ce moment.
Préparez-vous, il est déjà trop tard !
Article écrit par Charles Sannat pour son blog Insolentiae