Dans un nouveau rapport, l’OCDE indique que si la Suède souhaite accélérer l’intégration efficace des réfugiés, elle doit apporter des solutions à la crise du logement, mettre en place des activités d’intégration à un stade précoce et améliorer l’aide apportée aux immigrés peu qualifiés.
D’après le rapport intitulé Working together – Skills and labour market integration of immigrants and their children, la Suède a accueilli en 2014-15 le plus grand nombre de demandeurs d’asile jamais enregistré dans un pays de l’OCDE. Dotée d’une économie forte et d’une infrastructure d’intégration bien développée, la Suède est mieux équipée que beaucoup d’autres pays de l’OCDE pour intégrer les réfugiés, mais les arrivées massives mettent à l’épreuve l’efficacité du système d’accueil et d’intégration.
« Si des politiques novatrices ont été mises en place pour accélérer l’intégration sur le marché du travail des immigrés qualifiés, des mesures complémentaires sont nécessaires pour aider d’autres catégories, notamment les femmes, les travailleurs peu qualifiés et les individus qui arrivent vers la fin de la scolarité obligatoire », a déclaré Stefano Scarpetta, Directeur de l’emploi, du travail et des affaires sociales à l’OCDE, lors de la présentation du rapport à Stockholm avec la ministre suédoise de l’Emploi, Ylva Johansson. « Il faudrait aider tous les réfugiés à acquérir des compétences de base et encourager les employeurs à utiliser les compétences des immigrés ».
La crise du logement a entraîné des retards d’installation qui reportent d’autant le début des activités d’intégration. En Suède, le marché du travail hautement qualifié, où seuls 5 % des emplois n’exigent qu’un faible niveau de compétences, pose problème aux nouveaux arrivants peu qualifiés, qui ont en général du mal à remplir les conditions exigées pour occuper des positions plus exigeantes.
La clé de voûte de la politique suédoise d’intégration est un programme d’accueil de deux ans qui propose des activités éducatives et professionnelles en vue de promouvoir l’employabilité des immigrés. Le programme est souvent trop long pour les immigrés très qualifiés, tandis que ceux qui ne possèdent pas les compétences de base auraient besoin d’une approche plus flexible associant un soutien éducatif à plus long terme et une entrée progressive sur le marché du travail. En 2015, seuls 28 % des hommes peu qualifiés nés à l’étranger et 19 % des femmes peu qualifiées occupaient un emploi un an après avoir suivi le programme.
Les contraintes budgétaires exigent de réaliser des gains d’efficience
Une coordination renforcée et plus structurée s’impose entre le service public pour l’emploi et les municipalités pour mettre en place des voies cohérentes d’accès à l’emploi et éviter toute redondance des services. Les subventions salariales visant à promouvoir l’emploi des immigrés sont efficaces mais elles ont tendance à être trop complexes, et la lourde procédure administrative qui y est associée est peu utilisée. Il ressort du rapport que des réformes sont nécessaires pour faciliter l’accès des immigrés à l’emploi non subventionné.
Un grand nombre de municipalités en Suède ont hésité à accueillir des réfugiés, en partie en raison du coût élevé de l’assistance sociale pour ceux qui ne trouvent pas de travail. Après trois années en Suède, les réfugiés peu qualifiés affichent des taux d’emploi qui sont inférieurs à la moitié des taux enregistrés chez les réfugiés moyennement et hautement qualifiés ; les mécanismes de financement devraient tenir compte des coûts prévisibles.
Comme dans beaucoup d’autres pays de l’OCDE, les enfants de parents immigrés obtiennent de moins bons résultats que les enfants dont les parents sont nés dans le pays. En Suède, ces différences sont moins marquées qu’ailleurs, ce qui est particulièrement frappant compte tenu des difficultés rencontrées par leurs parents – beaucoup sont arrivés en tant que réfugiés. D’après le rapport, ce constat est le signe d’une intégration à long terme réussie. À présent, la Suède fait face à une nouvelle difficulté, à savoir prêter assistance aux nombreux demandeurs d’asile âgés de moins de 18 ans (71 000 individus en 2015), dont la moitié sont arrivés non accompagnés et sont particulièrement vulnérables. Un grand nombre d’entre eux sont désireux d’entrer sur le marché du travail mais ne possèdent souvent pas les compétences requises. Des mesures complémentaires devraient être prises pour veiller à ce que ces jeunes nouvellement arrivés poursuivent leurs études en vue d’améliorer leurs perspectives d’emploi à long terme.