Et Najat Vallaud-Belkacem privatisa le temps scolaire

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Par François Cocq Publié le 30 septembre 2014 à 3h44

La boîte de Pandore est ouverte et la réforme des rythmes scolaires a malheureusement bien dynamité l'éducation nationale comme prévu. Najat Vallaud-Belkacem vient ainsi d'adresser, par l'intermédiaire des recteurs, des courriers aux élus locaux leur annonçant qu'ils auraient à prendre en charge au travers des activités périscolaires quatre demi-journées afin de libérer les enseignants pour des réunions de concertation. Le glissement du temps périscolaire sur le temps scolaire et inversement est donc maintenant établi.

La Ministre demande ainsi aux collectivités d'assurer des activités sur des temps relevant de la prise en charge par l'Etat. Aujourd'hui, ce sont les activités périscolaires qui sont propulsées dans le temps éducatif. Demain, ce seront des activités scolaires qui seront rejetées dans le périscolaire. La liste est toute prête pour les marchands, Vincent Peillon l'avait établie en son temps : sport pour éducation physique et sportive, musique pour éducation musicale, dessin pour éducation artistique...

Il n'est pas anodin que cette demande de la Ministre intervienne pour permettre aux enseignants de se réunir...sur le socle commun. Car c'est bien au nom du socle que l'on fragmente les programmes et que l'on sépare ce qui est utile à tous, sous la forme d'un smic éducatif, quand de l'autre côté on parle encore de programmes. L'utilitarisme pour la plèbe, l'exigence et l'ouverture sur l'émancipation pour les autres.

La porosité entre temps scolaire et temps périscolaire constitue donc bien un préalable à la porosité des contenus. Et donc à une territorialisation de l'éducation. Ce n'est plus simplement l'égalité devant les activités périscolaires qui est en jeu, même si celle-ci est scandaleuse. C'est aussi celle devant l'éducation.

Une interrogation enfin. Comment vont être prises en charge ces 4 demi-journées là où les activités périscolaires sont payantes comme à Lyon chez Monsieur Collomb (celui-là même qui scolarise ses enfants dans un établissement privé n'ayant pas mis en place la réforme des rythmes scolaires) ? Le fait d'aller à l'Ecole publique deviendra-t-il payant pour ces quatre demi-journées ? Et là où les activités périscolaires ont été déléguées à des prestataires extérieurs, ouvre-t-on les portes de l'Ecole publique aux marchands ? Madame Vallaud-Belkacem privatise-t-elle des temps scolaires même dans l'Ecole publique ?

Pour l'école publique il faut aussi mettre un grand coup de balai. Et commencer par la rue de Grenelle.

Texte initialement publié sur le blog de François Cocq et reproduit ici avec l'aimable autorisation de son auteur.

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Secrétaire national à la politique territoriale et à l'éducation pour le Front de Gauche

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