Mais telle quelle elle a de quoi nous mettre en colère : les salariés paieront 2,2 milliards, les retraites paieront 2,7 milliards, les patrons paieront 2 milliards mais y gagneront de 2 a 34 milliards. Même les petites retraites et les minimum vieillesse ( environ 144 euros perdus dans l'annee pour une retraite moyenne de 1200 euros). Vont y perdre ainsi que les parents de 3 enfants ( qui verront fiscaliser l avantage qui leur était attribué) en plus du " gel" des retraites complémentaires pendant trois ans signe par certains syndicats hélas. Ça fait lourd pour les petits et ultra victorieux pour le patronat et les actionnaires.
Jean-Marc Ayrault n'a pas reculé l'âge de départ en retraite au-delà de 62 ans et n'a pas accéléré l'allongement du nombre de trimestres en 2013 et 2019
Encore heureux ! Mais la mobilisation syndicale, le mécontentement des militants du PS qui s'est, notamment, exprimé dans la signature de l'appel des socialistes pour les retraites « Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins » l'a certainement amené à limiter la casse.
La réforme que notre gouvernement veut faire voter par la majorité de gauche au Parlement n'a, cependant, hélas, rien de « juste» ou d' « équilibrée ».
Le patronat n'aura pas à verser un euro de plus. Jean-Marc Ayrault l'avait déjà annoncé au Medef le 27 août et Pierre Moscovici vient de le confirmer lors de l'Université d'été du Medef : la hausse de la part patronale des cotisations retraites sera entièrement compensée par une baisse des cotisations de la branche famille et la baisse du « coût du travail » continuera.
La réforme reposera donc uniquement sur le dos des salariés. Non seulement ils se voient infliger un allongement de la durée de cotisation mais ils devront payer pour compenser la baisse des cotisations patronales de la branche famille et assumer le coût des mesures prises en faveur de la pénibilité du travail que le patronat n'aura pas à prendre en charge puisque le « cout du travail » continuer à baisser.
Le recul de l'âge légal de la retraite de 60 à 62 ans est entériné par la réforme de Jean-Marc Ayrault.
L'allongement de la durée de cotisation prolonge les mesures prises par la droite en 2003. La droite avait allongé cette durée de 40 à 41,5 annuités (6 trimestres) entre 2003 et 2019 (16 ans). Notre gouvernement allonge cette durée de 41,5 à 43 annuités (6 trimestres) entre 2020 et 2035 (15 ans). Les salariés n'auront donc aucun répit : la durée de cotisation n'aura pas cessé d'augmenter entre 2003 et 2035.
Cela étouffe sur la durée, la retraite par répartition comme par les anneaux resserrés d'un boa
Des millions de salariés s'étaient pourtant mobilisés en 2003 et 2010 contre l'allongement de la durée de cotisation et contre le recul de l'âge de la retraites et notre parti étaient à leurs côtés. Croyons-nous vraiment qu'ils ont la mémoire aussi courte et qu'ils ne s'en souviendront pas lors des prochaines élections ?
Les mesures sur la pénibilité du travail, ( "individuelles" et par " points" sic) les trimestres validés pour les apprentis, la meilleure prise en compte des trimestres à temps partiel imposé (le plus souvent aux femmes) ne sont pas des « avancées sociales » ? Ces mesures se contentent d'atténuer la portée de l'allongement de 6 trimestres de cotisation qui frappera aussi bien les salariés exposés à un travail pénible que les apprentis ou les femmes.
Il est donc nécessaire que nous, socialistes, nous nous mobilisions pour que cette réforme se fasse dans l'intérêt des salariés et non du Medef.
Il ne s'agit pas de nous mobiliser contre notre gouvernement mais au contraire de l'aider à réussir en l'amenant à revoir sa copie et à la corriger dans un sens favorable à notre base sociale et électorale.
Aujourd'hui, le Medef sait se faire entendre beaucoup plus fort que les salariés. Il faut donc aider à la mobilisation de ces derniers pour que François Hollande se mette à entendre aussi bien de son oreille gauche que de son oreille droite.
Cette mobilisation est d'autant plus nécessaire que sans elle, les amendements favorables au Medef risqueraient fort de se multiplier.
Nous risquons de payer au pris fort cette réforme, si elle n'est pas amendée, dès les élections municipales de 2014 où l'abstention et le vote FN seraient alimentés par la désillusion de ceux qui nous ont fait confiance et qui ne comprennent pas que notre gouvernement mène une politique aussi favorable au Medef et aussi défavorable aux salariés.