Réforme des retraites : le casse-tête du gouvernement de Jean-Marc Ayrault

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Par JOL Press Modifié le 15 mai 2013 à 16h34

Jean-Marc Ayrault recevait, lundi 13 mai, à Matignon, syndicats et patronat en vue de la préparation de la conférence sociale des 20 et 21 juin, où il sera aussi question d'emploi et de formation professionnelle. Le Premier ministre a assuré qu'il n'y avait pas « urgence ou diktat » pour la réforme des retraites. Reste que ce dossier risque de faire grincer beaucoup de dents à gauche.

« Il va falloir faire des efforts », avait estimé François Hollande, invité de France 2 en mars dernier, au sujet de la très délicate question de la réforme des retraites. Ce lundi, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault syndicats et patronat sur le sujet à Matignon. Si une conférence sociale est prévue les 20 et 21 juin, une réforme des retraites semble urgente : le régime des retraites pourrait accuser un déficit record de plus de 20 milliards d'euros d'ici 2020 si aucune réforme n'est mise en route.

Aucune urgence pour le Premier ministre
Malgré ce déficit annoncé par le Conseil d'orientation des retraites (COR) dans son rapport de réactualisation des perspectives financières des régimes, le Premier ministre ne veut pas de précipitation : « Sur l'avenir de la protection sociale et plus particulièrement des retraites, je vais être très clair : certains pensent que le gouvernement voudrait aller vite, à la hussarde, il n'en est absolument pas question. En juin nous disposerons de scénarios et à la conférence sociale, nous aurons toutes les options possibles », a affirmé Jean-Marc Ayrault à l'issue d'une journée d'entretiens avec les organisations syndicales et patronales, préparatoire à la conférence.

« Il n'y pas là, de notre part, urgence ou diktat. Il y a volonté de prendre les problèmes à bras-le-corps, de les traiter avec une méthode qui est celle du dialogue social », a-t-il ajouté. Le porte-parole du Parti socialiste, David Assouline, a pour sa part assuré que la réforme des retraites serait « juste » et « pérenne » grâce à une « négociation exemplaire ». Cependant la marge de manœuvre du gouvernement risque d'être plutôt restreinte s'il veut mettre d'accord syndicats et patronat. Car leurs positions semblent inconciliables.

Comment satisfaire à la fois syndicats et patronat ?
« Notre préconisation est d'allonger la durée de cotisation à 43 ans d'ici à 2020 et de repousser l'âge légal de la retraite à au moins 65 ans à l'horizon 2040 », a expliqué la présidente du Medef, Laurence Parisot. Un avis partagé par la CGPME (Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises) qui souhaite par ailleurs « une accélération de la convergence entre le public et le privé, notamment en ce qui concerne le mode de calcul des pensions ». La pension de retraite des fonctionnaires est calculée sur les six derniers mois quand elle est calculée sur les 25 meilleures années dans le privé.

Mais ces propositions ne sont pas du tout du goût des syndicats. Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a « planté les banderilles » des lignes rouges à ne pas franchir : pas de désindexation des pensions, pas d'allongement de la durée de cotisation et pas de nouveau recul de l'âge légal de départ. « On a toujours dit qu'on était prêt à regarder, y compris à accepter, des augmentations de cotisations », a-t-il expliqué avant de s'opposer formellement à « une réforme globale, dite systémique, qui consisterait à tout chambouler pour faire un régime par points ».

« La CFDT a toujours dit qu'entre âge de départ et durée de cotisation, le paramètre le plus juste était la durée de cotisation, ça ne veut pas dire qu'à l'heure qu'il est, la CFDT a pris position sur telle ou telle proposition qui n'est pas encore sur la table », a encore insisté Laurent Berger, son secrétaire général, pour qui l'emploi est la première des priorités.

L'opposition dénonce une réforme « hypocrite »
Sur Europe 1, l'ancien ministre du travail, Xavier Bertrand, a estimé que le gouvernement était en train de préparer une « réforme hypocrite », y voyant une « nouvelle preuve » de son « manque de courage » : « Une nouvelle étape dans la réforme des retraites est indispensable. Le gouvernement Ayrault est au pied du mur. Il va falloir dire aux Français, très clairement : si nous vivons plus longtemps, il va falloir accepter de travailler plus longtemps », a-t-il souligné.

Le gouvernement « va dire hypocritement : 'Mais nous ne baissons pas les pensions de retraites'», a poursuivi le député de l'Aisne. « Seulement, elles n'augmenteront pas aussi vite que l'inflation ». Et d'ajouter : « Pour moi, c'est une honte de prendre ce type de mesures. Ce sont les retraités qui sont clairement dans le viseur du gouvernement. Elles sont très loin, les envolées de campagne de M. Hollande qui disait : seuls les riches paieront. »

Valérie Pécresse s'oppose, quant à elle, fermement à l'augmentation des cotisations : « La seule solution, c'est de porter l'âge légal à 65 ans d'ici à 2020. Bien sûr, la réforme doit être équitable et ne pas se traduire par une baisse des prestations. Elle devra aussi tenir compte de la pénibilité de certains emplois et, des avantages familiaux... » a-t-elle estimé dans une interview aux Echos, du mardi 14 mai. « Mais quand on vit plus longtemps il faut travailler plus longtemps ! Le sujet doit être dépolitisé. » Michel Rocard, ex-Premier ministre socialiste, serait lui aussi favorable à ce relèvement.

Le gouvernement a donc du pain sur la planche et sa tâche sera d'autant plus difficile qu'il travaille sous la surveillance de Bruxelles : la Commission européenne a accordé deux ans supplémentaires à Paris pour ramener son déficit sous la barre des 3%. Et le système de retraites figure très clairement parmi les priorités.

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