Les retraites, l’épineux dossier de la conférence sociale

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Par JOL Press Modifié le 20 juin 2013 à 15h13

« Nous pensons que si les syndicats arrivent en ordre dispersé à la conférence sociale c'est mauvais pour les salariés... il y avait un risque. Maintenant je pense que les efforts qu'on a fait les uns et les autres laissent à penser qu'on puisse arriver avec des positions communes », a déclaré sur France 2, secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon. Une chose les unit cependant : le rejet du rapport Moreau sur les retraites.

Ce jeudi s'ouvre la deuxième conférence sociale du quinquennat de François Hollande. Deux jours de discussions entre partenaires sociaux et gouvernement rythmés par six tables rondes, autour desquelles s'assieront ministres, représentants des cinq syndicats représentatifs - CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC - et ceux des trois organisations patronales -Medef, CGPME et UPA.

Mais le ton est déjà donné. Pour le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, le « ton sera plus dur que l'an passé ». « FO aborde ce rendez-vous fermement décidé à défendre ses positions : le consensus ne se décrète pas. Il faudra que les débats permettent de déboucher vite sur du concret, notamment sur l'emploi », affirmait-il dans Les Echos, ce mercredi 18 juin.

« Toucher aux retraités, c'est fort de café »
« Les pistes du rapport Moreau sont lourdes, écrasantes » et « ne sont pas acceptables », explique Jean-Claude Mailly. « Quitter son travail à l'âge légal de départ, 62 ans, sera rendu, dans les faits, impossible, a-t-il réagi. Et pourquoi le faire maintenant si ce ne sera pas effectif avant 2025 ? » Même ton du côté de la CGT : «Nous n'accepterons pas de remise en cause des droits à la retraite par une énième réforme », a lancé Thierry Lepaon, son secrétaire général. « Il faut au contraire ouvrir de nouveaux droits. »

François Pihet de Force Ouvrière est lui aussi déterminé : « Il y a des lignes rouges. Toucher aux retraités, c'est fort de café. Il y a une grande attention là-dessus. Sur l'âge, c'est allongement de la durée d'activité. Le rapport préconise d'accélérer la réforme Fillon, je n'imagine pas un instant qu'un gouvernement composé de partis politiques qui ont combattu les réformes Fillon 2003-2010 va accepter ça. Ou alors c'est à rien n'y comprendre », a-t-il martelé sur France Info.

Touche pas à mon retraité
Pour Eric Aubin de la CGT, « l'esprit même du rapport ne nous va pas du tout. On propose de faire des économies sur les retraités et les salariés mais on ne parle pas de nouvelles ressources. D'autres choix sont possibles. Il y a des niches fiscales, sociales ; il y a des rentrées à faire valoir dans nos caisses pour assurer un bon niveau de revenus sans faire reculer les droits. Je dis au gouvernement : 'annoncez la couleur' », a-t-il lancé sur Frane Info.

Un avis partagé par Danièle Karniewicz de la CFE-CGC : « Le plus efficace c'est d'allonger le temps de travail sur le temps de vie et je ne dis pas la durée de cotisation. Car pour les jeunes générations – qui ont du mal à rentrer sur le marché du travail – un levier de l'âge est plus efficace qu'un levier de la durée de cotisation. En tous cas il faudra travailler plus longtemps. En revanche, tirer à vue sur les retraités n'est pas la bonne formule. »

Les organisations patronales ne sont pas satisfaites non plus

Selon Laurence Parisot, « plusieurs points du rapport manquent de rigueur et de hauteur de vue. » Ainsi, pour elle, « Nous savons que les besoins de financement pour l'ensemble des régimes à l'horizon 2020 sont de l'ordre de 22 milliards d'euros par an. » Or, sur cette somme, « 8,6 milliards représentent les besoins de financement des seuls régimes des fonctionnaires, et, le rapport Moreau laisse entière la question du financement » de ces régimes, a déploré la présidente du Medef.

Jean-François Roubaud, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) est du même avis : « On peut mettre tous les arguments techniques sur la table : il n'est pas acceptable et je le redirai lors de la conférence sociale, que la pension d'un fonctionnaire soit calculée à partir de son traitement des 6 derniers mois », a-t-il déclaré, lors de la conférence de clôture du salon Planet PME, mardi 18 juin. Le patron de l'organisation patronale a également refusé toute idée d'augmentation des cotisations. « Charger la barque de nos entreprises n'est plus possible », a-t-il prévenu, en présence de Jean-Marc Ayrault.

Conscient de l'impossibilité de réunir les partenaires sociaux autour d'un accord sur cette réforme réclamée par la Commission européenne, le gouvernement a choisi de soumettre ce rapport Moreau aux partenaires sociaux. Reste à savoir ce qu'il retirera de cette concertation qui risque d'être relativement musclée.

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