Partenaires sociaux : les négociations sur la réforme du marché du travail commencent jeudi

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Par Charles Sannat Modifié le 8 janvier 2013 à 9h30

Et ça continue encore et encore… Chaque jour nous apporte son lot de « rigolades » en tout genre. Regardez par exemple à propos des négociations entre partenaires sociaux, comprenez par-là entre les syndicats des gentils « travailleurs et travailleuses » et les représentants du grand méchant patronat.

Ce que j’aime, c’est l’intitulé même des négociations : sécurisation de l’emploi. Comme de nos jours le sens des mots ne veut plus rien dire, lorsque l’on parle de sécurisation de l’emploi en réalité tout le monde cherche à trouver un accord sur plus de flexibilité de l’emploi… Mais parler de flexibilité et de précarité n’est pas très vendeur politiquement et encore moins pour un gouvernement socialiste.

La réalité est pourtant bien celle-ci. Comment peut-on flexibiliser plus le marché du travail ? Alors au menu, encore plus de sécurisation pour les petites gens en supprimant le CDI (le contrat à durée indéterminé), qui est un empêcheur de bénéfices en rond. C’est vrai ça, la fin du CDI est un grand progrès dans la sécurisation de votre carrière professionnelle…

En disant cela, je ne dis pas que l’idée d’avoir des droits qui augmentent avec l’ancienneté est mauvaise en soi. Je dis simplement qu’oser parler de sécurisation de l’emploi lorsque l’on parle justement de supprimer le CDI, de faciliter les licenciements, de rendre les suppressions de postes moins coûteuses, les indemnités de « virage » moins élevées et les délais de contestation de la part du salarié plus courts, ce n’est pas précisément ce que l’on peut appeler de la « sécurisation de l’emploi ».

Nous avons donc à nouveau un exemple terrible de déformation langagière à des fins de manipulations des masses. Personne ne réagit et tout le monde reprend béatement en cœur « la sécurisation de l’emploi », « la guerre c’est la paix », et Orwell n’a jamais été aussi d’actualité.

Le CDI et la stabilité

La seule réflexion que tout cela m’inspire est que les ménages, les familles, ont besoin pour être de bons consommateurs de stabilité professionnelle. De cette stabilité découle dans la société française actuelle, vos possibilités de faire des projets. Faire des projets en termes économiques c’est essentiellement s’endetter. S’endetter pour acquérir ou louer un logement, s’endetter pour acheter une nouvelle voiture, bref, anticiper maintenant ses revenus futurs sur lesquels on « peut compter ».

Le souci de flexibilité des entreprises est parfaitement légitime. Le souci de rentabilité est parfaitement compréhensible. Mais la précarité généralisée ne renforcera aucunement ni notre tissu industriel, ni notre nation. Évidemment… si nous n’étions pas obligés de nous aligner sur le moins-disant social qui dans le cadre de la mondialisation est la Chine, les choses seraient très différentes.

La mondialisation est une obligation, l’Europe est indispensable

C’est ce que l’on nous explique depuis maintenant plus de 20 ans. La mondialisation devait être heureuse, et comment voulez-vous qu’un pays comme la France compte en dehors de l’Europe ? Nous sommes devenus trop petits. Petit comme les pays d’Amérique du Sud qui défendent farouchement leur indépendance. Petit comme le Vietnam, la Corée du Sud, la Malaisie, la Suisse, le Canada, ou même le Royaume-Uni qui se maintient plus hors d’Europe que dans l’Europe sans donner l’impression de compter plus ou moins qu’un pays comme la France. Petit comme certains pays de l’Est, bref, il existe un autre chemin que celui de cette Europe et de cette monnaie unique à commencer par une autre Europe.

Sur la mondialisation, lorsque nous avions encore des protections douanières, le chômage était beaucoup plus faible… ainsi que, disons-le, les profits des entreprises. Il faut bien comprendre que la mondialisation c’était pour les entreprises la possibilité de faire fabriquer pas cher en Chine ou ailleurs, pour continuer à nous vendre très cher ici, et s’empapaouter au passage la différence sous forme de profits, bénéfices et dividendes. Le léger problème c’est qu’une fois que toutes les entreprises ont délocalisé (pardon, il faut dire « colocalisé » maintenant), il n’y a plus ou beaucoup moins de consommateurs solvables sous nos latitudes. La somme des intérêts individuels n’est, dans ce cas précis, pas égale à l’intérêt collectif.

La réforme de Bâle 3

Comme nous vivons une époque formidable, nous avons eu encore un autre superbe exemple du fonctionnement pathétique de nos sociétés occidentales. Il y a quelques années, nous avons vécu une véritable débandade bancaire – qui continue d’ailleurs mais de façon larvée, l’incendie étant circonscrit par un afflux massif de liquidités c’est-à-dire de fausse monnaie déversée par les « pompiers » banquiers centraux. À cette époque, il avait été annoncé « plus jamais ça », vous allez voir ce que vous allez voir, grâce aux accords de Bâle 3 il n’y aura plus jamais de faillite de banques, elles devront relever leur niveau de fonds propres et tout le tintouin… Les marchés, rassurés par autant de clairvoyance, pouvaient monter.

Aujourd’hui même, il a été officialisé le fait que ces nouvelles normes ne verraient pas le jour. Un véritable enterrement de première classe. Et figurez-vous que c’est aussi une excellente nouvelle… car les banques n’auront pas à se recapitaliser… donc c’est bon pour les actionnaires, les marchés peuvent encore monter. Enfin pas tant les marchés que les actions des banques qui s’adjugent de très belles performances aujourd’hui… Alors même que cette décision prouve que personne n’est capable de répondre aux besoins de recapitalisation du système financier mondial qui reste donc en état de faillite… virtuel.

Nous dansons sur un volcan et nous sommes contents… Consternant. Soyons positifs, comme dirait ma femme ! C’est vrai ça, voyons les choses positivement.

Il y avait des dettes… il y a encore plus de dettes.

Il n’y avait pas de croissance, il n’y a toujours pas de croissance.

Il y avait des déficits, il y a toujours autant de déficits.

Il y avait des banques en faillite et au bord du trou, Bâle devait les sauver… or il n’y aura pas d’application des accords de Bâle.

Il n’y avait pas de réforme du système financier et le système financier n’a toujours pas été réformé.

… Enfin, heureusement, nous avons une Union bancaire européenne à partir de 2014, haha, et puis nous avons notre Président qui nous a dit que l’euro était sauvé hahaha, et puis la FED a même dit qu’elle allait pouvoir arrêter les QE mais avant fin 2013 et là hahahaha, il faut que je vous laisse, je suis pris d’un fou rire irrépressible !

Enfin, entre les colocalisations dans le cadre de partenariats gagnants-gagnants, la sécurisation de l’emploi, avant que vous soyez amené à « bénéficier » d’un plan de sauvegarde de l’emploi… (Enfin pas du vôtre.) Je me dis qu’il vaut mieux garder ses pièces d’or… j’ai comme l’impression que tout cela va très mal se finir…

Ah oui, une dernière pour la route. Free, l’opérateur Internet, a bloqué les pubs pour ses clients. Drame au gouvernement. Avec le socialisme d’Hollande, il est interdit d’interdire la pub… Allez, on va pouvoir continuer la grande lobotomisation des masses. La pub est donc désormais officiellement obligatoire. À quand les programmes scolaires sponsorisés par quelques grandes marques avec écran de pub obligatoire avant de commencer les cours ? Et n’imaginez pas que ce soit impossible, car c’est déjà le cas depuis 10 ans aux États-Unis…

Enfin, ultime blague de la journée qui est décidément très riche… Michel Sapin est cousin avec Gégé Depardieu dit… Le Russe… Qu’est-ce qu’on se marre ! Avec tout ça, impossible de ne pas avoir le moral !

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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