Chômage, indemnisations, cotisations, intermittents : Big bang en préparation ?

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Par Laure De Charette Modifié le 13 février 2014 à 0h25

Pilier de notre Etat Providence (taxé de « buffet gratuit à volonté » notamment en Asie), le régime d'assurance-chômage va lui aussi être repensé. Trop généreux, trop couteux, trop... ingérable ! Les négociations sont lancées pour trouver comment indemniser à l'avenir les personnes perdant leur emploi, tout en arrêtant de ruiner l'Etat.

Le Medef propose d'indexer les indemnisations des chômeurs sur le taux de chômage

Alors que les tables rondes commencent, le Medef, syndicat des patrons, apporte sa pierre à l'édifice, sous forme d'un document choc transmis hier aux syndicats... qui risquent de s'étrangler en le lisant !

Parmi les propositions chocs ou innovantes, chacun jugera : l'idée d'« adapter les droits au niveau du chômage » : plus le taux de chômage grimpe dans le pays, plus l'indemnisation des demandeurs d'emploi augmente. En revanche, en cas de baisse, les montants versés baissent aussi.

Autre idée : taxer les agents contractuels, ce qui revient à taxer les employeurs publics et surtout, supprimer le régime des intermittents du spectacle... ! Ce n'est pas la première fois que ces derniers se retrouvent dans le viseur. En 2012, la Cour des Comptes dénonçait dans son rapport annuel la dérive du régime des intermittents du spectacle : ils sont 100 000, soit 3% des demandeurs d'emploi, mais couteraient 1 milliard d'euros (ils représenteraient donc à eux seuls un quart du déficit !).

Un pavé dans la mare socialiste donc, qui a peu de chances d'être lu et appliqué. Mais au moins, le Medef n'est pas venu les mains vides et montre, via la première proposition notamment, qu'il est prêt à discuter.

Un chômeur français touche en moyenne 65% de son ancien salaire

Parmi les pistes moins radicales actuellement à l'étude, l'instauration de droits rechargeables pour les chômeurs qui retrouvent un travail... avant de le reperdre une nouvelle fois –c'est une revendication de la CFDT mais le Medef a laissé entendre qu'il pourrait donner son accord- ou encore l'allongement du délai de carence appliqué aux personnes licenciées avec un chèque.

Quelques chiffres pour rappel : en France, il suffit d'avoir travaillé au moins 4 mois dans les 18 derniers mois, et de montrer (soi-disant) que l'on recherche un nouveau poste pour percevoir un certain pourcentage de son ancien salaire -en moyenne 65%- pendant deux ans maximum.

Actuellement le régime de l'assurance-chômage est déficitaire de 4 milliards d'euros. Le projet de loi de finances pour 2014 prévoit 0,3 milliard d'euros d'économie attendues de la renégociation des règles d'indemnisation du chômage par les partenaires sociaux. Sachant qu'à règles inchangées, comme le rappelle la Cour des Comptes dans son rapport 2014 publié hier, « les indemnités de chômage augmenteraient de 1,9 % en 2014, sur la base de la prévision d'évolution de l'emploi et du chômage retenue par le Gouvernement ».

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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