Bagpipe, cornemuse, Bonnets Rouges et révolutions

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Par Simone Wapler Publié le 16 septembre 2014 à 3h02

A la surprise générale, le « non » gagne du terrain en Écosse. Du côté continental du Channel les supputations vont bon train. Les spéculateurs s'agitent, la livre baisse. La Banque d'Angleterre agite un épouvantail : il n'y aurait pas de livre commune possible et l'Écosse devrait adhérer à l'euro. Pour tous les insulaires du nord au sud, c'est une menace aussi tragique que de se jeter à jeun de whisky dans la gueule du monstre du Loch Ness.

L'Euroland restant empêtré dans ses difficultés, le référendum écossais pourrait causer des réactions en chaîne anti-euro, notamment en France. Notre pays - miné par les scandales politiques et par des finances publiques désastreuses - est mûr pour sa prochaine convulsion... ou révolution.

La France va dans le mur depuis plus de quarante ans mais la plupart des Français pensent que depuis le temps que ça dure, cela peut durer encore. C'est d'ailleurs probablement ce que pense aussi leur président, élu sur sa « normalité » pour affronter une époque pourtant hors norme.

« Dans les révolutions, il y a deux sortes de gens : ceux qui les font et ceux qui en profitent » le livre de Serge Federbusch Français, Prêts pour votre prochaine révolution ? , s'ouvre sur cette citation de Bonaparte

L'auteur – énarque et magistrat, donc familier du système - constate que bien souvent notre pays a du s'effondrer avant de pouvoir se réformer ; il remet en perspective ces révolutions ou ces crises et en retrace les points communs qui se dégagent avec la France de 2014. Le fourmillement de blogs anti langue de bois ne fait-il pas songer aux violents libelles et pamphlets pré révolutionnaires ? Les « bonnets rouges » ne rappellent-ils pas les provinces agitées de 1788 ? Deux tiers des salariés de la plèbe parisienne du XVIIIème siècle avaient vu leurs conditions de vie se dégrader dans les années qui précédèrent la révolution. La capitale accueillait des miséreux qui avaient fui les campagnes et qui ne survivaient que par le vol ou la charité.

Une révolution se produit lorsque des opposants qui n'ont rien de commun vont finalement s'allier autour d'un unique objectif partagé : renverser un système trop sclérosé pour être réformable. Longtemps cette union est entravée par le pouvoir en place qui - divisant pour mieux régner – sait accorder des privilèges aux uns et des prébendes aux autres, se créant ainsi de petits groupes de soutien favorable à l'immobilisme et aux avantages acquis.

Jusqu'au moment où tout bascule. Pourquoi ? Comment ? Les « bonnets rouges » pourraient-il s'allier à des intermittents du spectacle, des « pigeons » ou autres volatiles plumés ? Comme à l'aube de toutes les convulsions de 1789, 1815, 1830, 1870, 1940, 1958, la crise financière menace d'éclater. L'étincelle fédérant tous les mécontentements viendra-t-elle de l'intérieur (attentat fomenté par le FN ou le Front de gauche, volatiles abattus par erreur, acte de rébellion d'une région rêvant d'une autonomie à l'écossaise) ou viendra-t-elle de l'extérieur (hausse des taux, choc pétrolier sous l'effet de la baisse de l'euro et de la hausse des taxes, arrivée de Lagarde et de la Troïka haïe) ?

Serge Federbusch connaît parfaitement l'Histoire, les rouages de l'État et la mécanique des finances publiques ce qui rend utile la lecture de son livre. Vous y trouverez des scénarii révolutionnaires possibles en dehors de celui de la fiction des réformes structurelles rapidement menées, issue aussi plausible que de voir François Hollande se muer en De Gaulle bis ou Napoléon IV. Ce terme de réforme structurelle est d'ailleurs une langue de bois stupide que l'auteur a le bon gout de nous épargner dans son livre ; une réforme est toujours « structurelle » sinon ce n'est pas une réforme digne de ce nom. De même qu'un noyau est en principe « dur ».

L'heure n'est plus aux rustines mais au changement de chambre à air. Il faut un démonte-pneu, cela ne peut-être fait par ceux qui n'ont jamais su fixer les rustines à temps prétextant que l'odeur de la colle indisposait. Vous trouverez dans ce livre quelques indications précieuses pour -non pas profiter de cette révolution, encore moins la fomenter - mais au moins la voir venir ce qui vous permettra de vous protéger de ses excès.

Attention :
aucun des scénarii évoqués par l'auteur n'est bon pour l'euro...

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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