STOP ! Tant qu'il est encore temps, arrêtez tout ! Avoir plus d'un enfant en France en 2014 est définitivement déraisonnable, et d'ailleurs, avoir des enfants tout court vire à la folie ! Jugez un peu :
Après le passage à la moulinette du quotient famillial (passé de 2336 euros à 2000, puis 1500 euros), l'imposition des majorations de pensions pour les parents ayant élevé trois enfants et plus, la réduction de la PAJE (prestation d'accueil du jeune enfant), le report de la majoration des allocations familliales de 14 à 16 ans, alors qu'elle servait à accompagner les nouvelles dépenses liées à l'entrée au lycée, les mesures anti-garde d'enfant à domicile en assomant de charges les familles qui déclarent une nounou, quand il manque 350 000 places de crèche voici maintenant... la réduction, ou plutôt, la compression façon Cesar de la prime d'accueil du jeune enfant, dès le deuxième ! Aujourd'hui de 923,08 euros et versée au septième mois de grossesse, le projet de loi de réforme de la Sécurité Sociale pour 2015 prévoit de la passer à 300 euros. Un comble !
Un comble, quand on sait que la branche famille de la Sécurité Sociale est quasiment la seule excédentaire : Ses recettes - grâce aux prélèvements opérés sur les salaires et traitements de fonctionnaires - sont supérieures aux dépenses de ladite branche. Qui dit dépenses, dit allocations. Résultat, comme la branche famille dégage de l'excédent, elle est ponctionnée chaque année pour boucher les trous d'autres branches déficitaires, évidemment en priorité celles de... retraite. On parle là de 9,4 milliards d'euros, qui normalement devraient être financés par les cotisations retraites, et non par les cotisations famille ! Sans ces 9,4 milliards de transferts, comme l'a rappelé encore en début d'année la Cour des Comptes, la branche famille serait dans le vert de six milliards, qui pourraient venir soutenir la politique familiale...
Conséquence, la France, contrairement à une légende bien établie, est loin d'être le pays le plus généreux en matière de redistribution, en tout cas en ce qui concerne les familles. La politique familliale de la France ne pèse que 2,6 % de son PIB, contre 3,29 % pour l'Allemagne... ou 3,88 % au Danemark ! La France occupe la huitième place en Europe, selon EUROSTATS. Il faut dire qu'en trois ans, les suppresions de transferts à destination des familles, ou la ponction fiscale qui les a frappées, ont dépassé les 4,5 milliards d'euros, chiffre à comparer aux... 43,55 milliards de prestations versées en 2013 !
Or, d'après l'économiste Jacques Bichot, spécialiste des politiques familliales, les enfants "coûtent" à leurs parents au bas mot 250 milliards d'euros par an, allocations déduites, en prenant en compte le temps passé à s'en occuper, valorisé au prix du SMIC... Autant dire que les coupes claires réalisées dans la politique familliale de la France montrent, soit un désengagement majeur de l'Etat sur les sujets de démographie et de natalité, en supprimant progressivement les compensations accordées jusqu'ici aux parents pour les aider à élever leurs enfants, soit une incomprréhension - ou une méconnaissance totale - des mécanismes d'une politique familliale cohérente et efficace.
A moins d'une semaine d'une nouvelle Manifpourtous, on peut aussi tout simplement se demander s'il ne s'agit pas là d'une provocation, un torchon rouge agité sous les yeux des familles, pour les forcer à faire pression sur l'UMP sur ces sujets, et affaiblir la position des caciques du parti insensibles aux problématiques de politique familliale...