L’ardente nécessité de redonner confiance aux PME

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Par Daniel Fauvert Modifié le 12 novembre 2014 à 13h08

D'après une étude publiée le 28 octobre dernier par la Banque publique d'investissement, les effets persistants de la crise économique n'ont pas empêché certaines PME ou ETI de rebondir. Pourtant, selon une seconde étude réalisée par GE Capital, les patrons de sociétés bien portantes font preuve d'un éternel pessimisme. En cause : les soucis pour se financer et une économie bien trop fluctuante.

Pour paraphraser Winston Churchill en temps de guerre, « ce n'est pas la fin, ni même le commencement de la fin, mais peut-être la fin du commencement ». De quelle guerre s'agit-il aujourd'hui ? La crise financière de 2008, dont les effets ne se sont pas encore tout à fait évaporés. Le commencement dont il est question ? La meilleure santé des petites et moyennes entreprises (PME) et entreprises de taille intermédiaire (ETI) françaises, eu égard à l'importance que revêt pour notre économie ce tissu entrepreneurial. La Banque publique d'investissement (BPI), créée en 2012 afin de soutenir les entreprises tricolores, a publié le 28 octobre dernier une étude, montrant que les PME et ETI « ont su rebondir après la crise ». D'après l'organisme, leur réussite tient exclusivement aux plans stratégiques qu'elles ont mis en œuvre, certaines à l'international. Malgré ces bonnes performances, le pessimisme, mal purement gaulois, gagne les chefs d'entreprises ; même ceux qui connaissent les lauriers de la réussite.

Le pessimisme des PME ou le paradoxe à la française

Ainsi, une étude réalisée par GE Capital auprès de 1 000 dirigeants d'entreprises de taille moyenne (ETM), montre que la France est très affectée par le virus de la morosité. Pourtant, les ETM prises en compte – allemandes, anglaises, italiennes et françaises – connaissent toutes un chiffre d'affaires (CA) annuel compris entre 10 millions et 500 millions d'euros. Autrement dit, elles se portent bien. Comme le note Thierry Willième, PDG de GE Capital France, « les résultats de cette étude sont paradoxaux. D'une part, ces entreprises sont très performantes..., d'autre part, elles restent extrêmement prudentes quant à leur avenir. »

La prudence, au même titre que le paradoxe souligné par M. Willième, est malheureusement la marque de fabrique de la France entrepreneuriale – ou de la France tout court, d'ailleurs. Totalement à l'opposé des structures américaines, où oser est une seconde nature, nos entreprises ne montrent bien souvent pas assez leurs dents. Les en blâmer, pourtant, serait injuste. Les 5 années que viennent de traverser les dirigeants de PME ou ETI – lorsqu'ils ont survécu –, ne les rassurent pas. Manque de financements, législation du travail trop rigide, mondialisation partiellement admise en France ; autant de barrières qui se sont dressées devant eux depuis 2008. Ainsi, en 2013, les crédits bancaires aux entreprises ont reculé de 0,2 % par rapport à 2012. Si cette baisse est en partie due aux entreprises elles-mêmes qui restreignaient leurs investissements, il est clairement apparu que les banques rechignaient à prêter.

Les marchés financiers instillent de la confiance

Afin de pallier ce manque de liquidités, EnterNext, filiale d'Euronext, première bourse paneuropéenne, propose depuis 2013 aux PME et ETI de se financer sur les marchés boursiers, et facilite leurs démarches. D'après Éric Forest, son PDG, cette « bourse des PME » « accompagne les sociétés déjà cotées sur nos marchés, ainsi que les dirigeants de sociétés qui ont besoin de financer leur croissance. » Les conditions pour réussir une introduction en bourse ? Une volonté farouche de se développer et un CA important ; soit autant d'atouts que possèdent les entreprises mentionnées par GE Capital et la BPI.

Seulement, les affres d'une réalité économique incertaine, changeante, ne permettent pas aux patrons français d'envisager sereinement l'avenir de leur société. Sans rentrer dans la critique nauséabonde et trop aisée du politique, il est évident que le manque de stabilité des politiques économiques et fiscales successives n'aide pas le tissu entrepreneurial tricolore à se faire. Pourtant, les PME sont l'un des vecteurs clés d'une économie française qui peinent à repartir. Tandis qu'elles représentent 99,8 % des entreprises de l'Hexagone, ces structures concentrent 60 % de leur valeur ajoutée et plus de 60 % de l'emploi salarié.

Par conséquent, l'une des missions fondamentales de nos dirigeants, quelle que soit leur couleur politique, est d'instiller de la confiance, et toujours plus de confiance, dans le secteur des PME. La mécanique est bien rodée ; une dose d'espoir redonnera de l'assurance aux patrons, qui envisageront sous un angle plus favorable la nécessité d'investir. L'argent demeurant le nerf de la guerre, la mise en place d'une bourse des PME par Euronext est à ce titre un signe encourageant. Peut-être le « commencement de la fin » de la période morose que traverse la France aujourd'hui.

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Consultant en stratégie à mon compte, après avoir longtemps officié au sein d'un célèbre cabinet originaire du Massachusetts.

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