La redevance audiovisuelle revient dans l’actualité, il faudrait l’augmenter, l’étendre à d’autres supports… Que cache cette agitation ?
Sur le fond on pourrait s’interroger sur la légitimité d’un secteur audiovisuel public financé par une redevance audiovisuelle, on pourrait souhaiter la privatisation de France Télévisions et la fin de cette taxe. Mais n’allons pas jusque là, admettons le principe d’un service audiovisuel public, comme il en existe aussi en Allemagne, en Suisse, au Royaume-Uni, etc. Soit. Il faut alors impérativement poser la question de la bonne gestion de l’argent public, et sur ce point il y a un gros problème.
La nouvelle présidente du groupe France Télévisions, Delphine Ernotte, demande un relèvement de la redevance audiovisuelle (136 euros par an, quand même), tandis que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, cherche à l’étendre à d’autres supports (smartphone, tablette, box) pour s’assurer que personne n’y échappe. Il faut absolument augmenter le rendement de cette taxe, voici l’obsession de ces deux responsables.
Pourtant il faudrait aussi s’interroger sur l’utilisation de cet argent. Les recettes propres de France Télévisions (les recettes publicitaires) représentaient seulement 11% de son budget en 2014, le reste provenant de la taxe justement, alors que pour TF1 ou M6 c’est 100% par définition puisque ces chaînes ne vivent que de ressources privées. Lorsque l’on regarde le coût de la grille de France Télévisions, on constate que le premier poste est l’information, à hauteur de 644 millions d’euros. Par comparaison, le budget de la chaîne d’information continue BFMTV tourne autour de 50 millions d’euros, soit 13 fois moins ! Il y a peut-être des sureffectifs à France Télévisions, non ?
Le plus scandaleux est que la situation va empirer puisque Delphine Ernotte veut créer une chaîne d’information continue qui ouvrira, comme par hasard, en septembre 2016 pour le début de la campagne présidentielle. Il faut bien remercier son patron, le vrai, pas le CSA, celui du Palais de l’Elysée. La présidente de France Télévisions a déjà de quoi faire 13 fois BFMTV mais gageons que cette future chaîne se traduira par de nouvelles embauches. Les 10.350 salariés (en 2012) du groupe n’y suffiront pas, c’est certain. D’où la nécessité d’augmenter la redevance, c’est tellement facile !