Baromètre du réchauffement climatique : où en est l’opinion publique ?

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Par Rédaction Modifié le 28 novembre 2019 à 15h46
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10%Seulement 10% des personnes dans le monde estiment que le réchauffement climatique ne peut pas être limité.

Le climatoscepticisme reste fort, mais de plus en plus d’habitants de la planète se disent prêts à changer leur mode de vie pour la protéger, selon une étude de l’Obs’COP 2019 Ipsos-EDF.

2019 sera-t-elle l’année de la prise de conscience de l’urgence climatique ? Alors que « la réalité a pris de vitesse la science », la question hante tous les esprits.

Selon un décryptage réalisé par le Monde après la publication du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), le 25 septembre 2019, la situation en matière de réchauffement climatique est plus alarmante que prévu. Parmi les projections réalisées par le Giec depuis 1990, ce sont les plus pessimistes qui se sont avérées les plus exactes, certaines étant même déjà dépassées.

Ainsi, les premières estimations concernant la hausse des températures à la surface de la Terre, qui annonçaient, en 2015, un réchauffement compris entre + 3 °C et + 5 °C, se sont révélées trop optimistes. Les scénarios les plus récents indiquent un réchauffement potentiel de presque 7 °C, souligne le Monde.

Le constat est également alarmant du côté des émissions de CO2. Les valeurs constatées par le Giec (37,1 milliards de tonnes en 2018) sont dans la fourchette haute des estimations diffusées ces dernières années. Les scénarios explorés de 1990 à 2014 n’ont pas suffisamment anticipé la rapidité de la croissance économique chinoise et les faibles performances de certains grands pays industrialisés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Un climatoscepticisme majoritairement ancré dans les pays exportateurs d’énergies fossiles

Les experts du Giec ont été également trop optimistes sur la question de la banquise de l’Arctique. Il a fallu attendre leur quatrième rapport, en 2007, pour qu’ils mentionnent la possibilité de la voir disparaître. Or, le rythme de fonte de la banquise n’a fait que s’accélérer depuis 1979.

La montée du niveau des océans, le dégel du pergélisol (les sols constamment gelés) et le dégel de l’Antarctique Ouest sont autant des sujets sur lesquels les experts se sont montrés trop prudents.

Des estimations plus pessimistes accéléront-elles la prise de conscience ? Rien n’est moins sûr, si l’on en croit l’étude Obs’COP 2019 Ipsos-EDF. Menée par l’observatoire international Climat et opinions publiques auprès de 24 000 personnes dans 30 pays, cette enquête révèle que le climatoscepticisme reste puissant dans de nombreuses régions du monde.

Certes, à l’échelle de la planète, « seulement » 8 % des personnes interrogées estiment qu’il « n’y a pas de changement climatique » ou disent « ne pas savoir ». Mais ce taux atteint 59 % en Arabie saoudite (premier producteur pétrolier au monde), 49 % en Norvège (membre de l’OPEP) et 45 % en Australie (quatrième producteur mondial de charbon).

Heureusement, tout n’est pas aussi sombre, si l’on ose dire. L’étude révèle que 80 % des Chiliens et 70 % des Français sont pessimistes sur la situation environnementale dans leur pays. La grande majorité des Colombiens (93 %) et des Français (79 %) sont même plus inquiets aujourd’hui qu’il y a cinq ans.

Un pessimisme indispensable pour passer à l’action. En effet, 82 % des Colombiens, 75 % des Mexicains, 69 % des Chiliens et 64 % des Français et des Italiens estiment que la lutte contre le dérèglement climatique passe par un changement du mode de vie.

« Prêts à changer leurs modes de vie » selon l’Obs’COP 2019

À l’échelle mondiale, 53 % des personnes croient à une modification de nos modes de vie comme solution privilégiée pour lutter contre le changement climatique. Ils sont 29 % à faire confiance au progrès technique et aux innovations. Pour 10 % des Terriens, en revanche, il est impossible de limiter le changement climatique.

Des résultats qui autorisent un certain optimisme, les experts mettant de plus en plus l’accent sur la nécessité de faire évoluer nos modes de vie afin de contenir le réchauffement climatique.

Comme le souligne Jean-Marc Jancovici, membre du Haut conseil pour le climat, l’énergie « n’est pas un secteur à part, elle est ce qui permet au monde moderne d’exister ». Sans énergie, point de voiture pour se rendre au travail, point de logement protégé du chaud et du froid, point de viande à tous les repas, point de pouvoir d’achat et point de retraite, lance l’expert.

Ainsi, discuter de l’énergie, c’est nécessairement discuter de nos modes de vie. Lesquels restent largement dépendants des énergies fossiles. Or, rien qu’en France, environ 65 % des émissions de CO2 proviennent du pétrole, 25 % du gaz, 5 % du charbon et… 0 % du nucléaire, une énergie qui concentre pourtant toute l’attention, regrette Jean-Marc Jancovici.

Mais les habitants de la planète sont-ils prêts à changer leurs modes de vie pour faire des économies d’énergie et protéger ainsi leur maison commune ?

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