La France n’est pas un trait d’union

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Par Charles Sannat Modifié le 17 mai 2013 à 15h43

Si la récession en France est de 0,1 % d'un trimestre sur l'autre elle est de 0,4 % par rapport au même trimestre de l'année précédente. L'Allemagne signe une performance de de – 0,3 %, à peine « moins pire » que la nôtre.

Pourcentage de variation du PIB par rapport au même trimestre de l'année précédente
Hongrie : – 0,3 %.
Allemagne : – 0,3 %.
France : – 0,4 %.
Belgique : – 0,5 %.
Pays-Bas : – 1,3 %.
République tchèque : – 1,9 %.
Finlande : – 2 %.
Espagne : – 2 %.
Italie : – 2,3 %.
Portugal : – 3,9 %.
Chypre : – 4,1 %.
Grèce : – 5,3 %.

Le débat sur l'austérité en France
La France fait-elle face à une austérité massive ? La réponse est non, et c'est sans ambiguïté. L'aile gauche de la « Gôche » peut râler, tempêter, crier à l'austérité inhumaine, il faut être clair et honnête. L'austérité est très molle en France. Pour le moment, la réduction des dépenses n'est pas vraiment drastique puisque, jusqu'à présent, ce qui a été décidé par le gouvernement c'est surtout une suite sans fin ou presque d'augmentations d'impôts.

Alors bien sûr, baisser les dépenses ou augmenter les impôts, cela revient souvent presque au même en termes d'effets macro-économique de court terme (sur le long terme la différence est très importante) puisque cela signifie moins d'argent injecté dans le circuit économique. Mais pour le moment, nous devons accepter de dire que l'austérité actuelle est loin, très loin d'être massive, or les effets sur la croissance sont délétère. Imaginez donc une véritable austérité à la grecque ou à l'espagnole.

On ne peut donc qu'arriver à la conclusion que l'économie française et l'économie européenne ne sont pas en mesure de supporter l'austérité allemande, ce qui est certainement la raison fondamentale du délais accordé à la France par la Commission européenne qui nous explique que nous avons deux ans de plus mais que dans deux ans, on verra ce qu'on verra.

Pourtant, il est fort à parier que nous ne verrons pas grand-chose et que le gouvernement fera tout pour obtenir délais supplémentaires et prorogation, quitte à accepter un traité de libre-échange transatlantique peu favorable à l'exception française au sens large, ce qui nous permettra d'introduire dans notre régime alimentaire du bon bœuf bien goûteux rempli d'hormones de croissance.

Pendant ce temps, Normal 1er est en conférence de presse
Je l'ai écouté attentivement notre Président. Il n'y a pas à dire, il est normal et vraiment fort sympathique. C'est un « bon gars » et je dois avouer que j'aime bien l'homme et son sens de l'humour.

Pour le reste, et comme sa seigneurie est à la tête d'une baronnie (la France n'est plus un pays mais une baronnie européenne), la démocratie s'arrête là où l'Europe commence. Ce qui tombe bien puisqu'il semble décidé à saisir la main tendue de la comtesse Angela von Merkel afin de nous donner encore plus d'Europe.

Le léger soucis que je vois dans ce plus d'Europe n'est pas tant qu'il y en est plus ou moins, après tout, tout n'est qu'une question de choix et de débat... démocratique. Justement c'est là que la bât blesse dans la mesure où notre seigneurie, fort sympathique au demeurant, semble franchement fâchée avec l'idée de consultation du petit peuple, c'est-à-dire nous.

Si l'on veut plus ou moins d'Europe, compte tenu de l'importance du sujet, l'adhésion du peuple est essentielle. Nous en sommes arrivés à un stade où le peuple doit être consulté. Pourtant, ce ne sera pas le cas et notre Président continuera son numéro de clampin en entonnant son couplet sur l'Europe c'est tellement beau, l'Europe ne peut pas reculer, l'Europe, l'Europe, l'Europe qui sera d'ailleurs bientôt un simple vassal des USA.

D'ailleurs, le Président a bien redéfini le rang de notre pays en parlant d'un pays trait-d'union entre les pays du Sud et les pays du Nord, entre les riches et les pauvres. La France reléguée au rang de simple trait d'union, de passeur de plat d'une baronnie à l'autre. La France, trait d'union qui a oublié définitivement tout trait de génie dans sa façon d'être, toute grandeur dans sa façon de se comporter et qui est dirigée par des « zélites » de Gôche » comme de « Drôate » qui ne croient plus aucunement en l'avenir de notre destin national.

C'est donc sur l'Europe que le François Hollande a fait des ouvertures importantes fermant définitivement l'avenir de la France.

Pour tout le reste, nous sommes restés sur des propos lénifiants du type « la crise financière est derrière nous je vous le confirme »,et il avait l'air d'en être sûr notre bon bougre. Personne pour lui expliquer tout ce qui se cache dans les comptes des grandes banques françaises, que le feu couve mais ne se voit plus, ce qui n'a rien à voir avec un incendie qui ne représenterait plus de danger.

Pour lui, maintenant nous affrontons une récession qui ne semble rien à voir avec les phases précédentes d'une même et unique crise. La crise ne se découpe pas. Elle se compose de différentes phases. Crise des subprimes, crise bancaire, crise financière, crise économique, récession, puis la prochaine étape logique une crise monétaire à laquelle nous ne pourrons pas échapper.

On voit donc à travers les déclarations de notre mamamouchi en chef une méconnaissance complète de la complexité et de la continuité de cette crise. Je crois vraiment qu'il n'a pas compris ce à quoi nous sommes confrontés.

Je ne veux pas que l'on me remonte le moral, je veux un projet pour mon pays !
Je n'en peux plus de ce cucul-gnangnantisme infantilisant. Je veux un projet pour mes concitoyens et pour notre pays. Je suis, et j'en suis convaincu, comme tous les Français d'accord pour souffrir même si ce ne sera pas agréable. Je veux bien payer encore plus d'impôts, j'accepte d'avoir moins d'allocations familiales, vous pouvez même me les supprimer complètement (ce qui ne m'empêchera pas de faire la tête avec ma femme), j'accepte de réduire mon train de vie, de consommer moins, de moins partir en vacances, j'accepte de me serrer la ceinture très fortement s'il le faut.

Mais je n'accepterai tout ça que s'il y a un projet politique derrière ces efforts demandés et une vision de l'avenir. Je n'accepterai cela que si dans 15 ans nous n'avons plus de dettes et que mes enfants peuvent remonter dans l'ascenseur social et que l'on est capable de leur proposer un avenir.

Or gôche comme droâte, il n'y a aucun projet enthousiasmant capable de mobiliser nos énergies vers un objectif commun et pourtant il y aurait vraiment de quoi faire !

C'est assez logique puisque comme l'a si bien expliqué notre président de la République, nous ne sommes plus au mieux qu'un trait d'union.

Un pays dont le Président donne cette définition-là de lui-même est un pays condamné à s'effondrer.

Le Président Hollande, malgré toute la sympathie que je porte à l'homme, sera sans doute le président de l'effondrement de la France et je pense sincèrement qu'il ne l'a toujours pas compris.

Alors non Monsieur le Président, la France n'est pas un trait d'union, la France est un grand pays, millénaire, à l'histoire riche, avec des apports au monde majeurs eu égard à sa « petite taille », la France est un pays rempli d'énergie et de talents, de gens brillants, d'intellectuels, de créatifs, de courage aussi, la France est ce pays ambigu capable du pire et aussi du meilleur, et cette France-là commence à se réveiller. C'est une bonne nouvelle. Mais cela non plus le Président ne l'a pas compris.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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