La France est un grand pays agricole. Par la diversité de son territoire, ses paysages, ses climats, ses cultures et ses cuisines, qui n'ont pas d'équivalent dans le monde.
Pourtant il existe un profond malaise chez de nombreux agriculteurs qui travaillent beaucoup, pour une faible rémunération et sont submergés par les contraintes et obligations administratives.Au point de se livrer à des manifestations violentes et destructrices. Dont on peut difficilement espérer qu'elles aident à résoudre le problème.
Leurs principaux reprochent vont au renforcement des normes antipollution et à la concurrence déloyale de producteurs étrangers qui ne la respectent pas. A la réduction des subventions européennes pourtant prévue et programmée de longue date. Le problème qui leur est posé peut pourtant être abordé sous d'autres angles. Qui peuvent s'avérer plus riches de solutions que des mesures protectionnistes et un maintien de « statu quo ante ».
La politique agricole, initiée par les gouvernements et à laquelle les milieux agricoles ont adhéré, est productiviste. Destinée à produire la plus grande quantité possible. Ce qui correspond à l'idée que se font les politiques des besoins alimentaires mondiaux, liée à la croissance exponentielle des populations. Et à celle d'équilibrer les échanges internationaux qui, dès l'abord sont considérés comme déséquilibrés, par l'importation du pétrole.
Historiquement, pour des raisons liées au transport et à la conservation, l'essentiel de la production était consommée localement. Actuellement, le marché offre, surtout dans la « Grande Distribution » des produits importés à des prix inférieurs à ceux des produits locaux. Le simple bon sens suffit, pour se rendre compte qu'un tel résultat, ne saurait être obtenu qu'au prix d'artifices et de malversations. Nous n'entrerons pas dans le détail, mais la plupart des méthodes utilisées ont déjà été dénoncées, notamment par des « ONG ».
L'orientation de l'agriculture vers la production de ce qui est destiné à la consommation locale reste possible. Le mouvement en est apparu qui tend à se développer. Néanmoins la politique et surtout la fiscalité tendent à y faire obstacle. Dans le domaine politique, par la concentration du pouvoir et la centralisation administrative. Dans la fiscalité par la recherche, par tout moyen et quelle qu'en soit l'efficacité réelle, de l'accroissement des recettes par les taux et surtout par l'élargissement des bases. Le principe confiscatoire restant le « Credo » du Ministère des Finances, qui n'a pas encore abordé l'idée d'une fiscalité incitative.
Les subventions, qu'elles soient nationales ou européennes avaient et ont encore, pour objet d'aider à une transition. Dans les faits, elles servent principalement à soutenir des modes d'exploitation désuets, voire archaïques. Non pas dans les techniques, il est certain que les agriculteurs français sont, le plus souvent, très bien équipés, ni dans les traitements, chacun sait que l'usage des pesticides et autres produits est plutôt trop développé que pas assez, mais dans les choix et mode de culture, l'intégration verticale et la diversification des exploitations. Lorsque l'on compare l'étendue des plaines cultivées, aux USA, au CANADA, en RUSSIE ... Il devient clair que la taille des plaines françaises ne permet pas les mêmes modes d'exploitation. Que chercher à concurrencer les géants sur leur terrain ne peut mener qu'à des déconvenues.
Il est donc nécessaire que l'agriculture française évolue dans le sens de l'exploitation de ses atouts spécifiques. Dont les agriculteurs, chambres d'agricultures et autres fédérations agricoles, ont une bien meilleure connaissance que moi.
Mais les pouvoirs publics, le gouvernement, le ministère des finances, doivent jouer leur rôle. Favoriser conjointement la production agricole, la rentabilité des exploitations, la sécurité alimentaire, la réduction de la pollution et l'aménagement du territoire. La coordination de ces différentes missions n'est pas simple, surtout si on veut en assurer la cohérence. A partir de mesures nationales que chacun cherche à adapter, avec plus ou moins de bonheur, à la situation locale, c'est impossible. Le résultat des différentes tentatives le montre suffisamment. Aussi faut-il partir à l'inverse des situations locales, de la solution des problèmes qui s'y rencontrent, avant que de chercher à coordonner, en élargissant progressivement, des communes ou zones d'exploitation, aux départements, aux régions, aux nations et à l'Europe.
Certaines mesures, que j'ai déjà proposées par ailleurs, seraient susceptibles d'apporter des éléments de solution. Pour l'énergie, l'inversion des principes tarifaires en passant des tarifs dégressifs aux tarifs progressifs. L'obligation, pour les vendeurs de produits chimiques, d'engrais et de pesticides de prouver, a priori, la non toxicité de leurs produits, comme pour les médicaments. La contribution au financement du système social sur le chiffre d'affaires et non sur les seules rémunérations perçues en France. Ce qui favorise les importations et le travail des étrangers de façon indue. Un étiquetage de tous les produits agricoles incluant toute trace de produits chimiques et mention des traitements utilisés. Etant précisé que les infractions qui pourraient être relevées ne sauraient faire l'objet de sanctions inefficaces, telles notamment que les amendes actuellement prononcées. Que des sanctions efficaces supposeraient la destruction totale des stocks incriminés et la fermeture, pour des périodes suffisamment longues pour être dissuasives (un mois à un an) des commerces ou rayons ayant proposé les produits litigieux. Les fournisseurs, importateurs et producteurs incriminés devant être également sanctionnés.
Se braquer sur ses positions par rapport à des objectifs irréalistes, comme le font le gouvernement et le ministère des finances, ou sur un retour à des jours anciens heureux, comme le font certains agriculteurs, ne permettra pas de trouver une solution. Il faut ouvrir le débat sur d'autres perspectives.