Quelques lueurs d'optimisme dans le tableau économique français. Heureusement, certaines entreprises se portent bien et sont à même de jouer un rôle moteur, pour ne pas dire d'émulateur. C'est le cas de la RATP qui, sous la direction de Pierre Mongin, logiquement reconduit pour un nouveau mandat, est en passe de réussir son internationalisation et d'obtenir un rôle central dans le Grand Paris.
Une entreprise de moins en moins parisienne
Le 1er septembre, sans annonce fracassante ni fausse modestie, Pierre Mongin, président de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) depuis 2006, a annoncé les résultats de sa société. « Plus que solides, tout simplement bons ». De fait, le premier semestre 2014 est encourageant : une hausse de 3,3 % du chiffre d'affaires (2,7 milliards d'euros) et une augmentation du bénéfice de 4,8 % (198 millions d'euros).
Un bilan qui tranche avec la morosité ambiante et les prévisions alarmantes. Mais un bilan qui s'explique à l'aune de la diversification du groupe... à l'étranger. Manifestement, en 2014, pour réaliser des bénéfices, mieux vaut s'internationaliser. Cette situation, la direction de la RATP l'a parfaitement comprise. Royaume-Uni surtout, mais aussi Etats-Unis et Brésil, l'entreprise parisienne cherche à conquérir de nouveaux marchés, via sa filiale RATP Dev.
C'est notamment le cas à Londres où RATP Dev a procédé au rachat du Original London Sightseeing Tour, l'une des plus anciennes lignes de transport touristique du monde. Grâce à l'expérience de sa propre ligne parisienne, Open Tour (700 000 voyageurs par an), la Régie s'attaque donc à la capitale britannique, après avoir déjà récupéré des circuits ailleurs au Royaume-Uni et à New York.
La RATP roule à l'électricité
En France, c'est évidemment le Grand Paris que l'entreprise a dans sa ligne de mire. Identité parisienne oblige. Pour ce faire, Pierre Mongin entend s'appuyer sur la bonne santé de la RATP et sur son partenariat avec la SNCF, Systra, pour faire de la Régie une partie prenante incontournable d'un projet ambitieux et colossal dont les contours restent encore grandement à définir. "Nous avons la volonté de soutenir nos collègues de la Société du Grand Paris », a-t-il ainsi déclaré à la suite de l'annonce des résultats de l'entreprise. « Bien sûr, il y a des règles, des appels d'offres et nous avons le désir et la capacité de répondre. Nous sommes des experts facilitateurs de leur projet et nous pouvons leur donner un sacré coup de main ».
Pour appuyer son dossier, le patron de la RATP entend mettre en avant sa volonté de rompre définitivement avec les énergies fossiles et de développer l'électrique. Un argument de choc à l'heure de la transition énergétique et des objectifs toujours plus ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En phase avec la majorité socialiste et le programme de la nouvelle maire de Paris, puisqu'Anne Hidalgo a promis « qu'à l'horizon 2025 l'ensemble du parc de bus soit électrique ». Une déclaration prolongée par EDF qui estime également qu'à la même échéance, « une ligne de bus sur deux sera électrique en France ».
Une stratégie économique intéressante en accord avec les exigences environnementales actuelles, en somme. Les détracteurs de ce portrait idyllique diront qu'aucun transport n'est réellement non polluant et que l'abandon des énergies fossiles au profit de l'électricité signifie l'accroissement de notre consommation d'énergie d'origine nucléaire. « Le zéro pollution est un mythe. Il faut savoir comment est fabriquée l'électricité utilisée », tempère ainsi Serge Pélissier, directeur du laboratoire Transports et Environnement de l'Institut des sciences des transports, de l'aménagement et des réseaux (IFSTTAR).
Vrai. La France, et donc ses entreprises, doivent faire un choix global incluant considérations économiques, énergétiques et écologiques. Aucun ne sera miraculeux. Mais on peut néanmoins raisonnablement penser que le tramway, en plus d'être facteur d'activité et d'embauches, est plus à même de rendre une ville durable et agréable que le bus au diesel. Les villes de Washington, Rio de Janeiro et de Manchester, qui auront toutes d'ici 2015 un tramway mis en service par la RATP, ont choisi.