Rapprochements de coopératives : la promesse des sauts de compétitivité

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Par Nicole Vidal Publié le 16 septembre 2015 à 5h00
Cooperatives Agricoles France Chiffres Enjeux
@shutter - © Economie Matin
2 750On comptait pas moins de 2 750 entreprises coopératives en France l'an dernier.

Des « mariages de raison » : c’est en ces termes qu’une étude récente concluait à la nécessité, pour les coopératives, de s’unir dans un contexte économique et concurrentiel chahuté. En effet, soumises à de fortes contraintes de compétitivité face à la libéralisation et à la globalisation de nombreux marchés, les structures coopératives ont intérêt à unir leurs forces par le biais de fusions-acquisitions, alliances ou partenariats afin notamment de mutualiser des ressources et d’améliorer leurs capacités de négociation vis-à-vis de leurs fournisseurs.

Intitulé « Etudier les enjeux et la performance des concentrations de structures coopératives », l’article publié en juillet dernier dans la Revue de Management et de Stratégie (RMS) nous éclaire quant aux motivations qui poussent les entreprises coopératives à s’engager dans un processus de fusion-acquisition, d’alliance stratégique ou de partenariat.

Il semblerait que la recherche d’une taille critique soit l’une des explications majeures de la dynamique de regroupement coopératif observée par l’étude, tous secteurs confondus. En effet, selon les auteurs, « le coopératisme n’est pas un cocon qui protège ses acteurs des vicissitudes et des soubresauts de la vie économique, ni ne les exonère de prendre en compte les conditions de marché et de cultiver leurs facteurs de performance économique. Car, qu’on le veuille ou non, les entreprises coopératives sont des parties prenantes de l’économie de marché. »

Or, dans cette économie de marché, « la taille critique de l’entreprise conditionne par exemple sa capacité à négocier les tarifs auprès de ses fournisseurs, à réaliser des investissements technologiques lourds, ou encore à densifier son maillage territorial par l’accroissement du nombre de points de vente », expliquent-ils. De plus, les rapprochements permettent dans certains cas de renforcer les fonds propres qui sont nécessaires à la mise en œuvre de politiques de développement ambitieuses.

Un constat qui fait écho aux nombreux rapprochements observés ces derniers mois encore, notamment dans le secteur agroalimentaire. Ainsi, le 1er juillet dernier, c’était au tour des groupes coopératifs laitiers Eurial et Agrial d’annoncer leur fusion prochaine qui prendra effet en juin 2016. Le nouvel ensemble ainsi constitué, qui devient de fait le 2ème groupe coopératif laitier français, cherche notamment à atteindre une « taille significative » afin de « conforter son positionnement sur les marchés ».

Une précédente étude publiée par le cabinet Xerfi, en octobre 2014, avait déjà suggéré la nécessité pour les coopératives agricoles de « trouver les moyens d’être de taille à exister face aux centrales d’achat ». Au regard de l’actualité brûlante dont témoigne le bras de fer entre producteurs et acheteurs, personne ne saurait le démentir.

Les intérêts de la concentration entre coopératives seraient donc nombreux, à en croire l’étude de la RMS, et pas seulement dans le cadre de restructurations. Si l’obtention d’une taille critique permet de gagner considérablement en pouvoir de négociation auprès des fournisseurs, et de mutualiser les fonctions de production, logistique et marketing pour une meilleure performance opérationnelle et économique par exemple, les avantages des rapprochements stratégiques ne s’arrêtent pas là.

Ainsi, les auteurs de l’étude présentent de nombreux cas à travers lesquels on observe que les alliances et les partenariats permettent à leurs protagonistes de s’unir pour imposer leurs standards sur le marché (ils évoquent notamment l’exemple du Blu-Ray, qui s’est imposé face à la technologie HD-DVD), ou encore pour accroître leur visibilité et améliorer leur image de marque sur un marché de plus en plus concurrentiel. Il en va de même pour les grands réseaux de distribution alimentaire et non-alimentaire, qui en s’unissant, parviendraient à accroître leur pouvoir de marché sur les aires géographiques concernées. Ce qui signifie, en clair : influencer le niveau des prix.

Le dernier sujet abordé par les auteurs est celui de la préservation de l’identité des entreprises qui décident de s’unir. Ils notent que, même dans le cas du rapprochement avec un grand groupe, « l’interdépendance stratégique est certes forte mais le degré d’intégration limité, en ce sens que chaque entité conserve généralement une autonomie de gestion et une identité forte ».

Et l’étude, de conclure que ce phénomène ne reflète en rien une « dilution de l’identité coopérative dans l’économie de marché » mais, au contraire, « une affirmation du modèle coopératif au sein de l’économie de marché ». Et il est fort probable que cette dynamique de concentration des coopératives se poursuive dans les années à venir, pour essentiellement deux raisons évidentes que rappellent les auteurs : « la tendance au regroupement est constitutive de leur ADN et elles assument, depuis peu, leur vocation concurrentielle ».

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Nicole Vidal est dirigeante associative. Elle a exercé les fonctions de responsable administratif et financier pour une Banque Coopérative régionale.

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