Rapport sur la gouvernance des grandes entreprises : un mauvais signal donné à l’entrepreneuriat

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Par Thibault Lanxade Publié le 20 février 2013 à 22h35
Des députés remettent aujourd’hui leur rapport sur la gouvernance des grandes entreprises. Je me réjouis que ces parlementaires appuient certaines de leurs analyses sur le code de gouvernance déjà mis en place par le MEDEF et l’AFEP. Ce code considère notamment inacceptable qu’un dirigeant dont l’entreprise est en situation d’échec la quitte avec des indemnités. J’accueille aussi avec intérêt d’autres propositions, comme celle relative au non cumul des mandats d’administrateur.

En revanche, je m’inquiète des effets pervers que peut avoir un tel rapport s’il devait se traduire dans un texte de loi, comme le gouvernement semble l’envisager. J’en vois au moins trois :

Le premier est de nous faire franchir un pas de plus dans l’hyper-réglementation et la fiscalité déjà confiscatoire qui pèsent sur l’entrepreneuriat en France. Pourtant, ces dernières années, les pratiques en matière de gouvernance des grandes entreprises ont évolué très nettement vers plus de transparence et d’équité dans les règles de rémunération de leurs dirigeants. Je m’inquiète de cette pente interventionniste, du manque de confiance envers les acteurs économiques et de l’imposition de règles uniformes et inadaptées à des situations très diverses.

Ma deuxième inquiétude porte sur les effets dissuasifs de ces mesures non seulement sur les investissements étrangers dans notre pays mais également sur le maintien en France des centres de décision des grands groupes et des ETI en croissance. Je crains que ce type d’annonces, avant même de se traduire dans la législation, ne nuise à l’image de la France comme territoire propice à l’investissement et à la création de richesse.

Le troisième effet pervers à redouter est celui du clivage de notre société. En s’en prenant à quelques dirigeants de grandes entreprises, le risque est grand d’en faire des boucs émissaires et de décourager les très nombreux chefs d’entreprise qui n’ont qu’une ambition : faire grandir leur entreprise.

L’enfer est pavé de bonnes intentions. Derrière la volonté louable d’introduire de l’équité et de la transparence, les mesures proposées trahissent surtout la méconnaissance du monde de l’entreprise et révèlent le prisme idéologique qui les inspire.

En tant que citoyen et contribuable, et en tant qu’entrepreneur soumis à des règles de transparence de plus en plus exigeantes, j’aimerais que les parlementaires commencent par s’appliquer à eux-mêmes ce qu’ils recommandent aux autres. Ainsi, je note qu’une proposition du rapport pointe le remboursement des frais des dirigeants d’entreprises : mais quand donc mettra-t-on fin à l’opacité surannée qui entoure l'indemnité de représentation et de frais de mandat (IRFM) de nos parlementaires, toujours non fiscalisée et non contrôlées ?

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Je ne suis pas directement concerné par ce rapport. Mais, en tant qu’entrepreneur, je suis inquiet du mauvais signal qu’il adresse à l’ensemble de nos entreprises. Par la défiance qu’il porte à l’égard de la réussite entrepreneuriale et de la création de richesse, il constitue une menace pour la vitalité de notre économie, et donc pour le développement des investissements et de la création d’emplois dans notre pays.

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Thibault Lanxade est PDG d'Aqoba, société leader dans les solutions de paiement électronique. Il est également président de Positive Entreprise.  Précédemment Secrétaire Général puis Directeur des Opérations de  la filiale ESR du groupe Shell, puis Président-Directeur Général de la société Gazinox (Groupe Shell/Butagaz), Thibault Lanxade préside également l’AFEPAME – Association Française des Établissements de Paiement et de monnaie Électronique. Thibault LANXADE est Titulaire d’un Master ESCP.

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