Chômage : la mascarade prévisible des rapports officiels

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Par Jean-Louis Caccomo Modifié le 10 novembre 2012 à 7h59

Quand le médecin diagnostique une grippe, vous ne le trouvez pas de gauche. Et quand il vous annonce que vous avez un cancer, allez-vous le trouver trop à droite ?

Les Français, même les plus éclairés, ne comprennent toujours pas qu’il en est de même en économie. On reste prisonnier d’une grille de lecture marxiste selon laquelle la science économique ne peut être une science objective détachée des opinions politiques. Pourtant, il y a le chômage conjoncturel ou keynésien (la grippe) mais il y a aussi le chômage structurel (le cancer).

Et le chômage structurel, qui ronge notre pays depuis 30 ans, est un véritable cancer économique qui détruit peu à peu les fondements de notre société. Le chômage, dans ce cas, n’a rien à voir avec la crise car aucune crise économique ne dure 30 ans. Durant cette période, la croissance annuelle mondiale a oscillé entre 3 et 6 %. Le chômage n’est pas dû non pus à une insuffisance de la consommation (chômage keynésien).

Car, depuis 30 ans, les ménages français ont profondément modifié leur standard de consommation en achetant des voitures (allemandes, japonaises), des téléphones portables (Samsung), des voyages touristiques, des télévisions à écran plat, des ordinateurs à leurs enfants…quantités de produits et services qui sont rarement fabriqués sur le territoire national faute d’avoir adapté l’offre nationale à la demande nationale et mondiale.

Même dans le secteur du tourisme international, qui explose depuis les 20 dernières années, nous perdons des parts de marché et des emplois tandis que les agences de voyage françaises ferment une à une. Pendant ce temps, nos gouvernements, de droite comme de gauche, convoquent les médecins mais ne les écoutent jamais. En son temps, Sarkozy avait commandé à un expert de gauche le rapport Attali. Les syndicats le trouvèrent trop libéral. Alors il fut enterré.

Aujourd’hui Hollande commandé à un patron de gauche le rapport Gallois. Mais les syndicats le trouvent trop acquis à la cause des patrons. Je ne prends guère de risque – même si j’espère toujours me tromper – en lui prédisant le même sort que les précédents rapports. Et il en est de même des rapports annuels du FMI, rédigés par les plus grands experts internationaux et indépendants alors que la France cotise lourdement au sein de cette institution internationale.

Et que dire des rapports de la cour des comptes ? Molière ironisait sur le malade imaginaire. Mais l’économiste reste toujours pantois à observer notre pays qui est persuadé d’être en excellente santé.

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Jean-Louis Caccomo est docteur en sciences économiques de l'université de la Méditerranée Maître de conférences - HDR à l'IAE de l'université de Perpignan Via-Domitia. Il est également spécialiste des questions d'innovation et de croissance économique ainsi que chercheur en tourisme international et chroniqueur économique. Il anime enfin, depuis 10 ans, un blog à vocation pédagogique à l'attention de ses étudiants et du grand public.

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