Il faut rallumer la confiance des Français dans l’innovation scientifique

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Par Bill Wirtz Publié le 24 août 2019 à 7h58
Invention Innovation Creativite Initiative
@shutter - © Economie Matin
55%55% des Français pensent que la science et la technologie sont dangereux pour l'emploi.

Les Français doutent des bénéfices de l’innovation et du progrès : il est temps que cela change.

Une étude récente a démontré que les Français sont parmi les plus sceptiques envers les innovations scientifiques et technologiques. Un fait qui a des conséquences sérieuses sur la performance économique, le commerce international et le débat public.

L’étude Fondapol du 19 mai 2019 montre que les Français sont les moins convaincus par l’avantage des innovations. Dans une autre étude Wellcome Global Monitor de 2018, 55% des Français pensent que la science et la technologie sont dangereux pour l’emploi.

Le scepticisme des Français n’est pas dirigé contre la nouvelles fusée de SpaceX, mais à la fois contre l’automatisation, le développement de l’intelligence artificielle ainsi que les innovations agricoles. Vu la croissance démographique mondiale, trouver des solutions pour nourrir la population est pourtant indispensable.

Beaucoup d’ONG et de politiques s’opposent aux néonicotinoïdes, au glyphosate (qu’il est déjà impossible d’acheter en France pour les particuliers, et bientôt pour les professionnels) et aux cultures génétiquement modifiées. Bien souvent, le discours montre un manque flagrant d’information et une certaine nostalgie pour un bon vieux temps fantasmé, d’avant le développement de l’agriculture intensive.

On a tendance à oublier le fait que cette agriculture intensive a éliminé la mortalité infantile par sous-nutrition et qu’elle a enrichi les classes les moins favorisées tout en permettant de réduire graduellement les heures de travail de 60 à 50 heures par semaine.

La plupart de ces avancées technologiques agricoles sont, pourtant, sans danger pour l’homme. Des études nombreuses, dont celles à long terme et avec des milliers de participants, nous l’expliquent depuis longtemps.

L’existence de plusieurs labels, dont les labels bio bien connus et ceux qui indiquent qu’un produit est non-OGM, donne même la possibilité aux consommateurs de choisir de ne pas consommer certains produits. Mais pour les activistes anti-science qui préfèrent tout interdire, ce n’est pas assez.

Risques et dangers, une nuance importante

Au niveau du commerce international, cela pose également un sérieux problème. Seize pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dont les Etats-Unis, critiquent les pratiques de l’Union européenne dans le domaine de l’agriculture.

Le reproche porte principalement sur l’approche particulière de l’UE, qui consiste non pas à porter ses interdictions sur les risques mais à adopter une approche hazard-based (“basée sur les dangers”). La différence est notable : le “danger” (hazard) doit être quantifié par le “risque” (risk), donc sur le degré d’exposition au danger.

Nous savons par exemple que le glyphosate présent dans la bière est mauvais pour la santé… si nous en buvons 1000 litres par jour. Le danger est présent mais le risque d’y être exposé est absolument nul. C’est donc une histoire d’excès, pas de risque inhérent.

La poursuite de l’Union européenne et de la France pour la suppression de tout danger est utopique. Si cette politique du “risque zéro” est maintenue, l’Europe signe un arrêt net de son développement technologique. Les effets sont déjà très visibles actuellement.

Il est important de remarquer que parmi les pays signataires de cet appel à l’OMC contre ce genre de politique, il y a également des pays du Mercosur (Amérique du Sud), qui essaient de ratifier un traité de libre-échange avec l’Union européenne.

Les 16 pays signataires affirment que :

Le choix de nos agriculteurs en matière de technologie est de plus en plus réduit par des obstacles réglementaires qui ne sont pas fondés sur des principes d’analyse des risques convenus à l’échelle internationale et qui ne tiennent pas compte d’autres approches pour atteindre les objectifs réglementaires.”

Les disputes au niveau de l’OMC vont continuer et s’éterniser, surtout si l’Union européenne et ses pays membres continuent de restreindre ces innovations agricoles.

Il est temps de se réconcilier avec le progrès

Il faudrait rallumer la confiance des Français envers l’innovation…et particulièrement l’innovation agricole. Cela signifie également d’avoir le courage d’affronter des activistes anti-science qui vont toujours argumenter avec véhémence contre chaque innovation.

Les technologies du génie génétique peuvent pourtant avoir un impact énorme sur la réduction du nombre de décès dus à des maladies telles que la dengue, la fièvre jaune et le virus Zika. Il est peu probable que les citoyens français soient prêts à accepter la prolifération de telles maladies juste pour plaire aux écologistes.

Pendant que la Chine, l’Inde, le Brésil ou les Etats-Unis innovent dans ce domaine, l’Europe ne peut pas se permettre de s’enfermer dans un conservatisme restrictif. Dans le domaine du nucléaire, ou dans celui de l’aviation avec Airbus, la France a su montrer que le mot “innovation” s’écrit également en français.

Croire au progrès scientifique et technologique est un acte humaniste mais aussi un premier pas vers le succès.

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Bill Wirtz est analyste de politiques pour le Consumer Choice Center. Ses articles sont publiés par Le Monde, Le Figaro, Les Echos, Le Soir, La Libre Belgique et L’Echo.

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